AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

American Gigolo est le troisième film du réalisateur Paul Schrader, à la filmographie assez fournie mais qui a en plus de cela écrit de nombreux scénarios pour des réalisateurs comme Steven Spielberg ou Martin Scorsese. Il incomba à Giorgio MORODER de réaliser la bande originale du film. American Gigolo met en scène Julian Kay, escort boy californien qui sera emberlificoté dans une affaire de meurtre.

Cet album contient d’abord "Call Me", ZE tube international de Giorgio MORODER, qui a trusté les charts à travers le monde et raflé les disques de métaux précieux. La démo instrumentale a été initialement proposée à FLEETWOOD MAC sous le titre "Man Machine", mais Stevie Nicks dut la refuser pour des raisons contractuelles. C’est finalement BLONDIE qui mit le morceau en boîte, la chanteuse Debbie Harris composant la mélodie et écrivant les paroles. En raisons de problèmes techniques lors de la session d’enregistrement à New-York, Giorgio MORODER décida de finaliser le morceau à Los Angeles (là où fut ébauchée la démo) avec ses collaborateurs Keith Forsey et Harold Faltermeyer – c’est avec cette formation commando qu’a été réalisée l’entièreté de l’album E = mc² (1979). À la suite d’American Gigolo, "Call Me" fut reprise dans de nombreux autres films. C’est un rock ternaire de tous les diables, millimétré par un Giorgio MORODER à son meilleur et servi par un groupe en béton armé, que j’ai beaucoup entendu sans savoir de quoi il en retournait.

L’autre chanson est "Love And Passion", interprétée par Cheryl Barnes et écrite par Paul Schrader lui-même. Avec ses chœurs soul, sa rythmique marquée et ses cuivres opulents, "Love And Passion" consomme la période Disco de Giorgio MORODER. Cette chanson, un brin redondante, n’en est pas moins charismatique et galvanisante. Le reste de l’album est entièrement instrumental et essentiellement électronique. American Gigolo n’échappe pas à un des tics inhérents aux bandes originales de film, un thème décliné en plusieurs versions; ainsi "Night Drive", "Palm Springs Drive" et "Night Drive Reprise" sont-elles des versions instrumentales de "Call Me", la première fort bien rythmée, se raccrochant une dernière fois au style Disco, avec une très belle intervention des cloches tubulaires, la deuxième très guitaristique et la troisième sous forme de ballade, avec une mélodie ralentie de moitié. Ces versions alternatives ne font donc pas doublon et désamorcent la sensation de redondance que ce procédé provoque bien souvent.

"Hello Mr. W.A.M." est une reprise de MOZART à la sauce power ballad de guitar hero, assez ridicule, à peine sauvée par sa conclusion. "The Apartment" est un beau titre sombre et peu mélodique, dans la lignée de l’excellente suite "The Wheel" – "Istanbul Opening" – "Cacaphoney" sur Midnight Express (1978). Placé en conclusion, "The Seduction (Love Theme)" est une composition très sentimentale mais qui ne tombe pas dans la caricature.

American Gigolo demeure une bande originale très honorable, qui échappe de surcroît à une autre tare des bandes originales, l’aspect fourre-tout sans cohérence qui afflige d’autres B.O comme Midnight Express ou Scarface. Mieux construit, American Gigolo s’écoute comme un album solo de Giorgio MORODER à part entière.