Dick DALE est le mâle alpha de la vague des pionniers du rock’n’roll, c’est l’évidence, on l’a vu sur son surf tel le chéri de ces dames tous muscles dehors, et il manie sa six cordes comme personne ne l'a fait avant lui. Mais l’homme est pressé et a besoin de dynamique, alors il oriente le concept de sa musique vers les hot rods, les bagnoles qui vont vite, et va entraîner à sa suite tous les tenants de la surf music californienne, dont les BEACH BOYS, piètres surfeurs et qui n’ont encore jamais touché un volant de sport de leur vie. Alors que voyez Dick, le visage tout barbouillé de fausse suie, on dirait qu’il est né dans un moteur l’animal ! Voyons si cela a un impact sur sa musique très agressive pour l’époque.

5 titres sont de sa main, tous des instrumentaux qui lui permettent d’asseoir sa réputation de guitar hero, un riff simpliste domine "Surf Buggy", un sax des chœurs viennent lui prêter main forte, mais la guitare est mixée très en avant comme toujours avec Dick. Le solo est fort impressionnant pour 1963 et le brouhaha général – beaucoup de reverb et d’écho - nous rapproche du hard rock alors en gestation. La même recette est appliquée sur "Ho-Dad Machine", on va dire que les VENTURES œuvrent dans le même style à l’époque. "Motion" rappelle Duane EDDY, preuve que Dick a calmé le jeu, c’est bien foutu mais loin de ses bases agressives.

Comme à l’accoutumée c’est lorsqu’il reprend des thèmes orientaux que Dick DALE est le plus efficace, ici, c’est "The Wedge" qui reprend le flambeau, la célérité du guitariste est toujours aussi impressionnante et il ne connaît pas d’égal en 63, son attaque est vraiment unique. Et "Night Rider" enfonce le clou avec beaucoup de réminiscences à "Misirlou" en plus démontage de gueule, ça déchire à donf ! Un dernier instru pas de sa main est présent : sur un riff encore très simpliste mais dans la logique de l’évolution musicale, gratte et sax se disputent le pouvoir avec énergie sur "Mag Wheels".

Et nous avons donc une moitié de chansons : "The Scavenger" ouvre l’opus sur un son de moteur de hot rod. Une belle ambiance et sans doute la chanson la plus réussie de cette livraison, dans un style mixant doo-wop et modernité. "Hot Rod Racer" est une compo du grand Jerry Capehart qui a donné a COCHRAN Beaucoup de ses grands succès, la voix de Gary Usher n’est pas vilaine mais l’ensemble sonne peu efficace, les chœurs sonnent doo-wop, c’est gentillet pour le méchant Dick. L’ambiance est à la beach party sur "Big Black Cad", on croirait voir Annette et Frankie AVALON courir sur la plage, un doo-wop rapide sans prétention.

Gary chante bien mais les chansons composées par ses soins sont peu mémorables. Il y a du Bo DIDLEY et du Muddy WATERS dans "Grudge Run", mais la voix n’est-elle pas trop "gentillette" ? "It Will Grow On You" nous laisse sur la plage à attendre des caisses vrombissantes, pas phénoménale, le chant y est trop plat. On se croirait avec les BEACH BOYS sur "426 – Super Stock", les harmonies vocales en moins mais la guitare intenable en plus, avec un solo bien rentre dedans.

Un troisième album qui a le mérite de lancer une nouvelle mode, celle des sports automobiles dans l’histoire de la musique populaire, à ce titre, Dick est plus un visionnaire qu’un immense compositeur puisque ses principaux faits de gloire sont des reprises des standards traditionnels du proche orient dont Richard Mansour – son vrai nom – libanais d’origine est issu. Les chansons sont vraiment peu mémorables mais les instrumentaux continuent d’alimenter sa réputation de king of the surf guitar pour l’éternité. Je suis sur un petit 3.