Après deux opus branchés hot rod, le beau Richard s’est dit que finalement le surf c’est plus cool que les bagnoles mais il ne pouvait pas se pointer une fois de plus en maillot de bain pour attirer les yeux de la gente féminine. Alors, nous voici avec cette photo mignonnette pour les besoins de la cause. On revient cependant à la plage et à l’été dans le thème, c’est plus vendeur finalement ! Bien sûr, on comprend que pour un séducteur de ce calibre, un des premiers guitar heroes de l’histoire, stagner en division deux des cadors de la musique n’est pas simple, mais il faut y croire, alors voici le cinquième tome des aventures du sémillant californien Dick DALE.

Steve Douglas, un des collaborateurs habituels des BEACH BOYS, est de la partie et s’est pointé avec plusieurs titres : la chanson "Summer Surf" paraît tout droit sortie de la B.O de Pulp Fiction avec sa basse ondoyante. Un rock assez smooth au chant vraiment posé, un chouette titre d’introduction, assez éloigné des considérations habituelles de l’agressif Dick, avec de plus un harmonica. L’instrumental "Banzai Washout" est dans le même esprit, avec de plus une vibe très VENTURES, assez agressive et raw. "Surfin Rebel" paraît plus tiré du moule des SHADOWS avec ses consonnances smooth, le toucher de Hank Marvin en moins, mais l’ambiance est belle et évoque les grands espaces américains, c’est pour moi le titre de l’album.

Le guitar Hero ne s’est pointé qu’avec 3 titres pour cette livraison : "Tidal Wave" ne ressemble en rien à ses précédents classiques : l’ambiance est au calme et au son plus smooth et cool qu’auparavant. En revanche, les cuivres sont mis en devant par "Thunder Wave", ce qui prouve un net recul de la gratte et du maestro qui paraît moins préoccupé par ce disque que précédement. On achète un album de Mr DALE pour le tonnerre et les éclairs de sa gratte supra agressive, pas pour des roucoulades. Cette version lente de "Spanish Kiss" est étonnante, on ne s’attend pas à ce que Dick la fasse en mode slow et c’est très réussi. Il signe cette composition en revanche. Alors que nous sommes clairement sur un traditionnel espagnol.

C’est "Glory Wave" qui sort en single, un doowop assez sympa, au rythme vraiment cool avec une basse binaire. Le chant de Gary Usher, parfait, s’aligne facilement sur la version originale et classique de Jackie DESHANNON, créée pour les besoin d’un film de Beach Party. "Mama’s Gone Surfin" ne se démarque pas par son originalité, même si le texte est drôle. "Who Can He Be" nous replonge dans des ambiances smoothie du doo wop sans pour autant lever la barre de la composition, c’est sympa sans plus. On revient aux considérations du surf décidemment, "Surfin" est une autoglorification de la vie que mène Dick sur ses vagues. Mais oui, l’époque le voulait !

L’aspect martial de "The Star" est-elle un hommage à l’étoile de David du drapeau Hébreu ? Ce n’est pas vilain. La trompette prend la place de la guitare sur la base de "Never On Sunday" pour un moment peu remarquable, comme analysé précédemment. "Oh Marie" se présente comme un rock assez cool, nonobstant l’avalanche de choeurs qui en font un autre titre de doowop, alors que ce genre musical vit ses derniers moments de gloire. Enfin, les gros cuivres et le rythme de "Feel So Good" évoquent le twist alors très en vogue, pas désagréable mais un brin déplacé dans un album du Dick, Chubby CHECKER devrait être plus loin !

L’ensemble a belle allure, on ne peut que regretter que la majorité des titres, même s’ils sont cools, ne représente pas le style apocalyptique et agressif habituel du flamboyant guitariste. Pas la moindre réminiscence de ses origines orientales sur cet opus, sauf à parler de cette étoile de David étonnante ! On sait aujourd’hui que Richard entrait alors en lutte avec un cancer colorectal, ce qui va l’éloigner des studios pendant un certain temps, mais il en faudra plus pour abattre ce titan. Nous sommes proche d’un 3,5 mais je choisis de rester sur un 3 pour cause de moins de guitare.