Malgré les critiques généralement élogieuses, Blackout n’a pas réussi à rétablir complètement l’image de Britney SPEARS, clouée au sol par une couverture médiatique terrible et, dans la foulée, une mise sous tutelle opérée par sa famille. Mais en 2008, la société n’est pas aussi woke qu’aujourd’hui et ne voit dans les problèmes de la chanteuse qu’une opportunité de plus pour créer de la sensation. D’ailleurs, le public de manière générale ne perçoit Circus - sixième album de Brit-Brit - que comme un disque censé être le signe d’une renaissance.

Pourtant, Circus marque avant tout le début d’un temps très long : treize ans durant lesquels la chanteuse se voit dépossédée de sa carrière. Son père profite des tourments personnels de Britney pour s’associer à la femme d'affaires Lou Taylor (à qui il doit un paquet de fric) pour prendre le pouvoir sur sa fille et en faire sa vache à lait grâce à cette tutelle qui concerne sa personne, sa carrière et sa fortune. Destinée à aider des personnes qui ne peuvent pas s’occuper d’elles-mêmes, la tutelle est imposée à Britney, pourtant totalement opérationnelle, qui tente de se battre devant le tribunal en vain.

Un avocat commis d’office qui ne se bouge pas et est payé par son père, une flopée de mensonges et une emprise totale sur sa vie (de sa contraception à ses petits copains) finissent par éteindre la flamme et la personnalité de Britney. Elle se retrouve enfermée chez elle telle une criminelle et finit par jouer le jeu, terrorisée par son père, dans le seul espoir d’obtenir le droit de revoir ses enfants. C’est dans ces conditions que sort Circus dont la tournée rapporte plus de 130 millions de dollars et durant laquelle l’équipe de Britney arrive encore à caser quelques apparitions dans des séries, plutôt pas mal pour une artiste en pseudo perdition.

Musicalement, l’album échoue à proposer une direction claire et se perd sur un ensemble décousu allant du single pop "If You Seek Amy" signé Max Martin, au titre "Mmm Papi" sorti de nulle part, sans oublier le détour obligatoire du côté des chialantes aux productions surchargées comme "My Baby" dédiée à ses deux fils, la ballade électro-pop "Unusual You" ou "Out From Under" avec sa guitare acoustique.

De Circus, on se souvient surtout du single éponyme où la chanteuse brosse le tableau de sa réalité, devenu un classique de sa discographie ; mais aussi dans un registre plus agaçant, des synthés hurlants et des refrains ultra-répétitifs du single "Womanizer".

Certaines chansons comme "Mannequin" et "Shattered Glass" peuvent être pointées du doigt pour leur surabondance d’effets utilisés sans modération rendant l’écoute finalement assez fastidieuse. Même "Lace And Leather" avec ses guitares un peu funk ne passe pas vraiment le test, et puis, que penser de la présence du morceau "Radar", pourtant bon, mais placé sur cet opus sans modification significative alors qu’il figurait déjà sur la tracklist de Blackout à peine un an plus tôt ? L’ensemble donne vraiment l’impression d’un manque de créativité, comme si l’équipe de Brit-Brit avait rapidement mis bout à bout quelques titres enregistrés ça et là.

On retrouve le producteur Danja sur deux titres initialement créés pour Blackout et qui illustrent bien le problème de Circus, un projet où le peu de bon est noyé dans la masse : la jolie ballade atmosphérique "Blur" sur laquelle Britney ose chanter dans un registre plus grave ou l’incontournable single "Kill The Lights" - où la jolie blonde revient sur sa relation avec la presse (Mr. Photographer, I think I’m ready for my close-up tonight/Make sure you catch me from my good side, pick one) à la manière de "Piece Of Me".

Les fans regrettent encore l’alchimie de Britney et de Danja, alors que l’ensemble de Circus semble se tourner de plus en plus vers une pop aux accents dance et house pour le reste de sa carrière. Elle le dit elle-même, c’est à cette époque-là que sa passion s’est envolée, elle ne se voit plus que comme un robot, la chose de son père alors on peut bien être un peu indulgent envers la chanteuse malgré un vrai manque de profondeur. Et puisque finalement Britney elle-même importe peu dans l’équation, Circus est un succès pour Papa SPEARS, devenu multimillionnaire grâce à cette supercherie déguisée en tutelle. Le cauchemar de Britney rapporte gros.