Lorsqu’un artiste devient une icône et défini une époque, il mérite qu’on lui consacre un tantinet de sérieux, même si cet artiste s’appelle Britney SPEARS.

Britney Jean SPEARS nait au début des années 80 dans le Mississippi et déménage rapidement en Louisiane avec sa famille ultra conservatrice et religieuse. La progéniture SPEARS vit une enfance difficile : un père alcoolique, violent et souvent absent doublé d’une mère accro à la bouteille et indisponible émotionnellement. Pas étonnant donc que la petite Britney passe sa vie à se cacher dans les placards de la maison. Mais si elle dit avoir cherché à disparaître, le besoin d’être vue cohabite chez la jeune chanteuse qui gagne à 5 ans son premier concours de talent. Elle dira plus tard dans son mémoire que chanter lui a donné la conviction que tout était possible.

A onze ans, elle est castée pour participer à l’émission télévisée The Mickey Mouse Club où elle partage la scène avec d’autres futurs talents du show business tels que Justin TIMBERLAKE, Christina AGUILERA ou encore Ryan GOSLING. Cette expérience se solde après deux ans et Britney retourne en Louisiane où elle choisit une vie normale. « Normale » pour la blondinette de 13 ans qui traîne, fume et se bourre la gueule en pleine journée avec sa mère puis perd sa virginité dans la foulée.

Pourtant, c’est l’ado virginale que Jive Records va tenter de vendre à l’Amérique puritaine en prétendant devant Dieu que Brit-Brit se réserve pour le mariage en lançant son premier album …Baby One More Time en 1999. La chanson titre devient instantanément un succès planétaire et propulse la jeune chanteuse de dix-huit ans au rang de superstar internationale. Son image de girl next door au charisme captivant séduit une génération entière de filles et son sex appeal fait fantasmer la gent masculine, le mélange idéal pour provoquer les réactions de ceux qui font des amalgames irréfléchies (une erreur de traduction du producteur suédois Max Martin dans les paroles interprétée comme une connotation sado-maso) dont plusieurs mères indignées qui l’invitent publiquement à se suicider, rien que ça…

Celle qui avait l’habitude de chanter du Whitney HOUSTON de sa voix profonde se retrouve sur un album pop produit par les pointures de l’époque. Sa voix est façonnée pour atteindre cette baby voice reconnaissable entre mille. La jolie blonde brille sur les chansons dansantes aux productions nineties comme "Deep In My Heart", "Autumn Goodbye", "I Will Be There" : des batteries rythmées, quelques claviers subtils sans oublier une petite pointe de dance et de r’n’b pour trouver la recette secrète de la pop pour midinettes.

L’album est truffé de ballades romantiques, modernes mais bien chiantes comme "I’ll Never Stop Loving You", "E-Mail My Heart" ou encore les singles "Sometimes", "Born To Make You Happy" et "From The Bottom Of My Broken Heart" avec leurs ensembles de cordes un peu trop doucerettes. En terme de chialante légère, ma préférence va au titre "I Will Still Love You" sur lequel Britney harmonise aux côtés de Don PHILIP, chanteur inconnu au bataillon qui ne goûtera malheureusement pas vraiment d’autres succès (281 auditeurs mensuels sur Spotify, aïe, tout est dit).

Si on a plutôt tendance à oublier rapidement ces ballades qui ne révolutionnent rien côté créativité, on retient évidemment les titres de pop aux mélodies accrocheuses qui dominent l’album comme "Thinkin’ About You" et son groove entraînant, le single "(You Drive Me) Crazy" avec ses cloches emblématiques et son énergie contagieuse qui devient aussi rapidement que la chanson titre un hymne de bubblegum pop qui résonne encore un quart de siècle plus tard.

On peut aussi noter la reprise très bien foutue du titre "The Beat Goes On" de SONNY & CHER dont les arrangements contemporains parviennent à conserver une vibe 60’s psychédélique, mais aussi la chanson "Soda Pop" aux influences dancehall puisque c’est sur ce titre funky et trop méconnu qui n’a pourtant pas pris une ride qu’on entendra le mieux le ton naturel de la voix de Britney.

Bien qu’on ne soit pas sur du grand art pour ce premier album, il reste inoffensif et c’est le nombre de tubes qu’il contient qui pousse la note à 3,5. …Baby One More Time reste l’un des albums les plus vendus de tous les temps, un symbole de l’âge d’or de la musique des années 90 et établit SPEARS en tant que princesse de la pop. Sa personnalité pétillante et ses performances toujours agrémentées de chorégraphies énergiques sont quelques-uns des éléments clés qui ont contribué à son succès et à forger son statut d’icône, peut-être la plus influente de sa génération.

Plus que la princesse de la pop, Britney SPEARS, c’est l’histoire d’une fillette talentueuse devenue superstar mondiale au succès phénoménal et à qui la société a fait porter presque tous les maux du monde en lui volant ses droits et son innocence tout au long de sa carrière.