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ROYAL REPUBLIC - Lovecop (2024)
Par GEGERS le 1er Juillet 2024          Consultée 727 fois

C'est une intro suave, portée par un saxophone langoureux et des nappes de claviers soyeuses. On aimerait prendre ses aises dans ces ambiances à la fois flashy et feutrées, en provenance directe de quelque film érotique des années 80. Mais finalement, on pose son martini, on laisse négligemment sa mèche rebelle faire ce qu'elle veut et on danse.

Malgré ce que pourrait laisser penser l'introduction de l'album, la cinquième réalisation des quatre dandys trash suédois s'inscrit dans la lignée de son prédécesseur, le formidable Club Majesty, qui fête déjà ses cinq ans. Le groupe n'a pas chômé. Il a, comme l'ensemble du monde de la culture, été frappé de plein fouet par les restrictions liées à la crise sanitaire. En ont résulté une courte crise existentielle et la sortie au compte-gouttes de nouveaux singles publiés sur les réseaux et rassemblés l'an passé sur l'album Hits & Pieces/Live At L'Olympia, premier témoignage de l'amour mutuel entre la France et l'irrésistible formation.

Le pouvoir du disco opère de nouveau sur ce cinquième album qui mélange rock, punk, disco et funk pour un résultat prenant souvent des airs de chaos maîtrisé. La nouveauté réside ici dans la tendance du groupe à invoquer l'esprit des années 80 et à émuler cette décennie adulée par les musiciens rock, jouant à fond la carte de l'extravagance et des paillettes. En résulte une musique bariolée et réjouissante, qui voit Adam Grahn et ses camarades explorer de nouvelles pistes afin d'éviter la redite.

Le pari est gagné d'entrée lorsque résonne "My House". ROYAL REPUBLIC se fait ici plus kitsch et théatral que jamais, mais aussi particulièrement déterminé, assemblant des influences hair-metal, des rythmes synth-pop et un break rap rétro surprenants et convaincants. Le résultat est tellement absurde qu'il en devient savoureux. Quelle entrée en matière ! Ce n'est pas une surprise puisque l'album avait été largement 'spoilé' sur les réseaux avant sa sortie, le groupe ayant fait le choix de diffuser pas moins que cinq clips, soit la moitié de l'album, "My House" le 5 janvier, "LoveCop" le 9 février, "Lazerlove" le 15 mars, "Ain’t Got Time" le 12 avril et enfin "Wow! Wow! Wow!" le 10 mai.

Lorsque débarque le morceau-titre, curieux mélange entre le son de guitare de DIRE STRAITS et les ambiances de BONEY M, on ne peut que saluer l'audacieuse précision d'un groupe qui, tout en laissant les guitares au centre des débats, déploie son large spectres d'influences comme un paon fait la roue : avec une fierté priapique. Désinhibé, la formation propose dans la foulée le formidable "Wow ! Wow ! Wow !", véritable ver d'oreille porté par un groove de guitare espiègle et une section de cuivres totalement débridée, à laquelle s'ajoute un solo de saxophone dont l'impertinence tutoie la splendeur. Espérons que ce titre figure au générique du prochain volet du Flic de Beverly Hills.

"Freakshow" repose les bases de la musique de ROYAL REPUBLIC, comme pour recentrer les débats. L'essence reste un rock hard aux guitares mordantes, en atteste le break de ce morceau qui peut rappeler FREAK KITCHEN, dans l'épaisseur du son des six-cordes. Plus loin, le frénétique "Love Somebody", sorte de mélange inqualifiable entre rock, punk et heavy metal, est une preuve supplémentaire que, pour le groupe suédois, il n'est pas question de rogner sur la puissance des guitares, et l'occasion de proposer dans le même temps un des titres les plus efficaces de sa discographie. Cette récompense est néanmoins à partager avec le direct "Ain't got the time", une des sucreries flamboyantes que le groupe nous offre régulièrement. A la manière de "Tommy-Gun" ou "Addictive", ROYAL REPUBLIC propose un titre particulièrement entraînant, à la structure d'apparence simple mais qui grandit à chaque nouvelle écoute pour libérer de nouvelles saveurs. En deux mots : un tube.

S'ajoute à cela quelques surprises, à commencer par "Razorlove", qui pourrait s'apparenter à une power-ballad, la première dans la carrière du groupe. Elle se fait onctueuse, au charme délicieusement suranné. La voix d'Adam Grahn, toute en tension et sur les aigus, est ici méconnaissable. "Electra", dont l'introduction peut faire penser au "Africa" de TOTO, se dirige pour sa part vers des ambiances gothiques, new-wave, qui sont plus difficiles à avaler. Le groupe semble à son aise, mais l'audace est ici poussée un peu trop loin pour nous séduire.

S'il ne propose pas de changement fondamental par rapport à Club Majesty, Lovecop vient nous rappeler avec brio combien la musique de ROYAL REPUBLIC est précieuse en ces temps où le rock est en quête de renouvellement. Bouffant à tous les râteliers comme s'il avait été convié à un buffet à volonté, le groupe manie son rock bariolé comme personne, le parsemant d'ambiances variées qui lui confèrent texture et saveur. Si les ambiances et arrangements orientés années 80 peuvent désarçonner à la première écoute, ils se révèlent très pertinents dans le cadre d'un album puisant dans le passé les éléments qu'il habille d'un son très moderne et percutant. Et puis, surtout, on danse au son de ces rythme endiablés et refrains imparables. Tout cela démontre, une nouvelle fois, que ROYAL REPUBLIC, s'affranchissant des modes et des contraintes, est ce que le rock nous a offert de meilleur depuis bien longtemps.

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- Adam Grahn (chant, guitare)
- Hannes Irengård (guitare)
- Jonas Almén (basse)
- Per Andreasson (batterie)


1. My House
2. Lovecop
3. Wow! Wow! Wow!
4. Freakshow
5. Lazerlove
6. Boots
7. Love Somebody
8. Ain’t Got Time
9. Electra
10. Sha-la-la-lady



             



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