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SYNTHWAVE  |  STUDIO

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2015 Lost Themes
2024 Lost Themes IV : Noir

B.O FILMS/SERIES

1976 Assault On Precinct 13
1984 The Fog
2018 1 Halloween

REMIX/ARRANG.

2017 1 Anthology Movie Themes 1974...
 

- Style : Goblin, Tangerine Dream, Carpenter Brut

John CARPENTER - Lost Themes Iv : Noir (2024)
Par AIGLE BLANC le 24 Juillet 2024          Consultée 493 fois

Cela fait 9 ans déjà que John CARPENTER nous envoie les cartes postales fort sympathiques que forment la série Lost Themes dont le volet actuel est le quatrième à voir le jour depuis l'initial paru en 2015. Il semble établi à présent qu'il ait bel et bien mis un terme à sa carrière de cinéaste spécialisé dans les films fantastiques et de science-fiction, au profit d'une autre carrière consacrée exclusivement à sa musique. Je ne connais pas en l'état d'autres réalisateurs ayant connu une évolution identique. Même David LYNCH, qui pratique sa musique depuis fort longtemps déjà et sort des albums sous son propre patronyme, à moins que ce ne soient des collaborations, souvent des duos avec d'autres musiciens de la sphère 'ambient', même lui n'a pas totalement délaissé son poste de cinéaste qu'il retrouve épisodiquement par le biais notamment de la 3ème saison 'tardive' qu'il a offerte à sa série culte Twin Peaks.
John CARPENTER est passé de réalisateur-musicien à musicien tout court, désormais appelé par d'autres cinéastes pour composer la B.O de leurs films, comme en témoignent la dernière -et définitive ?- trilogie Halloween de David Gordon Green (Halloween, Halloween Kills, Halloween Ends) et la B.O du remake de Firestarter, d'après le roman éponyme de Stephen KING, où CARPENTER succède 'évidemment' à TANGERINE DREAM.

Pour apprécier ce volume 4, il faut déjà compter parmi les fans de CARPENTER, aussi bien le cinéaste que le musicien. Sa musique, en effet, est le fruit d'un ADN fort marqué depuis le séminal Assault on Precinct 13 (1976), que les fans recherchent inlassablement pour le délicieux et tendre parfum de madeleine qu'il leur procure. Il paraît évident aujourd'hui, grâce au recul que permet le temps écoulé, que John CARPENTER est le père de la Synthwave, style musical basé sur des lignes électroniques 'vintage' (les synthétiseurs 'old school' des années 70) appuyées par des 'beats' surpuissants évoluant dans les infra-basses et qu'habite un esprit pop-rock ayant fortement influencé la synth-pop de DEPECHE MODE ou de A-AH. De même que le réalisateur de The Thing a toujours appréhendé le monde environnant sous le prisme du format 'cinémascope', ainsi ne conçoit-il pas la musique en dehors de la synthwave qui circule dans ses veines. Cela le range dans la catégorie des musiciens qui ne cessent de tracer le même sillon, avec une constance inébranlable qui constitue à la fois son intégrité absolue et sa limite. Les fans d'AC/DC savent de quoi il retourne. De même que rien ne ressemble plus à un album d'AC/DC qu'un autre de ses albums, de même les 4 volumes de Lost Themes sont interchangeables, traversés par les mêmes couleurs, sonorités et climats. Par conséquent, si vous n'appréciez que modérément la musique du 'King of Horror', vous pouvez vous contenter d'un seul volume des Lost Themes, celui que vous voulez tant ils sont d'une égale qualité. Ma préférence privilégierait, légèrement, les volumes 1 ou 4.
Depuis le volume 3, chaque galette affiche son propre titre : après Alive After Death (2021), voici donc Noir (2024), de la couleur des climats qu'affectionne John CARPENTER, la noirceur des ténèbres évidemment quand on songe à Prince des Ténèbres, l'un de ses films les plus angoissants. Mais il semblerait que le titre renvoie également à la grande tradition des 'films noirs' américains. Aussi incongru que cela puisse paraître, la musique du 'King of Horror' charrie avec elle une tristesse, une solennité, une gravité faisant peser sur l'auditeur le poids mortifère du fatalisme le plus définitif, un peu à la manière en effet des personnages des romans et films noirs qui, héros de tragédies modernes, se démènent pour éviter la mort à laquelle les condamne l'inexorable piège qu'ont forgé leurs actes répréhensibles, le sens de la culpabilité n'étant pas le dernier à générer une atmosphère anxiogène.
Prenez "My Name Is Death" qui ouvre encore une fois l'album sur une basse surpuissante et un beat assommant, avant que ne surgisse la guitare 'heavy' de Daniel Davis (fils de Dave Davis, guitariste des KINKS), aux accents hendrixiens fort goûteux, ajoutant peut-être sa dimension humaine à ce titre méchamment pulsé. Noir c'est noir. Voilà déjà assurément l'un des meilleurs titres de la série des Lost Themes. D'autres compositions de ce calibre soutiennent l'intérêt de l'album, offrant toujours des arpèges de claviers, parfois aux limites du classique, qu'écrasent de lourds accords de guitare heavy : ainsi, l'épidermique "Machine Fear", le tubesque "Kiss the Blood Off My fingers" (quel titre !), "Guillotine" et "Shadows Have a Thousand Eyes" nous rassurent-ils sur le degré d'inspiration des CARPENTER père et fils, seule valeur nécessaire pour poursuivre la voie, tracée depuis le début, d'une musique assez simple, mais misant beaucoup sur son énorme potentiel cinématographique. Le réalisateur-compositeur, quel que soit ce qu'il compose, ne se défait jamais d'un sens des climats aussi inné que remarquable, rejoignant sur ce terrain l'autre groupe de rock italien mythique des années 70, GOBLIN, auquel on pense forcément au détour d'une séquence répétitive des claviers.
D'autres titres plus calmes, presqu'ambient, comme "The Burning Door", orientent le disque vers la musique 'classique' contemporaine, le clavier-piano de John CARPENTER épousant le sillon du courant minimaliste de Philip GLASS ou Steve REICH, dans le style des comptines trompeuses dont il a le secret depuis Halloween, aux climats mystérieux autant qu'anxiogènes si caractéristiques de ses films. En témoigne fortement "He Walks By Night" où les arpèges aux claviers-piano se voient dédoublés par la séquence haletante d'un orgue alarmiste aux accents seventies prononcés. Quant à "Beyond the Gallows", sa fausse tranquillité est démentie par les lourds accords d'une guitare quasi 'doom'.

Lost Themes IV : Noir ne propose rien de neuf, ne réserve aucune surprise, évoluant dans le registre que John CARPENTER maîtrise depuis son premier film Assault on Precinct 13, soit depuis 48 ans. Il semble heureux de travailler avec son fils Cody CARPENTER et son 'filleul'* Daniel DAVIS, deux jeunes musiciens qui injectent à sa musique le juste supplément de modernité, John quant à lui leur apportant l'aura rassurante de son expérience.
La plus grande réussite de cet opus réside dans la fusion parfaite des claviers et de la guitare heavy, au point qu'il devrait satisfaire les fans de musique électronique autant que ceux de Heavy Metal. Tant que le trio a des choses à dire et qu'il les dit de belle manière comme ici, dans l'espace musical pourtant restreint de la Synthwave, pourquoi devrions-nous nous en priver?


* Daniel Davis, fils de Dave Davis, a été pris en charge scolairement, pendant un court laps de temps, par John CARPENTER, à une époque où l'enfant traversait une période difficile. Son père, ex-guitariste des KINKS et voisin californien de John CARPENTER, lui avait alors confié une petite partie de son éducation. Depuis cette époque, le réalisateur de Christine considère Daniel Davis comme son 'god son' ou 'filleul'. Ce n'est pas un lien familial, mais affectif, qui double l'amitié unissant à cette époque le cinéaste et Dave Davis.

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   AIGLE BLANC

 
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- John Carpenter (claviers, piano)
- Cody Carpenter (claviers)
- Daniel Davis (guitare électrique)


1. My Name Is Death
2. Machine Fear
3. Last Rites
4. The Burning Door
5. He Walks By Night
6. Beyond The Gallows
7. Kiss The Blood Off My Fingers
8. Guillotine
9. The Demon's Shadow
10. Shadows Have A Thousand Eyes



             



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