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Nolwenn KORBELL - Ar Prenv Glas (2024)
Par MARCO STIVELL le 2 Septembre 2024          Consultée 622 fois

Même si ses 20 ans de carrière sont déjà passés, on peut considérer le nouvel et septième album de Nolwenn KORBELL comme une belle manière de les célébrer, en plus de constituer d'excellentes retrouvailles avec une artiste bretonne (Finisterienne de Douarnenez) parmi les plus précieuses. La dame n'est pas restée inactive depuis 2018-2019, même si elle a mal vécu la période Covid comme beaucoup de gens, cela fait déjà deux ans qu'elle a notamment refait parler d'elle par un spectacle en langue brezhoneg dédié à Molière, plutôt sur un autre type de scène donc.

Le temps est si vite passé toutefois, et la sortie d'Ar Preñv Glas (enregistré au Near Deaf Experience studio, à Brest), plus à-même de contenter ses fans non-résidents de la péninsule, vient enfin combler toutes les attentes. Le titre, en français, nomme les vers luisants (en latin 'lampyris noctiluca'), créatures symbolisant la nuit et que Nolwenn KORBELL aimait contempler durant son enfance. Elles ont, comme beaucoup de choses, pas mal disparu avec la pollution, le changement climatique et c'est ce qu'elle déplore dans ce disque qui, a cette poésie pas-que-noire, n'en oublie pas le caractère rock qui lui est cher.

En cela, le son se rapproche des albums précédents, notamment Noazh (2010) et Avel Azul (2018) en collaboration avec un 'band' qui a bien changé. On y croisait toutefois déjà Hélène Brunet, guitariste excellente de l'éphémère groupe progressif instrumental SYLBÀT en 2008 puis collaboratrice de la violoniste Nicola HAYES, qui elle vient du centre Bretagne. Les deux autres membres sont le DJ Thomas Saouzanet (The PAST TRAVELLERS, DEADLINE) lui aussi des environs de Douarnenez, ainsi que Matthieu Le Moal aux basse/pedal-steel etc, ancien du groupe KOMODOR, qui se livre aussi pas mal à la pêche dans la baie d'Audierne.

Fidèle à l'esprit 'indépendant' de l'oeuvre de Nolwenn KORBELL, ce disque est à la fois planant et rugueux, à l'image des sons de guitares exclusivement électriques plutôt 'claires', miaulantes dans le cas de la pedal-steel, qui peuvent d'un coup de corser avec la distorsion, la basse suivant leur exemple. Outre quelques claviers également purs comme le piano Fender Rhodes, le tout s'enrichit de nappes sombres et de rythmiques occasionnelles solides, comme entendues sur "Ar Preñv Glas" à l'arpège mi-blues mi-celtique, puis sur "À Quoi Bon", marche parcourue d'un piano 'punaise' qui donne l'illusion d'une harpe bardique.

Sa poésie, sur cet album, KORBELL la souhaite en breton, moitié du temps, mais aussi en français puis en anglais ; encore un point commun avec Avel Azul. C'est donc avec un certain naturel que l'on passe d'une judicieusement moraliste "Ar Preñ Glas" à "À Quoi Bon" qui semble d'abord parler du Covid puis peut se rattacher à toute forme de séparation intime. "Kintsugi", qui est avec "Tired - Lasse" une des deux seules chansons un peu moins réussies (sans doute ce refrain trop 'simple'), vante au contraire l'éloignement et le besoin de se reconstruire même avec des fils d'or, alors que sur "Hepdout (Sans Toi)", notre chère ensorceleuse déclame en breton tout ce qu'elle peut faire, suite à une rupture, de léger au quotidien, mais qui ne remplace pas la douleur, les vrais sentiments.

Entre susurrements et belles montées vocales, la sorcière Nolwenn KORBELL montre une fois de plus son talent ainsi qu'à s'entourer, l'ensemble de trois musiciens oeuvrant au mieux pour habiller pareilles chansons. Les guitares et basse se complètent joliment, une batterie par-ci ou une boîte à rythmes Roland TR-808 par là font de même, les arpèges inspirés et sons cristallins pullulent. L'ensemble bien que moins rock que blues nous émerveille. L'ambiance un peu western de "Mr Hope" convient fort bien à ce poème honorifique envers l'espoir, en français malgré le titre choisi, et sur un ton de lutte pour ne pas le perdre, quelle que soit l'avancée du monde.

Outre son pendant amoureux qu'est "L'arc de Cupidon", en dehors aussi de la fort belle "Tiny Song" un peu plus lumineuse et caressante pour bien finir, l'album contient encore deux perles qui se rapprochent plus encore de la Bretagne. "Bugale Breizh" mentionne l'histoire tumultueuse du peuple de la péninsule et son besoin de voir sa culture perdurer face aux trop grandes influences extérieures, tandis que le traditionnel "Deuit Ganin-Me (Venez Avec Moi)" trouve ici une de ses plus belles versions modernes depuis l'enregistrement d'Alan STIVELL sur E Langonned en 1974, avec une tournure plus féministe. Adaptation si réussie, y compris vocalement, musicalement, que l'on ne peut que souhaiter entendre plus d'efforts similaires de Nolwenn KORBELL à l'avenir !

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   MARCO STIVELL

 
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- Nolwenn Korbell (chant)
- Hélène Brunet (guitares, arrangements)
- Thomas Saouzanet (claviers, machines, arrangements)
- Matthieu Le Moal (basse, guitares, pedal-steel guitare, arran)


1. Ar Preñv Glas
2. À Quoi Bon
3. Ha Ma
4. Hepdout – Sans Toi
5. Mr Hope
6. Tired
7. Bugale Breizh
8. Deuit Ganin Me
9. Kintsugi
10. L'arc De Cupidon
11. Tiny Song



             



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