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Evie SANDS - Estate Of Mind (1974)
Par MARCO STIVELL le 24 Octobre 2024          Consultée 282 fois

Quel talent, et quel gâchis ! Se dire que des albums tels que le présent Estate of Mind n'ont pas eu de succès, s'ancrent mal dans la postérité, alors que tout y est si bon ! Alors que l'interprète principale a encore gagné en puissance, en rayonnement musical ; mais baste, brisons-là. Il faut dire que plus de cinq années séparent cet effort du premier et qu'Evie WOODS tient un rythme de production inhabituel en ces années 70 battant chaud. La concurrence pop féminine est rude, avec toutes les Carole KING, Carly SIMON, Linda RONSTADT, Chi COLTRANE etc. De plus, une autre Evie se fait remarquer en chanson depuis 1971, de son vrai nom Tornquist-Karlsson, américaine d'origine norvégienne et blonde totale celle-là, mais qui s'illustre plutôt dans un registre chrétien.

Pour notre chère brune au patronyme SANDS, même au niveau de la distribution, c'est compliqué : après A&M, Capitol la major se charge de ce second album, pour le suivant cela changera encore. Mais pour l'heure, cet Estate of Mind est un joli tour de force ; difficile de ne pas le considérer comme un sommet de la discographie d'Evie.
Produit par Dennis Lambert et Brian Potter, duo de songwriters alors pas mal en vue depuis leur signature du hit "One Tin Soldier", repris maintes fois (y compris par COVEN !), l'album de SANDS contient des chansons qui sont en grande partie de leur fait (et le reste du temps par la chanteuse elle-même, avec ou sans Richard Germinaro et surtout Ben Weisman, collaborateur de Dean MARTIN, d'Elvis PRESLEY etc). Sans oublier une liste de musiciens 'gamme supérieure' qui s'y pousse : le batteur Ed Greene, le guitariste Dean Parks, le claviériste Michael Omartian, le saxophoniste Ernie Watts et le bassiste David Hungate pas encore dans TOTO (mais le groupe sera fondé au moment du troisième album, on y reviendra).

Les quelques intonations country du premier album de damoiselle Evie ont disparu, à l'exception de la ballade "Early Morning Sunshine", fort belle et, malgré sa simplicité, soumise à une belle progression mélodique. La fin de Estate of Mind (joli jeu de mots entre 'state of mind', état d'esprit en français, et 'estate', résidence) marque d'ailleurs une légère retombée, quoique sympathique. "(Am I) Crazy Cause I Believe" est une conclusion de qualité avec un solo de Parks à la guitare et un autre de Watts à la flûte traversière, reprenant un rythme latino comme entendu un peu plus tôt sur "The Woman Out of Me". C'est surtout que jusque-là, tout était si excitant ! Allez, peut-être "Love in the Afternoon" n'est-elle pas un chef-d'oeuvre, mais ce sitar de Parks pour riff entêtant, ce sax soprano et cette distinction dans le chant de SANDS, cela vaut le détour.

Si, curieusement, damoiselle Evie semble dans la retenue pour un texte 'chaleureux' comme révélé sur "I Love Makin' Love to You", c'est pour mieux nous surprendre en sensualité, et autour d'elle, ça joue fort entre les cuivres, le synthétiseur ARP d'Omartian doublant la batterie de Greene. Même constat pour le brillant "A Woman's Work is Never Done", SANDS brisant la routine du quotidien des femmes, ne serait-ce qu'avec son excellente prestation (ce falsetto sur le deuxième refrain, miam). Et puis mazette, cette rythmique rock pour un shuffle soul, en ternaire soutenu donc, cette belle dynamique avec des pré-refrains plus calmes, ces soli de guitare, ce piano endiablé !

On se régale tout autant avec le blues-slow velouté de "Take It or Leave It", ponctué de cuivres d'ahord en harmonie solennelle puis d'inspiration plus sexy par la suite, avec ce "You Brought the Woman Out of Me" qui aurait dû apporter autant de récompenses à notre chanteuse qu'à une Carly SIMON ou une Carole KING. On note les percussions sur ce titre-là ainsi qu'un son spatial, plus flamboyant qu'ailleurs encore au cours du disque. La guitare et le sax s'offrent de belles échappées, les cordes planent, bref de la belle ouvrage ! Idem de "One Thing on My Mind" qui penche davantage vers le disco de plus en plus en vogue, avec tempo sixties/Motown mais cowbell d'un côté et synthés baveux de l'autre.

Ecriture et interprétation sont encore mises à l'honneur sur deux autres titres offrant la présence d'un piano Fender Rhodes des plus intelligents, à l'instar des partitions de Hungate, de la batterie. "Yesterday Can't Hurt Me", suave et excellente, est l'une des ballades royales de milieu d'album, mais on est surtout captivés par "Call Me Home Again", unique chanson écrite par SANDS seule. Un slow ternaire plus 'laid-back' (relâché) d'inspiration jazzy, débuté en piano-voix puis de plus en plus riche, avec à nouveau de fortes intentions charnelles dans les paroles, doublure superbe opérée entre piano acoustique et Fender Rhodes, tandis qu'on retrouve l'ARP cosmique. Le chant est déjà impérial, mais on a en plus droit à une coda instrumentale pour marquer la fin de face, jam vraiment classieuse. Comme tout cet album en fait, pas si loin de la note max et à reconsidérer absolument.

4,5

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Evie Sands (chant, claviers, guitare, choeurs)
- Michael Omartian (claviers, synthétiseurs)
- Dean Parks (guitares, sitar)
- David Hungate (basse)
- Ed Greene (batterie)
- Brian Potter (percussions)
- Dennis Lambert (choeurs, percussions)
- Gary Coleman, Victor Feldman (percussions)
- Oren Waters, Ginger Blake (choeurs)
- Julia Tillman, Maxine Willard (choeurs)
- Ernie Watts (saxophones, flûte)
- Dick Hyde, Bud Brisbois, John Audino (cuivres)
- Jerome Richardson, Vince Darosa (cuivres)


1. A Woman's Work Is Never Done
2. Love In The Afternoon
3. You Brought The Woman Out Of Me
4. Take It Or Leave It
5. Call Me Home Again
6. One Thing On My Mind
7. Yesterday Can't Hurt Me
8. I Love Makin' Love To You
9. Early Morning Sunshine
10. (am I) Crazy Cause I Believe



             



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