Fer de lance du rock français, les DOGS possédaient à la fois le style "dandy" et l’énergie pure… J’ai eu la chance de les voir à Montpellier en 2002, en première partie il y avait les COW BOYS FROM OUTER SPACE, leaders d’une nouvelle scène punk-rock bourgeonnante de Marseille. Le leader du groupe, Dominique Laboubée, tenait encore la route mais il devait décéder juste après à cause d'un satané crabe lié aux poumons. Car de tous ces groupes de la fin des années 70 et du début des années 80, les DOGS sont ceux qui ont le mieux vieilli... TELEPHONE, c’est bien quand tu as douze ans (les deux premiers sont écoutables), TRUST, après le troisième album, tombe dans le ridicule. On notera aussi SHAKIN STREET pour un hard rock "punkoïde" bien conduit mais qui n’a pas pérennisé, dommage.

Rattachés plus précisément au punk-rock français, apparus un peu avant d’ailleurs, dès 73, dans la mythique scène rouennaise, les Chiens savaient être plus crédibles, musicalement du moins, que les membres d’ASPHALT JUNGLE (malgré leur trip "junk rock"), peut-être plus "académiques" que les fous furieux à la OLIVEINSTEIN (leurs potes du même terroir) et moins bruitistes que les dingues de METAL URBAIN.

Quand l’album Three is a Crowd sort en 93, on est, en plein boom grunge médiatique. En France, une nouvelle vague de groupes hardcore-grunge-noise remet au goût du jour la poudrière sonique (GARLIC FROG DIET, DRIVE BLIND, CONDENSE, PARKINSON SQUARE…), les grands frères THUGS en tête de course, adorateurs éternels des Chiens fous. Sûr que nos DOGS qui frappaient fort dans les early seventies ne vont pas s’aventurer dans une surenchère bruyante qui n’aurait pas été appropriée.

Mais le groupe américain qui relie la vague de 77 et celle des années 90, est bien évidemment les STOOGES. Et l’album se conclut sur une reprise enjouée et de façon très personnelle de l’hymne "I Wanna Be Your Dog" de qui vous savez, oubliant cependant l’agressivité du morceau originel, mais qui est loin d’être désagréable. En dehors du gang d’IGGY, les références au "garage rock sixties", aux FLAMING GROOVIES et au VELVET UNDERGROUND ressortent sur ce disque qui oscille entre punk, garage, new wave, power pop…

L’étonnant post-punk "The Price of Mind" dégage une certaine noirceur que l’on n’avait pas écoutée depuis l’électrique "Walking Shadow". "Super Price" sonne garage (mais sans le son qui va avec justement, dû à une production bien trop proprette). Morceau sympathique mais pas très transcendant. "Three is a Crowd" lorgne vers les rivages folfy-punk des ONLY ONES. Le refrain agréable de "Back From Nowhere" nous transporte gaiement. Plus syncopé, "Today Sounds Like Yesterday" respire une fraicheur garage remis au goût du jour, ainsi que "Noise Therapy".

"Skydogs" semble être une ode au fameux label proto-punk de Marc zermati. Ce titre instrumental est thunderien en diable. Ce côté JOHNNY THUNDERS se retrouve dans la ballade tribale, avec l’utilisation savoureuse d’un harmonica de "Never Been In Love", ou celle de "The End of the Gang" rappelant les heures intimistes du guitariste des NEW YORK DOLLS sur "Hurt Me". La facette poupées de New York se retrouve sur la bonne secousse de "19 Again", surtout le final, le reste de la chanson ayant visiblement été influencé par les FLAMING GROOVIES.

Un rock and roll classe et aimable, loin cependant des œuvres antérieures à la Walking Shadows.