On vous dira : "La France n’est pas un pays de rock, aucun de nos groupes n’est parvenu à se faire une réputation en dehors de l’hexagone, blablabla…". Je vous le dis : les mécontents trouveront toujours des raisons de râler et de se plaindre. Pour ceux qui ont choisi de voir le verre à moitié plein, je leur conseille vivement de jeter une oreille attentive au skeud que vous zieutez avec appréhension. Mais qu’est-ce donc ? Ah ! Chers camarades ! Nous nous préparons-là à rentrer dans le saint des saints du rock français. Le Graal du rock franchouillard pour les mini-Indiana Jones de la musique que nous sommes ! Je vous présente donc les DOGS. Absolument : "Les" et non pas "The", on n’est pas chez les rosbifs ici, et on est fier de nos racines, même si on chante en anglais ! Soyons sérieux, le français n’est pas une langue de rock… Cela se saurait depuis le temps.

Alors nous voilà confrontés à un vrai garage band normand, des Rouannais pour être exact. Le groupe doit son existence à l’homme qui lui est indispensable : Dominique LABOUBÉE de son petit nom, une grande bringue charmante dans la vie quotidienne, mais ne vous y trompez pas, un pur et dur, un vrai de vrai, excellent guitariste, remarquable compositeur, chanteur émérite et leader des DOGS. Vous allez me dire : ok c’est sympa tout ça ! Et alors ? Alors les gars ? Vous tenez entre vos mains l’épicentre, la quintessence du rock’n’roll à la frenchie ! Ne craignez rien, j’envoie la sauce sans plus attendre. Gorgés de rock’n’roll, dans une attitude que ne renieraient pas les punks de l’époque pour lesquels ils ouvrirent, comme les INMATES, voilà dix pépites à savourer sans modération.

Tout d’abord, nous avons des hymnes de rock’n’roll comme "Maureen" ou "Little Johnny Jet", qui raviveront les souvenirs des nostalgiques des 50s’ avec un son gras et chaud ! Des hymnes vous dis-je ! Et comme preuve de ce que j’avance, pointez donc une oreille sans concession vers la reprise de Gene VINCENT présente sur le skeud : "Bird Doggin’" la bien nommée, conforme à l’originale, mais sublimée par le son des Normands et transfigurée par un solo exceptionnel de Dominique ! Putain ! Ça c’est du rock, du putain de vrai rock qui balance et qui tue ! Personnellement, une de mes chansons préférées et un must pour les amateurs de rythme lent et haché. Un miracle pour le sol français !

Mais nous avons aussi des intrusions dans des registres plus pop comme sur le magnifique "Be My Lover" dont le refrain tourne souvent dans ma tête de décérébré… Mais l’accoutumance est telle que cette came n’a sur moi que des effets positifs. Je vous conseille vivement cette petite merveille d’harmonie, qui trouve toute son originalité dans l’emploi d’un xylophone au son mat et doux en guise de base mélodique.
Quelques influences britannico-scarabéennes sont à noter – nous ne sommes finalement qu’en 83 ! –, comme sur le catchy "Can’t find my way", ou le touchant "If you don’t want me no more". Mais on œuvre toujours dans un ensemble où l’agressivité est omniprésente, malgré la douceur de la voix de Dominique.

La section rythmique tenue par Hugues et Michel fait des merveilles, et Antoine à la guitare rythmique joint ses forces au charismatique leader des Chiens. Une cohésion exemplaire, et un réel plaisir à jouer tous ensemble. Mais n’est-ce pas finalement le but de tout musicos ? J’avoue une faiblesse toute particulière pour le titre "Never come back" et son lick de guitare flamboyant. Et c’est à peine si les sonorités orientales de "Secrets" choisi pour être le hit single de l’album troublent l’harmonie qui se dégage de ce Legendary Lovers qui porte bien son nom : Légendaire !