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- Style : Bob Dylan , Captain Beefheart

Tom WAITS - Heartattack And Vine (1980)
Par K-ZEN le 30 Décembre 2024          Consultée 190 fois

Après l’enregistrement de Blue Valentine, Tom WAITS se prépara à partir de nouveau en tournée.

Accompagné d’un groupe inédit à fort accent néo-orléanais, le chanteur est déterminé à renforcer la théâtralité du spectacle qu’il propose, utilisant à cette fin un décor inspiré d’une toile d’Edward Hopper nommée Gas dépeignant une station-service, laquelle apparaissait déjà sur le cliché arrière de Blue Valentine. Validant ainsi un jeu d’équilibriste entre domination et séduction, WAITS y plaque sa récente conquête Rickie Lee JONES, blouson rouge et longue chevelure blonde comme seuls indices apparents, contre le capot d’une Thunderbird modèle 1964.

Le Californien est largement échaudé par les tournées, et celle-ci ne déroge pas à la règle, amenant son lot de frustrations, malgré le triomphe auprès du public. Un dernier disque non distribué à Minneapolis, un vol sur les planches à Valparaiso ou encore un achat de cocaïne dangereux à Miami – événement qui va le faire réfléchir à propos du sujet drogues –, tout cela s’ajoute aux critiques grandissantes concernant les chansons jouées ainsi que l’impossibilité d’écrire sérieusement. C’est toutefois bien en tournée – européenne cette fois – que WAITS accélère sa rupture avec le trio jazz et la versification beat. Il le confie à la presse, confirmant sa volonté d’élaborer un album R & B et qu’il est maintenant prêt à hurler. Sa visite de l’Australie lui offre un terrain de jeu parfait afin de déconstruire son répertoire auprès d’une audience conquise.

À son retour à Los Angeles, il retrouve une Rickie Lee JONES ayant rencontré un succès immédiat via Chuck E’s in Love mais confrontée à l’héroïne. Warner mettait les petits plats dans les grands pour le premier longue-durée de JONES à venir, conviant ainsi Dr. JOHN, Randy NEWMAN ou encore Jeff PORCARO à la batterie. Peut-être WAITS est-il un peu jaloux de cela, alors que lui-même est en délicatesse avec son propre label. Malgré tout, la consommation de la jeune femme va crescendo alors que WAITS se détache progressivement jusqu’à l’inéluctable rupture qui la laisse désemparée, voir son aigre second album Pirates afin de s’en faire une idée concrète.

En plein désarroi personnel et artistique (plus d’un an sans disque, un délai inhabituel pour lui), WAITS est assailli de pensées sombres et sent qu’il doit faire quelque chose. Il quitte donc le Tropicana puis décide d’aller vivre à New York. Même s’il est un parfait citadin, il n’y trouve pas réellement sa place, ne parvenant à finaliser ni la transition musicale qu’il souhaite ni le changement personnel avec une consommation d’alcool toujours importante. Un coup de fil de Francis Ford Coppola change la donne.

Le réalisateur américain, suite à l’épique métaphysique irradiant Apocalypse Now, souhaite tourner son nouveau film One From the Heart (alias Coup de Cœur en français) à Las Vegas, long-métrage dont l’histoire s’articule autour d’amours contrastées au sein d’une ville pouvant passer des paillettes à la dépression dans la demi-seconde. Lorsque son fils lui a fait écouter "I Never Talk to Strangers", le réalisateur a eu le déclic : il lui fallait WAITS pour la bande-son. Seulement, le chanteur est tiraillé, à la fois flatté par cet intérêt mais gêné à l’idée de retourner sur des terres qu’il ne veut plus fouler. Une vie new-yorkaise finalement décevante se matérialisant concrètement via un appartement minuscule et un hiver rigoureux ainsi que les arguments de David McGee le convainquent de regagner la Côte Ouest. Après quelques soucis contractuels liés au projet, WAITS est installé dans une réplique de son bungalow du Tropicana aux studios Zoetrope.

Il y voit sa vie basculer, rencontrant de nouveau une jeune femme blonde déjà croisée au Nouvel An précédent. À l’opposé de Rickie Lee, la très mature Kathleen Brennan lui offre la stabilité dont il a besoin. En 1980, apaisé, il écrit un disque histoire de se changer les idées après les revirements de Coppola qui commencent à l’agacer. Cet album soldant les comptes avec Elektra/Asylum se veut un panachage de titres non utilisés complété par des compositions inédites oscillant entre R & B et ballades.

Comme souvent avec ce type d’album, l’ensemble souffre un peu de son caractère bigarré et manque de continuité en plus de valider le choix d’écarter certains morceaux. "In Shades", instrumental joué au cours de la tournée de 1979, n’est pas désagréable mais tourne légèrement en rond. WAITS dénigrera ensuite "Saving All My Love for You", rescapé de Foreign Affairs. Quant à la naïve ballade sur une rivière forestière "Jersey Girl", elle se verra réappropriée par SPRINGSTEEN qui la jouera abondamment en live.

Néanmoins, quelques morceaux restent hautement recommandables. "Heartattack and Vine" inaugure ce chant hurlé et le style blues-garou à la BEEFHEART qui deviendra le sien sur la décennie à venir. Un blues sec et péguant comme on dirait par chez moi. "’Til the Money Runs Out" est tout aussi cru, rockabilly minimal illuminé d’un orgue. Illustrations d’une nouvelle collaboration quelque peu tumultueuse conviant Jerry YESTER, "On the Nickel", chanson-thème du documentaire éponyme de Ralph Waite sorti en 1979 diffuse une émotion sincère et véritable à l’instar de "Ruby’s Arms", adieu à son ancienne vie et geste d’apaisement envers Rickie Lee (Tu trouveras un autre soldat).

Heartattack and Vine fait figurer en tête de gondole un WAITS contracté digne d’un James CHANCE dont Kathleen lui aurait apparemment présenté le groupe. Le disque sort en septembre 1980 et marche mieux que Foreign Affairs et Blue Valentine mais échoue à convaincre les pontes d’Elektra/Asylum. Qu’importe. Le chemin tumultueux que s’apprête à prendre WAITS se fera avec un autre partenaire.

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   K-ZEN

 
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- Tom Waits (chant, guitare, piano)
- Bob Alcivar (arrangements de cordes et d’orchestre)
- Ronnie Barron (orgue, piano)
- Roland Bautista (guitare)
- Greg Cohen (basse)
- Victor Feldman (percussions, carillon, glockenspiel)
- Jim Hughart (basse)
- Plas Johnson (saxophone ténor et baryton)
- Michael Lang (piano)
- Larry Taylor (basse)
- 'big John' Thomassie (batterie)
- Jerry Yester (arrangement d’orchestre)


1. Heartattack And Vine
2. In Shades
3. Saving All My Love For You
4. Downtown
5. Jersey Girl
6. ‘til The Money Runs Out
7. On The Nickel
8. Mr. Siegal
9. Ruby’s Arms



             



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