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The BLACK DOG - Sleep Deprivation (2024)
Par STREETCLEANER le 30 Décembre 2024          Consultée 676 fois

Sleep Deprivation (Privation de sommeil) réunit une somme de travaux qui ont commencé en 2006, nous dit The BLACK DOG, à une époque où nos habitudes de sommeil étaient radicalement modifiées par des déplacements constants et des concerts tard dans la nuit. Ce cycle incessant de sommeil interrompu est devenu une partie persistante de nos vies et, au fil du temps, nous avons remarqué quelque chose : notre musique est devenue plus émotionnelle, brute et vulnérable.(1) Effectivement, on retrouve déjà les premiers travaux liés à la privation de sommeil sur l’album Music For Real Airports de 2010 ("Sleep Deprivation 1 & 2"), les déplacements incessants par voie aérienne, y compris de nuit, étant l’occasion d’aborder ce thème.

C’est la première fois que le trio de Sheffield aborde l’ambient de cette manière, on va dire d’une façon classique, sans beat, et qui vise exclusivement au développement d’une sensation de sérénité et d’apaisement ; et Sleep Deprivation s’avère de ce fait un remède approprié pour trouver l’endormissement. Ceux qui apprécient, par exemple, l’album Inland de Tetsu INOUE pourraient largement y trouver leur compte quoique Sleep Deprivation capte par certains moments des atmosphères plus sombres, proches de celles de "Ambient 4 – On Land" de Brian ENO, je pense notamment à "Sleep Deprivation 16 : Null". Nous ne sommes pas ici dans un registre à la ENO au moment de son célèbre Ambient 1 - Music For Airports, mais plutôt sur une mosaïque d’impressions sonores qui se différencient les unes des autres, tout en participant d’un motif commun final rappelé précédemment.

Il est toujours complexe de définir ce qu’est un bon album d’ambient. Parfois, on entend des critiques qui qualifient tel ou tel disque d’ambient 'd’ennuyeux'. Mais comment une musique qu’on est censé ne pas écouter de manière attentive peut-elle l’être ? En rock, on sait apprécier un bon riff, un bon refrain, un bon solo etc. Mais en ambient ? Peut-être que plus que toute autre musique celle-ci fait appel à des ressorts cérébraux énigmatiques qui vont se déclencher ou pas. Moi-même, je reste parfois indifférent à un album d’ambient pourtant réputé et qui suscite l’engouement de tant d’autres (c’est le cas de la majeure partie de la discographie de LUSTMORD); c’est la preuve que la façon dont la musique nous appelle reste encore enveloppée de mystère et c’est peut-être mieux qu’on ne comprenne pas tout.

La musique de Sleep Deprivation contraste de manière étonnante avec l’imagerie qui l’illustre, celle d’une voiture accidentée et d’un bouquet laissé au bord de la route, placé traditionnellement où la mort a été rencontrée. S’agit-il alors d’une musique qui flotte parce qu’elle tente de se tourner vers le ciel à la manière des âmes qui s’élèvent comme dans les expériences de NDE (EMI) suite à un accident ? Quoi qu’il en soit, le trio de Sheffield nous a concocté un album excellent. Sorti début novembre 2024, Sleep Deprivation est vite devenu un de mes albums préférés dans le style.

Côté classical, "Sleep Deprivation 05 : The Slow Cancelation of the Future" qui ouvre l’album nous immerge immédiatement dans un univers liquide et cristallin de toute beauté ; s’enchaîne un "Sleep Deprivation 06 : The Future is now the Past" semblant sorti de l’univers sonore spatial et futuriste de Roly PORTER, les effets de cordes n’étant pas sans rappeler la puissance romantique wagnérienne : superbe composition !

Côté anticipation, "Sleep Deprivation 20 : Floatation" peut évoquer le Los Angeles éclairé, la nuit, de Blade Runner et "Sleep Deprivation 07 : Generic Protocol" n’en est pas loin non plus.

Côté plus obscur, en sus de "Sleep Deprivation 16 : Null", "Sleep Deprivation 10 : New Times End", tout en conservant des textures captivantes, s’avère un passage inquiétant, typiquement l’endroit où flotte l’incertitude de notre destinée avant que la lumière n’apparaisse, un endroit de confusion et de brumes qu’il va falloir lever. "Sleep Deprivation 11 : The Failure of Modernity" pas plus rassurant, semble nous projeter dans un environnement urbain post-apocalyptique, possiblement ce qu’il reste d’une humanité qui s’est effacée, c’est un décor de ruines au-dessus duquel des nuages sombres ne laissent aucune chance à la lumière.

Côté élégance, "Sleep Deprivation 17 : Deep Isolation" est une montée de drone d’une incroyable beauté où des notes justes rebondissent puis s’évaporent ; dans "Sleep Deprivation 19 : Human Latch" un pattern de notes fantomatiques et réverbérées tournant en boucle finit englouti dans les grésillements de drone et de vent alors que "Sleep Deprivation 12 : Airport 3" pourrait être une contre-proposition hautement pertinente au Music For Airports de ENO.

S’il serait un peu long de tout décrire, il faut retenir que Sleep Deprivation est un album incroyablement beau et immersif ; il peut être écouté de manière inattentive mais nul doute qu’il finira par capter l’attention de l’auditeur. Cet album ne révolutionne pas le monde de l’ambient mais il est tellement bien réalisé, les détails sont tellement soignés qu’il est, à mon sens, devenu un indispensable pour tout amateur du genre. The BLACK DOG n’en finit pas de produire des albums de qualité et 2024 a vu le trio sortir à quelques mois d’intervalles deux albums indispensables pour les amateurs du genre : Other, Like Me (juin) et Sleep Deprivation (novembre).

A noter que le téléchargement de l’album sur Bandcamp permet d’acquérir 4 titres bonus.

Note : 4.5/5

(1) Le groupe ajoute : Le sommeil, ou son absence, affecte tous les aspects de la vie et son influence sur notre processus créatif était indéniable. Pour cet album, nous avons choisi d’embrasser cette intensité émotionnelle, lui permettant de prendre le devant de la scène sur les arrangements traditionnels. La privation de sommeil brouille les lignes de la logique, et la partie du cerveau qui gère habituellement la structure et l’ordre commence à vaciller. Dans cette brume, des sentiments plus profonds remontent à la surface, non filtrés et sincères.

Avec cet album, nous avons cédé à cette expérience, laissant le chaos émotionnel façonner la musique, et le résultat est une exploration de ce qui se passe quand on est poussé à ses limites, tant physiquement que créativement.

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- Ken Downie
- Martin Dust
- Richard Dust


- movement 1
1. Sleep Deprivation 05: The Slow Cancelation Of The
2. Sleep Deprivation 06: The Future Is Now The Past
3. Sleep Deprivation 07: Generic Protocols
4. Sleep Deprivation 08: Stockhausen Was Right
- movement 2
5. Sleep Deprivation 09: Consumer Tethering
6. Sleep Deprivation 10: New Times End
7. Sleep Deprivation 11: The Failure Of Modernity
8. Sleep Deprivation 12: Airport 3
9. Sleep Deprivation 13: Core Planning
- movement 3
10. Sleep Deprivation 14: Rem Kiss
11. Sleep Deprivation 15: Agency
12. Sleep Deprivation 16: Null
13. Sleep Deprivation 17: Deep Isolation
- movement 4
14. Sleep Deprivation 18: Shuggy
15. Sleep Deprivation 19: Human Latch
16. Sleep Deprivation 20: Floatation
17. Sleep Deprivation 21: Internal Sunrise



             



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