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Debbie GIBSON - Anything Is Possible (1991)
Par MARCO STIVELL le 16 Février 2025          Consultée 260 fois

Une carrière peut changer de rang du jour au lendemain, même si ce critère s'étale sur un an. Debbie GIBSON le sait trop bien, elle qui, pourtant, vient de recevoir une belle récompense d'auteur-compositeur-interprète de l'année 1990 aux ASCAP (équivalent nord-américain de notre SACEM) Music Awards, ex-aequo avec l'immense Bruce SPRINGSTEEN. Il y avait de quoi, vu le succès d'Electric Youth (son deuxième album en 89), sa tournée planétaire qui ajoutait des décors aux danseurs, son aspect pop-rock pas loin d'être irréprochable et venant couronner une notoriété obtenue si jeune. Elton JOHN et Billy JOËL, deux de ses idoles, l'ont même fait monter sur scène pendant un de leurs concerts en commun ! Et Michael JACKSON lui offre une présence de premier plan dans son clip "Liberian Girl", d'ailleurs elle apparaît juste après la mini-réunion touchante John Travolta/Olivia Newton-John dansant comme dix années plus tôt ensemble ; chose rigolote, quand on sait que le rôle de cette dernière, plus tard, dans Grease en version Broadway, échoira à... Debbie !

Oui mais voilà, bien que la force médiatique de son ascension ait été rapprochée de celle de TIFFANY par simple jeu médiatique, pour en faire deux rivales, fausses bien sûr (elles deviendront amies plus tard), cette dernière s'est vue impactée en 1990 par un revers de bâton et un désintérêt public fort, avec la sortie de son troisième album, New Inside, et le destin veut qu'il en soit de même de miss GIBSON, l'année suivante. À peine plus âgée que la rousse TIFFANY, notre blondinette sort son numéro trois à elle, Anything is Possible. Un bon changement de registre pour elle aussi, plus 'adulte' avec, il faut bien le dire, une pochette des plus charmeuses et charmantes. Et un élément prestigieux en la personne de Lamont Dozier, du trio sacré Holland-Dozier-Holland, auteurs-compositeurs fétiches de la Motown avec de nombreux tubes à l'appui pour les SUPREMES, les FOUR TOPS ou encore MARTHA AND THE VANDELLAS, au cours des années 60.

Durant les eighties, Dozier avait accompli une nouvelle poignée de collaborations marquantes, Alison MOYET d'abord ("Invisible", tube de 1984) puis Phil COLLINS ("Two Hearts" pour la B.O du film Buster en 1987). Ici, ce sont quatre morceaux co-signés et co-produits avec Debbie GIBSON, quand elle-même ne se charge point de tout cela seule, comme pour le reste de Anything is Possible. Elle a juste rappelé Fred Zaar, architecte de ses deux premiers albums best-sellers, pour la production du morceau "Stand Your Ground". Cela reste donc son projet à elle, déjà bien affirmée en termes créatifs depuis l'âge de 16-17 ans, ainsi qu'on l'a pu voir. Hélas, malgré des musiciens bien choisis, Dozier l'assistant aux claviers et programmations, avec des participations de Carlos Alomar (David BOWIE) aux guitares comme de Paul Buckmaster (Elton JOHN) pour des arrangements orchestraux, il est clair que ce troisième album manque sa cible.

Il est d'abord trop long (73 minutes trente) dans sa volonté de s'accorder au format CD, quelque peu victime de son époque avec les productions électroniques et le hip-hop flirtant ensemble. On le voit bien sur "Reverse Psychology", un des quatre titres avec Dozier, son funk lent et ses effets 'fun', avec une Debbie qui s'essaie même au rap, chose qu'on valide car, dans la lignée de TIFFANY, elle ne peut que bien le faire et elle dirige sa musique d'une façon telle que ça s'entend. Un faux saxophone s'ajoute sur le pont, preuve qu'elle n'a alors pas tout laissé derrière elle. D'ailleurs, au même titre que le guitariste Ira Siegel sur plusieurs titres, miss GIBSON réembauche son 'vrai' sax fétiche, Adam Tese, que l'on entend bien, omniprésent sur "Deep Down", efficace et exotique, gospel et roulant.

Quelques cuivres, arrangés par Jerry Hey (le même que pour Thriller de vous-savez-qui, entre nombreux autres, ou le brillant Shadows and Light de WILSON PHILLIPS sorti un an plus tard), font merveille mais de manière isolée (à l'instar du sax), hélas, sur "It Must've Been My Boy" et son mélange latino-rhythm'n'blues, si bien adapté à notre petite chanteuse, et qui aurait bien mérité le succès d'un "Got My Mind Set on You" version George HARRISON. On retrouve le même tempo avec davantage de guitares et de castagnettes sur le titre suivant, "Lend Then Home, My Dreams", qui ferme dignement une première partie énergisante du disque. Car oui, et c'est peut-être ce qui n'a point aidé à son succès : les morceaux pêchus sont séparés des ballades, respectivement avec d'abord une face 'NRG' et une deuxième 'Mood Swings' !

Il y a également peut-être le fait d'avoir choisi pour premier single "Anything is Possible", premier des trois titres avec Dozier à la suite, le quatrième étant ce "It Must've Been My Boy", sexy et si bon avec cette jalousie féminine (à l'encontre d'une autre amoureuse 'élue' à sa place) mais même pas édité à part de l'album, lui ! Le morceau éponyme est certes plus moderne, branché funk-dance, où GIBSON use d'un chant faussement distant sur plusieurs canaux, avant de nous faire fondre avec une voix de tête, à tomber. Néanmoins, rien de plus remarquable autrement que sur "One Step Ahead", trop forcé en lorgnant vers MADONNA ; pourtant, chose assez curieuse avec le recul, toujours meilleur que bien des singles lambda publiés de nos jours !

Il y a néanmoins, malgré les efforts de Debbie au chant et pour le reste, du très basique dans cette partie 'NRG', et c'est encore le cas de la partie 'Mood Swings'. Le morceau éponyme d'ailleurs, même si l'idée est bonne, en fait partie. "This So-Called Miracle", trop long, alourdit la fin d'ensemble (point commun avec le disque de TIFFANY, tiens !). Cependant, quels plaisirs que cette voix et cette harpe soliste ! Paul Buckmaster enveloppe joliment la chanteuse de ses cordes mythiques sur "Sure" et "One Hand, One Heart", délicats et du plus bel effet, à fleur de peau, parmi les plus beaux moments de l'album si l'on excepte les pianos digitaux en vogue, bien trop formels. A contrario, la boîte à rythmes n'enlève rien à la sympathie suscitée par "Negative Energy" !

Debbie GIBSON s'y démultiplie avec des prouesses de chanteuse merveilleuse qu'elle est, idem de "Where Have You Been?", finement écrite et chaloupée, avec une guitare inspirée, des cordes signées Buckmaster adaptées. Et que de points positifs encore du même genre, arpège de 12 cordes, ronronnements d'orgue Hammond (Gary Corbett du groupe glam metal CINDERELLA), percussions, batterie, guitare électrique cosmique etc., pour des progressions mélodiques avenantes et toutes à l'honneur de la chanteuse souriante, sur ces "Try"/"In His Mind" absolument magiques, justifiant à eux seuls le détour ? Une oeuvre déséquilibrée à cause de sa durée et de ses choix de production, avec du quelconque mais heureusement plus de qualité supérieure, pas assez pour faire date. Au moins, Anything is Possible est disque d'or aux Etats-Unis (loin des records précédents), au Japon et en Malaisie, le morceau-titre se classe 26ème dans les charts US et marche au Canada.

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   MARCO STIVELL

 
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- Debbie Gibson (chant, choeurs, piano, programmations clavi)
- Lamont Dozier (programmations, claviers, choeurs)
- Fred Zarr, Hense Powell (programmations, claviers)
- Andrew Zulla, John 'jellybean' Benitez (programmations)
- Ed Terry (synthétiseurs)
- Gary Corbett (orgue hammond b3, claviers)
- Carlos Alomar, Ira Siegel (guitares)
- Paul Pesco (guitare)
- Eluriel 'tinker' Barfield (basse)
- Doug Stegmeyer, Freddie Washington (basse)
- Margaret Ross (harpe)
- Fred Levine, Quentin Dennard (batterie)
- Bashiri Johnson (percussions)
- Adam Tese (saxophone alto, percussions)
- Paul Buckmaster (arrangements orchestraux)
- Jerry Hey (arrangements des cuivres)
- Jocelyn Brown, Connie Harvey (choeurs)
- Michelle Cobbs, B.j. Nelson (choeurs)
- Keeth Stewart, Carrie Johnson (choeurs)
- Robin Clark, Fonzi Thornton (choeurs)
- Freddie Jackson, Yolanda Lee (choeurs)
- Jesi Forte, Dennis Collins (choeurs)
- Libby Johnson (choeurs)


1. Another Brick Falls
2. Anything Is Possible
3. Reverse Psychology
4. One Step Ahead
5. Stand Your Ground
6. Deep Down
7. It Must've Been My Boy
8. Lead Them Home, My Dreams
9. One Hand, One Heart
10. Sure
11. Negative Energy
12. Mood Swings
13. Try
14. In His Mind
15. Where Have You Been?
16. This So-called Miracle



             



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