Recherche avancée       Liste groupes



      
POP  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


Debbie GIBSON - Think With Your Heart (1995)
Par MARCO STIVELL le 8 Mars 2025          Consultée 168 fois

La période 1993-94 est hélas un peu creuse pour Debbie GIBSON qui choisit de ne point partir en tournée pour son album Body, Mind, Soul, voyant le grand public lui tourner le dos pour de bon, quand bien même elle fait des choses sympa. Et cela dit, ça vaut également pour le versant underground : pendant l'enregistrement de son nouvel album, le groupe punk The CIRCLE JERKS alors sur le retour, l'invite à faire des choeurs sur son titre "I Wanna Destroy You" (album Oddities, Abnormalities and Curiosities, 1995) des plus chouettes. Elle le rejoint même sur scène lors d'une de leurs performances au CBGB, le sanctuaire new-yorkais de cette musique. Bien sûr, les petits excités-cramés en masse du rock ne l'écoutent pas autrement et n'iront pas acheter ses albums, mais c'est une petite parenthèse qui ne fait que s'ajouter à ce pourquoi on l'aime.

Enregistré après son départ de la major Atlantic, sur une année de décembre 93 à décembre 94, Think With You Heart est le premier album de Debbie GIBSON publié par EMI Records (via SBK), mais également le dernier. Nul besoin de donner les raisons à cela, ce sont les mêmes que décrites plus haut en intro de cette chronique, en pire encore. Une pochette aussi solaire et un titre aussi sentimental ne pouvaient que contenir un album de ballades, et c'est ce qui nuit au projet, quand bien même on parle d'une vraie artiste qui sait donner d'elle, y compris là où cela sonne le plus monotone. Dommage car il y avait là encore un vrai travail de fond, cette fois en tant que productrice seule, mais bien aidée en arrière-plan par Niko Bolas.

Bien que ce ne soit pas le nom le plus connu du milieu, le bonhomme a un petit pédigrée des plus honorables, ayant débuté avec l'enregistrement de Creatures of the Night du groupe KISS (1982), puis devenant l'ami de Jeff Porcaro, regretté batteur de TOTO qui a tenu à le voir figurer sur la pochette de leur album Kingdom of Desire (1992). Entretemps, Bolas a travaillé sur quelques 'premiers albums de' (Steve Perry hors JOURNEY et en solo, Melissa ETHERDIGE) et a surtout repris en main la carrière de Neil YOUNG au sortir d'années 80 peu appréciées par le public du Loner (il restera encore longtemps avec lui). En ce milieu de nineties, il travaille encore pour les CIRCLE JERKS et c'est à lui que Debbie doit la collaboration susmentionnée.

Seulement, encore une fois, avec Think With Your Heart, paru à l'été 95, l'artiste n'a jamais été aussi loin non seulement du punk certes, mais de soi-même ! Un tel enchaînement de ballades, pour elle, c'était encore une façon de se sortir des choix de production de ses deux albums précédents qui pouvaient dérouter tant de monde, temporairement du moins puisqu'elle y reviendra ensuite. Néanmoins, il y a là un esprit de facilité, trouvable jusque dans les deux singles qui étaient censé aider à faire décoller les ventes mais qui semblent avoir été un peu vite choisis ; ce sont les deux premiers titres de l'album, dans l'ordre en plus !

Après, "For Better or Worse", on le comprend sans trop de mal, tellement il ouvre l'ensemble sous les meilleurs auspices, avec cette voix seule au départ (inattendu, ça, pour le coup !), rejointe par le piano et ensuite progressant comme un slow country fin, pimenté quelque peu par la batterie, porté moins par les cordes que par Debbie elle-même. Naturellement, ce single à pochette exquise, réservé aux radios, en plus de son insuccès franc, ne figure par sur le Greatest Hits qu'Atlantic publie la même année. Une réussite néanmoins, à laquelle "Didn't Have the Heart" s'enchaîne bien mais pour un résultat moindre, la faute à des cordes trop marquées cette fois, alors que notre chanteuse se double d'une très jolie seconde voix.

Le même point positif se retrouve sur "Can't Do It Alone", déjà plus efficace et dont on se demande comment lui n'a pas figuré en deuxième choix de single. Avec tant de bons effets divers en plus, de la mandoline à l'esprit fin de film romantique, soirée de gala, couple qui s'embrasse depuis un perron avec vue sur un lac sur lequel éclate le feu d'artifice ! Il y a du mignon et caressant ensuite, "Think With Your Heart", "Two Young Kids", "Will You Love Me Tomorrow?", une reprise des SHIRELLES (écrite par le couple Carole KING/Gerry Goffin).

Rien toutefois d'aussi beau que cette conclusion en grâce et elle aussi très 'soirée de rêve', avec l'interlude amenant la prise de place des musiciens (le London Session Orchestra), et ensuite ce "Let's Run Away" d'anthologie. Petites percussions, chaleur d'été ornent cette mélodie un peu sombre toutefois, interprétée de main de maîtresse par Debbie et mourant en douceur après cinq minutes de belle apesanteur.

D'autres moments forts de ce disque, outre leur côté 'chanteuse et son piano' toujours enchanteur, leur touche gospel-épique sans excès, sont "You Don't Have to See" et "Dancin' in My Mind" grâce au saxophone ténor de Richie Cannata. On a vite dit que cet instrument formait un duo parfait avec la voix de Debbie, et en plus d'avoir auprès d'elle ici un accompagnateur phare de son idole Billy JOEL, on profite là des derniers (hélas) moments de ce calibre jusqu'alors réguliers, par rapport à la suite de sa carrière.

Surtout qu'après Billy, c'est d'Elton JOHN, l'autre idole dont on parle pour ce fantastique "Dontcha You Want Me Now" qui élève le tempo au milieu du reste et propose un rock-gospel dans l'esprit total du chanteur à lunettes excentrique. Les cuivres menés par Cannata sont de sortie, le tambourin endiablé est ajouté à la batterie, et sur cette fin épique, Debbie montre au piano qu'elle a bien de qui tenir. Du grand art, même si presque totalement isolé ; sachant que la demoiselle, pour un autre projet cool, apparaît au même moment dans un épisode de la sitcom Step by Step/Notre Belle Famille, jouant son propre rôle et interprétant cette chanson en live, qui aurait dû porter l'album...

On retrouve les cuivres en pagaille sur un dernier effort dont on déplore la trop grande rareté ici, à savoir "Too Fancy", orienté jazz New Orleans/music-hall, un peu court mais sexy, dont la progression achève de nous convaincre que Debbie GIBSON, bien adulte désormais, peut vraiment briller sur les scènes de Broadway ou de burlesque. Pour lui faire écho, en bonus de l'album au Japon seulement (seul pays qui garde une place à la chanteuse dans ses classements), on trouve "Call Yourself a Lover", très chouette tout comme "You Know Me" au rythme tribal et chaleureux. Deux efforts écartés qui auraient pu largement aérer ce disque, enfin...

A lire aussi en POP par MARCO STIVELL :


TEXAS
The Conversation (2013)
Retour réussi




FLEETWOOD MAC
Behind The Mask (1990)
Country et aor


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Deborah Gibson (chant, piano, claviers)
- Steve Rosen (claviers, orgue hammond, piano)
- Ira Siegel (guitares)
- John Leventhal (guitares, mandoline)
- T-bone Wolk, Bob Cranshaw (basse)
- Steve Jordan (batterie)
- Russ Kunkel (batterie, percussions, congas)
- Bashiri Johnson (percussions)
- Richie Cannata (saxophone ténor)
- Arno Hecht (saxophone baryton)
- Ozzie Melendez (trombone)
- Alan Chez (trompette)
- Shelley Woodworth (hautbois)
- May Pang (arrangements des cordes)
- Gavyn Wright (violon solo)
- The London Session Orchestra (cordes)
- Robin Clark, Michelle Cobbs (choeurs)
- B.j. Nelson, Diva Gray (choeurs)
- Fonzi Thornton (choeurs)


1. For Better Or Worse
2. Didn't Have The Heart
3. Will You Love Me Tomorrow?
4. Dancin' In My Mind
5. Dontcha Want Me Now
6. Can't Do It Alone
7. Think With Your Heart
8. Too Fancy
9. You Don't Have To See
10. Two Young Kids
11. Interlude/tony's Rehearsal
12. Let's Run Away



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod