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Debbie GIBSON - Deborah (1997)
Par MARCO STIVELL le 9 Avril 2025          Consultée 186 fois

1997 marque la fin de la carrière régulière de Debbie GIBSON, en tant que chanteuse pop et au niveau discographique. Dix ans après ses débuts en force et classe, la demoiselle qui a tout juste dépassé le quart de siècle doit se rendre à l'évidence : ça ne marche plus, rien n'y fait. Deborah, son nouvel album créé hors des majors du disque et pratiquement auto-distribué par le label Espiritu, créé pour la forme, ne sort que trois singles, dont "Moonchild" qui passe inaperçu mais donne un nouveau nom au disque pour le Japon, seul pays d'ailleurs où "Naturally" est édité en extrait.

Le principal demeure "Only Words", single sur lequel tout est misé pour voir revenir Debbie GIBSON aux grands succès. Les journaux américains consacrés soulignent au moins un retrait momentané de l'esprit 'ballades' du précédent album (Think With Your Heart, 1995) pour aller de nouveau vers la dance-pop des débuts de sa carrière. On entend les voix des producteurs au début ; toujours active en ce sens, Debbie se fait aider ici par ses musiciens Steve Rosen, Richard Drummie (du groupe anglais GO WEST assez célèbre quelques années plus tôt, notamment pour avoir participé à la B.O du film Pretty Woman), ainsi que Mark Portmann qui aura dans son CV d'autres grands noms tels que Céline DION et (dans une moindre mesure) Josh GROBAN.

La voix de Debbie y est doublée en permanence, et en fait de dance-pop, c'est juste un morceau typé r'n'b plutôt sucré, au piano bluesy relâché, avec de la boîte à rythmes mais globalement une bonne ambiance efficace, bien qu'un tantinet surproduite, eu égard au reste de l'album aussi. Celui-ci ne manque pourtant pas non plus de choeurs soul en pagaille, mais tout y est simplement mieux dosé, bien qu'encore une fois, notre lumineuse petite miss GIBSON n'a pas à rougir de sa tentative de hit. Dance-pop fait vraiment trop trompeur, surtout quand on voit les succès du genre à l'époque, au souffle 'euro' (bien que CHER en fasse partie), venus faire oublier les artistes de son calibre. "Only Words" dans sa version single remixée en revanche sonne bien dance mais intelligemment, classée 38ème du top Hot Dance américain, pas de quoi s'en souvenir donc.

Néanmoins, Deborah, l'album si joliment nommé et présenté, en parlant de la pochette, est un disque qu'on a trop vite ignoré, oublié alors qu'il regorge de pépites autant que du savoir-faire de notre merveilleuse interprète. Toujours aussi personnelle d'ailleurs dans son talent, puisqu'elle écrit seule la quasi-totalité de l'ensemble. Il n'y a que deux titres co-écrits avec une certaine Joy Swinea, à savoir "Moonchild", pop-funk très californienne dans l'esprit, débordante de fraîcheur avec la mandoline de Richard Drummie justement, ainsi que "Cry Tonight", où Debbie se répond à elle-même (sa meilleure choriste, on n'est jamais mieux servi que et caetera et caetera) sur fond de grand slow 'nu-soul'/r'n'b.

À la fois intéressant dans sa progression et très aéré d'un point de vue son, c'est à se demander comment ce titre a pu être noyé et si peu considéré dans une époque où les grands succès factices du genre vont pleuvoir en masse. Tout a été fait pour rendre cet album beau, montrer qu'il y a du travail, ne serait-ce que sur le fin "Prelude", instrumental au piano et à la flûte-synthé que miss GIBSON joue seule aux claviers, puis sur l'intro soft de "Ode to a Would Be Lover", si bien balancée avec ses guitares en 'powerchords' au son clean, tandis que la chanteuse se pose de façon doucereuse. On parlait d'espace, de respiration dans le simple mot 'aéré', et il s'agit là d'une soul acoustique de toute beauté qui s'emporte d'un seul coup au moment du refrain, massif mais sensuel avec un certain Carlos Alomar (pilier de David BOWIE) venu arpéger de la douze cordes !

Une classe folle, typique de Debbie et que les musiciens épousent en grande liesse. Quand on sait qu'il y a d'autres éléments de choix US tels que Michael Thompson, Dean Parks, comment résister à "Nobody's You" ? Un bijou d'écriture à la fois mystérieux et libérateur à la californienne là encore, auquel Larry Knight qui a fait partie du groupe SPIRIT (essentiel du rock psychédélique, qui tire d'ailleurs sa révérence la même année 97) vient offrir de belles guitares roulantes, western. Avec un peu voire pas d'hésitation, le meilleur titre de l'album, mais la concurrence est rude !

Knight revient pour deux titres groovy très 90's autant que sexy, "Give Me Your Love" avec son ronronnement d'orgue Hammond (merci Steve Rosen) aussi délicieux que le chant enfantin de Debbie, et ce "I Can't" fragile d'apparence mais avec une opposition farouche destinée aux dragueurs. On se laisse d'ailleurs surprendre par les paroles masculines en français du début, où la caresse tend vite vers le vulgaire et qui montre le quotidien de nombreuses filles au bar ou en boîte. Edifiant, et à la fois terriblement addictif, grâce au savoir-faire.

Il y a ici parmi ce que l'on peut retenir de mieux pour cette fin de décennie, et c'est pareil pour les slows. "Naturally" d'abord, magique avec son crescendo marqué, ses choeurs gospel et son couple piano digital/boîte à rythmes Roland, qui ne fait néanmois pas plus parler de lui que ça au Japon, comme tout le reste de l'album. Le conclusif "I Will Let You Go", plus stellaire, est pourvu des mêmes qualités. On trouve également quelques touches country sur "Just Wasn't Love", avec ses paroles justifiant l'amour mal partagé, ainsi que "Where I Wanna Be", supra-efficace, très 'générique de fin de film' et splendide jusque dans son dernier refrain chanté seul par Debbie a-cappella. Cette jeune femme est juste... wouah ! Idem pour les guitares de Michael Thompson sur les deux titres.

Donc, c'est un flop des plus regrettables, et son seul réel défaut consiste, dans la version américaine, à avoir rajouté deux morceaux ("People" et "Don't Rain on My Parade") de la comédie musicale Funny Girl, interprétés à Broadway par notre chère miss GIBSON bien sûr et arrangés par monsieur Tony Visconti, sympathiques mais qui ne sont pas accordés au reste. Debbie va développer cet aspect de sa carrière et il y aura un album consacré quelques années plus tard. Au Japon, ces incartades sont remplacées (avant une troisième édition qui réunit tout) par la version dance de "Only Words" et une refonte même style de "Only in My Dreams", premier tube de Debbie en 1987. À découvrir car plutôt réussie également, preuve que de grandes chansons d'une grande artiste ne sont pas si faciles à dénaturer !

Note réelle : 4,5
Un de ses meilleurs, avec Body, Mind, Soul.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Deborah Gibson (chant, choeurs, piano, claviers, arrangeme)
- Richard Cottle (claviers)
- Mark Portmann (programmations, arrangements)
- Steve Rosen (piano, programmations, claviers, arrangements)
- Joe Moskowitz (programmations)
- Tom Salta (claviers, programmations)
- Tony Visconti (arrangements)
- Larry Knight (guitares)
- Michael Thompson, Carlos Alomar (guitares)
- Richard Drummie (guitares, mandoline, claviers, programmat)
- Dean Parks (guitare acoustique)
- Conrad Korsch, Chris Childs (basse)
- John Patitucci (basse synthé)
- Richie Morales, George Perilli (batterie)
- Mark 'tuffy' Evans (programmation batterie)
- Bashiri Johnson, Rafael Padilla (percussions)
- Beth Raven (percussions)
- Reynaldo Andrews (claps)
- Robin Clark, B.j. Nelson (choeurs)
- Fonzi Thornton, Dillon Dixon (choeurs)
- Anna-jane Casey, Andrea Robinson (choeurs)
- Joanne Borts, Sally Ries (choeurs)
- Chris Bruno (intro française)


1. Prelude
2. Ode To A Would Be Lover
3. Moonchild
4. Only Words
5. Naturally
6. Nobody's You
7. Cry Tonight
8. Where I Wanna Be
9. Butterflies Are Free
10. Give Me Your Love
11. Just Wasn't Love
12. I Can't
13. I Will Let You Go
- bonus
14. Only Words (édition Japonaise)
15. Only In My Dreams 1997 (édition Japonaise)
16. People (funny Girl)
17. Don't Rain On My Parade (funny Girl)



             



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