Troisième album, troisième formation pour ZODIAC qui est cette fois carrément renouvelée, y compris Aleksander Grīva, à l’exception de l’inamovible leader Jānis Lūsēns qui s’accapare également la production, et de Ivars Piļka, bassiste sur Music In The Universe (également présent dans le projet Neptūns qui fait office de transition entre les deux premières périodes de ZODIAC) ici ingénieur du son le temps d’un morceau. Si l’on met de côté la parenthèse que fut l’album de 1985 (deux bandes originales composées par un musicien extérieur et enregistrées en 1982 sans Jānis Lūsēns), nous passons directement du Disco au rock électronique instrumental, à légère tendance symphonique. Mine de rien, le gap est important.

Pourtant, In Memoriam n’est pas moins bon que ses prédécesseurs, grâce à des compositions qui sentent parfois la grandiloquence facile mais restent suffisamment efficaces et réussies, justifiant le clinquant de la production.
Ça commence avec le morceau éponyme, mêlant les influences de JARRE avec le thème central aux montées d’accords baroques et de VANGELIS avec des nappes délicates et de jolis arpèges. Cette ouverture adéquate mène facilement au "Kurzeme" qui suit – les deux morceaux sont signalés comme une seule longue piste dans l’édition originale, curieux –, dont la guitare mélodique n’est pas sans rappeler Mike OLDFIELD, avec un optimisme communicatif mais trop appuyé par certaines sonorités passablement flon-flon. Les cuivres et le lead nous font regretter le Yamaha DX7. À plusieurs occasions, les cuivres à la tierce évoquent dangereusement le Didier MAROUANI de la grande époque de Space Opera.

Tous les morceaux font preuve d’une certaine élaboration mélodique, mais la grandiloquence est plus ou moins cadrée suivant les cas. Le mid-tempo "Open Air Museum" et le morceau-titre sont clairement les piste les plus réussies du lot. La "Pastorale" commence bien mais tombe assez vite dans une consensualité presque pénible. Les influences oldfieldiennes de "Palace Of Rundale" et "The Old Riga Houses" n’effacent pas non plus une certaine impression de facilité, heureusement rattrapée par les développements mélodiques faisant office de ponts. "Blue Mountain" aux belles montées épiques est le morceau qui met le mieux à profit ces ficelles d’écriture, avec une emphase assez jouissive pour une fois (superbe coda).

Deux des morceaux de l’album suivant (Mākoņi = Clouds, 1991), "Dedication" et "Game", figurent respectivement en pistes 4 et 7 des rééditions de In Memoriam par le label letton Microphone Records sous le titre Dedication, ce qui est particulièrement peu judicieux étant donné les différences sonores et stylistiques entre les deux opus. Qui plus est, comme ces rééditions sont parfois prises pour référence, ces deux morceaux sont rattachés erronément à In Memoriam. Précisons pour finir que le titre In Memoriam n’est pas une épitaphe mais plutôt un hommage aux lieux naturels et historiques de la Lettonie, ce que détaille la tracklist. La suite du parcours du groupe sera différente mais pas pour autant satisfaisante.