Nouveau virage artistique pour Jānis Lūsēns qui, après un E.P assez prometteur (Jāņa Lūsēna Estrādes Dziesmas sous le nom Neptūns en 1985), se lance pour de bon dans la chanson, et pas n’importe laquelle : cinq des sept textes sont des poèmes d’écrivains lettons : Vilis Plūdons (en pistes 1, 7 et 9), Kārlis Skalbe (en piste 2) et Jānis Pliekšāns alias Rainis (en piste 4). Cependant, Jānis Lūsēns apporte lui-même deux textes de son cru. Étant parfaitement ignorant de la langue lettone, je me concentrerai uniquement sur la musique.

Les musiciens accompagnant Jānis Lūsēns sur cet album étaient tous des intervenants invités sur In Memoriam (1989), participant chacun à un morceau. Les influences oldfieldiennes se sont généralisées à l’échelle de l’album entier, et le groupe a troqué les tendances symphoniques du précédent opus contre un style pop (encore) plus consensuel. Cependant, les trois morceaux sont plutôt inspirés, portés par une instrumentation bien plus légère qu’auparavant, tout en restant assez sophistiquée. Le violon ne sonne pas comme un apparat mais intègre avec réussite l’instrumentation. "Twilight Flowers" est un hymne optimiste, "Staburags And The Daughter Of The Sun" est une chanson épique au refrain fédérateur, "Dedication" est un instrumental de toute beauté.

La musique s’aplatit quelque peu par la suite. Passé le troisième morceau, ne se détachent que le duo vocal "Searching For You" ainsi que la chanson-titre, dans la lignée des deux premiers morceaux, interprétée par le chanteur et violoniste Zigfrīds Muktupāvels avec une voix très nasillarde et un style emphatique. Le reste n’est pas mauvais mais ne retient guère l’attention. Cela découle notamment de la redondance de l’album, toujours en mode majeur, là où In Memoriam était moins sobre mais tenait paradoxalement mieux la route grâce à une grande diversité de composition.

Bien que Clouds fût enregistré en 1990, Jānis Lūsēns s’est consacré dès 1987 à la musique vocale avec la nouvelle formule de ZODIAC, sans compter les compositions classiques qu’il donne parallèlement en concert. Au moins onze morceaux furent ainsi enregistrés et diversement publiés sur des albums collectifs du label Melodiya, ou sur des compilations ultérieures de ZODIAC. L’album instrumental In Memoriam fait alors figure d’anicroche à une époque où ZODIAC devait son retour sur le devant de la scène aux chansons.

2 ½ sur 5