En 2014, Jānis Lūsēns publie un nouvel album sous le nom ZODIAC avec une toute nouvelle formation, incluant son fils Jānis Jr. Pacific Time est donc le premier véritable album du groupe depuis Clouds en 1991. Un album de plus dans une discographie aussi courte que tortueuse, entre deux bandes originales sorties en soum-soum, l’E.P d’un spin-off vocal du groupe, les semi compilations de 1995 et 2006 rééditant partiellement Clouds avec des inédits de la même époque, sans même parler des morceaux hors album. En fait non, j’ai menti. Pacific Time n’est pas un véritable nouvel album de ZODIAC; c’est une réinterprétation de morceaux issus des deux premiers albums. À la première écoute, ça ne sonnait pas si mal. La pochette, qui recycle celle de Disco Alliance (1980), aurait dû m’alarmer. Comment diable ai-je pu passer à côté d’un truc aussi énorme?!

La quasi-totalité de Disco Alliance est revisitée. La tracklist est sans équivoque: "Zodiac" → "New Zodiac", "Pacific" → "Pacific Time", "Provincial Disco" → "Disco In The Province", "Polo" → "Fast Polo", "Rock On The Ice" → "Ice Rock". De même, trois morceaux de Music In The Universe sont remanés: "The Mysterious Galaxy" → "Distant Galaxy", "Photo Finish" → "Photofinished", "Flight Over El Dorado" → "Unreachable Eldorado". Une telle modification des titres pose quand même question, comme si le groupe n’assumait l’exercice que du bout des doigts. Une exception toutefois: "Mirage" (1980) est renommé "Aero" dans la nouvelle version; nous y reviendrons. Trêve d’insinuations, ce qui est fait est fait, le résultat est là et il n’est pas des plus passionnants.

Pacific Time est un compromis entre sonorités modernes et hommage au Disco d’antan. Aucun des deux n’en ressort grandi; le son d’ensemble est aseptisé, et par endroits miné des tics de production de l’électro actuelle: rythmiques formatées et compressées caractéristiques du Nu Disco (cf. Red Lips de CERRONE), effets sonores gratuits – on dirait vraiment du mauvais SPACE –, drops (des espèces de nappes de synthé acides censées faire monter l’intensité du morceau – quelle plaie!) de fort mauvais goût. Il ne reste plus rien du charme des albums originels. On échappe à l’Autotune, c’est déjà ça; on ne peut que bénir le caractère instrumental des origines de ZODIAC.

ZODIAC ne se sont pour autant pas gardés de rallonger les morceaux et leur ajouter de nouvelles parties. Certains morceaux sont transposés. À la quatrième minute, "Distant Galaxy" est sauvagement massacré par un pont technoïde des plus foireux. "Aero" prend beaucoup de libertés vis-à-vis de son modèle "Mirage", transformant ce sympathique morceau planant en ballade moderne lénifiante. Quand à "Peripatus", j’ai beau avoir cherché, je n’ai pas identifié ce morceau comme étant une reprise – tout au plus peut-on remarquer une certaine ressemblance avec "The Old Riga Houses" (1989). Il n’en reste pas moins que si "Les Chants Magnétiques II" de Jean-Michel JARRE avait été revisité en mode majeur et avec un gros son moderne, ça aurait donné quelque chose à peu près comme ça. Euh, attendez, c’est bien l’effet sonore de "The Robots" (KRAFTWERK) qu’ils repompent en plein milieu du morceau?!

Bref, étant donné que je n’aime guère le son Nu-Disco, l’intérêt de ce disque est quasiment nul pour moi. Il n’apporte pas grand-chose et enlève beaucoup à des composition qui n’en demandaient pas tant. Le plus drôle est que ce n’est même pas la première revisite de ZODIAC; en effet, Disco Alliance a été intégralement remixé sous le titre Disco Alliance Dance Mix en 1999. On va gentiment éviter d’en parler. Que quoi? Que je mets la poussière sous le tapis? Mais non, voyons, je ménage mes mots !