Un séquenceur acharné, quasi inextinguible pendant plus de 20 minutes, sur lequel vient se greffer tout un tas de bruits stapletoniens (cliquetis métalliques, aboiements de chien, alarme incendie, etc.) : voici "Cold", la bien nommée. A vrai dire, plus qu’une sensation de froid, c’est plutôt un sentiment oppressant, voire un certain agacement que l’auditeur le plus endurci ressent ici. C’est comme un retour aux sources les plus âpres, en compagnie de William Bennett et de câbles électriques circulant parmi des cadavres de Guinness ; aucune envie de faire plaisir, indéniablement. Une ode au harcèlement sonore, peut-être. Mais un titre mémorable, cela dit.

"Colder Still" me parle nettement plus. Sur un beat en sourdine, de longues et langoureuses nappes grinçantes ma non troppo nous font comme dériver dans une espèce de Toundra peuplée d’entités phosphorescentes, le tout périodiquement relevé par des accords en forme de klaxon de paquebot géant, avant que d’enchaîner sur un beat tribal qui deviendra une marque de fabrique des albums à venir, ainsi que sur la voix inquiétante de Rose Mc Dowall, la muse de bien des druides et poètes, sans oublier, en arrière-fond, celles de John Balance et de David Tibet.

En parlant de Tibet, il est tout à fait pertinent de noter que Thunder Perfect Mind est également un album de CURRENT 93, sorti la même année et dont le présent objet se veut la sœur, Stapleton ayant rêvé qu’il offrait un disque du même nom à son vieux camarade.
Voilà une belle leçon de correspondance onirique ! Personnellement, ce sont les rêves qui m’ont appris à distinguer, de manière obscure d’abord puis de façon définitive, entre les vrais amis et les imposteurs. N’oubliez pas, cependant, que même dans ces contrées-là, les gens, les choses qui se font passer pour des gens, continuent de porter un masque…

Enfin, voilà l’un des opus de N.W.W les plus recommandés pour les néophytes et, à vrai dire, je n’ai pas grand-chose à ajouter sinon que cela aurait pu être n’importe quel opus de sa relativement vaste et labyrinthique discographie. Peu importe, finalement, l’objet exact de la découverte, pourvu que l’on tâche, une fois pour toutes, de reconsidérer la musique comme un processus de découverte constant.