AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Trocadéro Bleu Citron est la seule bande originale de Alec R. COSTANDINOS, pour le film éponyme, une comédie romantique réalisée par Michaël Schock, à l’exception des deux chansons pour le film Thank God It’s Friday et publiées sous le nom LOVE & KISSES. Cela implique un format inhabituel chez ce compositeur : deux faces diamétralement opposées, au sens propre comme au sens figuré, la première face étant occupé par la "Trocadéro Suite", la seconde par cinq morceaux différents.

"Trocadéro Bleu Citron" est donc une longue composition typique du style de son auteur, bien que les synthétiseurs aient nettement perdu du terrain depuis les trois précédents albums. On devine encore la présence de Georges RODI en quelques endroits, mais globalement il y a fort peu d’interventions électroniques sur ce disque. La musique de Alec s’éloigne de celle de CERRONE d’album en album. "Trocadéro Suite" n’en est pas moins une réussite dans le genre. Les mélodies sont de qualité, malgré une nouvelle fois, au début et à la fin, un refrain sirupeux typiquement 'constandinesque', fait d’une mélodie de cordes sur quatre accords descendants, reprise par d’autres éléments de l’instrumentation (le violoncelle et le synthétiseur). Sinon, les développements sont vraiment bons, fouillés mais toujours bien cadrés, tout le contraire du désastre How Much, How Much I Love You dont on va encore subir les retombées sur les albums suivants. L’orchestre fonctionne à plein, en synergie avec la rythmique et le piano, et la rupture rythmique au milieu du morceau est même excellente.

On arrive à la seconde face, et là c’est une autre paire de manches. On a droit à quatre morceaux successifs, dont trois chansons interprétées par le chanteur malais Sheikh Abdullah Ahmad alias SHAKE, qui sont une véritable caricature de musique Disco. Qu’il y ait une marche entre la suite-titre et ces chansons, rien d’anormal, mais Alec R. COSTANDINOS aurait pu éviter de se viander dessus. La chanson-titre est encore plutôt rythmée mais est tout ce qu’il y a de plus édulcoré. Elle existe en versions anglophone et francophone, cette dernière étant particulièrement ridicule ; en Disco, les paroles sont rarement intéressantes, mais là on touche le fond. Les trois morceaux suivantes sont du même tonneau, à ceci près qu’il s’agit de ballades, ils n’ont donc même plus l’alibi du rythme. C’est soporifique et sans intérêt, et on n’est pas si loin du degré d’horreur du précédent album, surtout sur l’instrumental et pourtant incroyablement merdique "Pupuce". Tout ce que l’on peut sauver de ce marasme, ce sont les soli de Georges RODI sur "You And Me" et "Moments Of Love". Le dernier morceau "Grooves" est une sympathique petite pièce dynamique dans la lignée de "Trocadéro Suite", qui me retient de passer cette seconde face au mastic.

Cet album est donc totalement déséquilibré. Il ne souffre pourtant ni de redite, ni de recyclage, les deux défauts récurrents des bandes originales (cf. la trilogie Brigade Mondaine chez CERRONE). Mais bon, ce n’est pas parce qu’on a composé une BO qu’on doit forcément en faire un disque entier.

2 ½ sur 5