Alec R. COSTANDINOS est avant tout connu pour avoir été le parolier de Demis ROUSSOS et pour avoir composé deux titres de la bande originale du film Thanks God It’s Friday (1978). Il connut une carrière musicale de près de quinze ans, commençant à la fin des années 1960 par quelques super-45-tours de chanson française sous le nom Alec, puis vint Dolce (1973), un album d’Easy Listening à coloration brésilienne. Il écrivit encore pour Demis ROUSSOS, Claude FRANÇOIS, DALIDA ou KONGAS, publiant en parallèle une paire de 45-tours de variété, avant de collaborer avec CERRONE (qu’il connaissait déjà via le groupe KONGAS) sur son premier album Love In C Minor (1976), après quoi leurs chemins se séparèrent. C’est là que Alec R. COSTANDINOS donna le vrai coup de démarreur à sa carrière avec l’album Love And Kisses.

De la douzaine d’albums Disco qu’il a publiés entre 1977 et 1981, trois le furent sous le nom LOVE AND KISSES, caractérisé par un pré-carré de cinq choristes, dont on retrouve séparément certains des membres au fil des publications de Alec R. COSTANDINOS ou de CERRONE. On peut observer également qu’aucun des albums de LOVE AND KISSES n’est un album-concept, comme Alec aimait à en produire (Judas Iscariot, Golden Tears, Romeo And Juliet, The Hunchback Of Notre Dame ou encore Americana et la bande-originale Trocadéro Bleu Citron) sous son propre nom ou sous d’autres pseudonymes. En dehors de ces détails, rien de crucial ne distingue un album de LOVE AND KISSES d’un autre album Disco d’Alec. Toujours est-il que Love And Kisses est l’amorce de cette prolifique production.

D’emblée, on remarque une grande similitude entre Love And Kisses et les deux premiers albums de CERRONE, voire la seconde face du troisième – ne perdons pas de vue que Alec R. COSTANDINOS a participé à la composition de Love In C Minor –, de par un tropisme Disco hérité de la scène de Philadelphie. On retrouve les même schémas de mélodies, de riffs à la basse (comparons donc la basse de "Accidental Lovers" à celle de "Love In C Minor", il n’y a pas photo), de chant (jusqu’aux soupirs lascifs!) et de développements aux cordes, et bien sûr cette même structure de chansons longues remplissant des faces entières de vinyle. "Accidental Lover" et "I’ve Found Love (Now That I’ve Found You)" sont plus aboutis que "Love In C Minor" car mieux développés, mais inférieurs à "Cerrone’s Paradise" car trop édulcorés. Les mélodies de bases sont bonnes et il y a un réel effort de sophistication mélodique, mais "Accidental Lover" tire un peu en longueur sur la fin – le ad libitum et le fade-out ne trompent pas – et "I’ve Found Love" cède à la facilité dans sa seconde moitié, avec ce refrain édulcoré répété jusqu’à plus soif et cette surenchère vocale un brin ridicule. Bien plus que chez CERRONE, c’est cette tendance à l’excès de gourmandise mélodique qui caractérise le Disco de Alec R. COSTANDINOS, que l’on retrouve donc déjà sur "I’ve Found Love" ainsi que certains des albums suivants.

C’est donc "Accidental Lover" qui selon moi vaut le coup sur cet album, "I’ve Found Love" étant certes intéressant (cf. la tournerie mélodique du deuxième quart du morceau) mais plombé par de grosses ficelles mélodiques préjudiciables à l’équilibre de l’ensemble.