Judas Iscariot / Simon Peter est le deuxième album disco de Alec R. COSTANDINOS, enregistré en avril 1977, soit un mois après Love And Kisses qui reste son œuvre la plus connue. Ce disque inaugure une série d’albums-concepts basés sur des personnages historiques (en l’occurrence Judas), des œuvres littéraires (Roméo et Juliette, Le Bossu de Notre-Dame, La Belle Et La Bête – bien que dans ce dernier cas il ne s’agisse pas d’un album entier) en guise de fil rouge, avant tout prétexte au développement de longues suites Disco. Dans le cas de Judas Iscariot, la thématique liturgique est également l’occasion pour Alec R. COSTANDINOS et l’arrangeur Raymond DONNEZ de lâcher les chevaux et de carrer du chant solo, des chœurs sacrés postiches, des ornements rythmiques et des envolées orchestrales dans tous les recoins. La pochette, reproduction du Baiser de Judas (1304-1306) du peintre italien Giotto di Bondone (1267-1337), annonce d’emblée l’ambition du projet.

Il va de soi qu’il est sacrément casse-gueule d’associer une telle démarche au style Disco et qu’un tel mélange peut facilement passer pour un excès de confiance et sombrer dans le kitsch et la boursoufflure. Ce n’est heureusement pas le cas de "Judas Iscariot". C’est bien sûr prolixe et copieux, on frise même l’indigestion à plusieurs reprises tant Alec R. COSTANDINOS veut en mettre plein les oreilles à grands coups de mélodies de violons, de flûte orientale, de chœurs néo-classiques et d’envolées orchestrales, mais l’ensemble est sauvé par la relative richesse des mélodies, et notamment du refrain faisant office de fil conducteur nous portant sans grand peine au milieu de ces circonvolutions. À ce titre, le milieu du morceau, voyant se succéder le thème et un développement en 5/4, est particulièrement savoureux.

On ne peut en dire autant de "Simon Peter" à l’introduction ratée car trop typée 'variétoche', au thème principal qui tourne en rond (et qui plus est souffrant la comparaison avec celui, très proche mais meilleur, du "Supernature" de CERRONE qui le talonne de quelques mois), aux saillies d’orchestre ne pouvant pas grand-chose pour compenser la faiblesse du thème et aux chœurs qui tombent comme des faux cils dans la soupe (dont certains sont complètement marteaux), rappelant même le douloureux Space Opera (1987) de Didier MAROUANI – il est certes facile de le dire après coup. Heureusement, les développements orchestraux rattrapent un peu le coup et les apparats liturgiques se limitent aux chœurs et à quelques touches de harpe.

Le plus décevant dans cette histoire est le contraste entre la qualité mélodique de "Judas Iscariot" et les trop nombreuses facilités de sa contrepartie "Simon Peter". Le potentiel est pourtant là et Alec R. COSTANDINOS est loin de se borner à singer son confrère CERRONE. Seulement, nous l’avons vu et nous le verrons par la suite, il a tendance à avoir les yeux plus gros que le ventre.