Cet album est le premier que Alec R. COSTANDINOS consacre entièrement à l’adaptation d’une œuvre littéraire, Romeo et Juliette en l’occurrence. Enfin, c’est avant tout à considérer comme prétexte à une longue suite Disco sur deux faces, dont les différents mouvements musicaux ne sont même pas clairement déterminés par les cinq actes de la pièce originale qui sont pourtant fièrement arborés sur la tracklist.

Au contraire de Golden Tears qui était constitué de huit pièces différentes, pas forcément enchaînées, Romeo & Juliet est structuré par un unique thème récurrent, avec de nombreux autres thèmes annexes. Le thème principal n’est malheureusement pas des plus brillants, reposant sur une mélodie de cordes bien sirupeuse. Ce n’est pas sur cet album que les cordes sont le mieux employées; à ce titre, on peut regretter qu’elles prennent autant le pas sur les cuivres. Heureusement, les thèmes secondaires sauvent l’album du naufrage. On peut notamment citer celui en 5/4 (pas si courant pour du Disco!) au début, ou la mélodie au milieu de la première face dont les cordes se saisissent parfaitement, le thème orientalisant vers la fin de cette même première partie, adéquatement porté par les guitares, les cuivres clinquants mais efficaces du début de la seconde face, suivis de beaux chœurs suaves, ou encore le sympathique thème funky instrumental, un peu plus loin. La structure très hachée de l’album ne leur rend cependant pas justice; en effet, lesdits thèmes défilent bien vite et les deux inévitables refrains revient tout du long de chaque face, jusqu’à plus soif. On peut encore ajouter que malgré ses défauts, cette œuvre bénéficie d’une interprétation solide (contrairement à celle de l’album suivant How Much, How Much I Love You) et d’une bonne cohérence globale.

Le rôle de Georges RODI est presque aussi important que sur le précédent album Golden Tears. Il s’occupe non seulement des soli de Moog mais également de quelques traits mélodiques (notamment une émulation de flûte vers la fin de la première face), du séquençage et du doublage de la ligne de basse. Ses interventions donnent une réelle valeur ajoutée à l’ensemble. Le reste des prises de claviers incombe à Alan HAWKSHAW (autre musicien de studio réputé, britannique celui-ci, et également actif dans la Library Music). Le guitariste Slim PEZIN, présent dès Love & Kisses et dont le style est aussi reconnaissable que celui de Georges RODI aux synthétiseurs, se fait davantage entendre qu’avant. Vers la douxième minute de la seconde face (le thème funky cité plus haut), nous avons droit à une très bonne interaction entre Georges RODI et Alan HAWKSHAW aux synthétiseurs, ainsi qu’entre les trois guitaristes.

Cet album est assez paradoxal, bancal et compact à la fois. On peut dire qu’il se situe dans la moyenne qualitative des productions personnelles d’Alec R. COSTANDINOS.