Le line-up de JOURNEY n’a pas évolué depuis cinq ans et le précédent album. Le scarabée ailée est tout dorée, couleur du succès, mais la démarche est plus "modeste"… Quoique quand on évoque Neal SCHÖN et ses comparses, le terme sonne un peu étrange. Pas de single pour lancer cet album. La date explique ce fait, en 2005, les phénomènes de téléchargement sont à leur max. En revanche, lors de la tournée mondiale de cet album, le groupe distribuait allégrement le CD à tous les possesseurs de billets d’entrée. Nous entrions alors dans une autre ère, ou les tournées allaient s’avérer être le principal revenu de nos rock stars. Les règles ne sont donc plus tout à fait les mêmes. Alors cet album contient pour la première fois des titres chantés par chacun des membres du groupe. Bien sur, Steve Augeri garde le micro pour la majorité des titres.

L’introductive "Faith In The Heartland" m’évoque toujours les WHO, étrange réminiscence pour un groupe comme JOURNEY. Le titre est doté d’une dynamique évidente, sonne plus rock que Hard, couplets et refrains s’enchaînent et déjà on se dit que cette livraison débute drôlement bien. Le chant de Steve se mêle remarquablement aux orchestrations, un véritable travail d’orfèvre, il est d’ailleurs crédité comme sur la chouette atmosphère de "Believe", avec des claviers bien envahissants qui tiennent la dragée haute aux grattes, et Steve qui se permet quelques intonations à la Robert PLANT.

Jonathan Cain, le leader musical du groupe s’est réservé deux chansons à son usage exclusif. Il montre qu’il est un excellent chanteur sur "Every Generation", au ton bien mordant, avec quelques inflexions pop à la BEATLES, j’imagine que c’est logique ! C’est en tout cas fort réussi. Puis nous avons un très chouette instant sur "Pride Of The Family", ou Jonathan chante à merveille sur ce titre aux ambiances sensibles, avec douceur des thèmes et guitares de velours, sans doute le must de l’album. Neal SCHÖN chante "In Self Defense", ainsi qu’il l’avait fait sur l’album SCHÖN & HAMMER, Steve PERRY est crédité sur ce titre, sa seule apparition pendant l’ère Augeri. Très rock classique, ce n’est pas le meilleur titre de l’album, et Neal est probablement le moins bon chanteur du lot.

Que nous dit la section rythmique ? Dean Castronovo est donc au micro sur deux titres, le batteur est déjà un chanteur chevronné. Sa voix rauque retentit sur la poppy "A Better Life", le style de la chanson invoque presque les mânes des irlandais de U2 , nous sommes très loin du Hard Rock mais ça reste très sympa. "Never Too Late" est plus pêchue, retour vers l’AOR attitude ! Ross Valory est pour la première fois au micro sur "Gone Crazy", avec la participation du coutryman Kevin Trible, sonne un peu punk country, avec des rythmiques tellement lointaine du JOURNEY classique, c’est drôle !

Ah ! Quelques slows ! Toujours difficile d’analyser les performances de JOURNEY dans le style après en avoir fait des indigestions. Alors "Knowing That You Love Me" sonne certes un brin larmoyant, mais l’ensemble se laisse bien écouter et ne dépareille pas avec le reste de l’album, avec un boulot remarquable de Neal à la guitare… oui, comme la plupart du temps finalement. Nous sommes très ambient sur "Beyond The Clouds", qui évoque un slow progressif par instant, avec une grosse gratte sur l’attendu refrain. "Butterfly", une des compos d’Augeri, avec piano et atmosphère crépusculaire, est très artistique et pleine d’arrangements.

Mais JOURNEY reste un groupe de gros son malgré les années ! On se croirait ainsi sur la BO d’un film d’action avec la trépidante "Out Of Harms Way", toujours de la belle ouvrage, avec un bridge qui rappelle… Devin TOWNSEND, mais oui, vous allez voir ! Nous avons un gros riff Glam Metal sur "Better Together" avec une construction à l’avenant. On revient en terre AOR sur "The Place In Your Heart", qui, armée d’un rythme en béton se pose bien avec son refrain super pop magnifiquement achalandé. Neal et Jonathan ont retrouvé toute leur complicité pour ce morceau qui symbolise à merveille cet album, incontestablement un de leurs meilleurs.

Plus de une heure dix sur ce nouvel opus ! C’est ce qui s’appelle gorgé jusqu'à la gueule ! L’album atteint la 170eme place du billboard… Nous sommes loin des ambitions du 20eme siècle, mais peu importe, les gars de JOURNEY sont tous multimillionnaires et n’ont aucun besoin matériel particulier. Artistiquement parlant en revanche, cet album est une véritable régénération si ce n’est une résurrection, après deux livraisons pour le moins décevantes. Peu importe les résultats dans les charts, il mérite un très joli quatre et est particulièrement recommandable !