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MUSIQUE CONTEMPORAINE  |  B.O FILM/SERIE

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2001 1 Le Fabuleux Destin D'Amélie...

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- Style : Roger Eno

Yann TIERSEN - Le Fabuleux Destin D'amélie Poulain (2001)
Par FIGHTFIREWITHFIRE le 29 Janvier 2009          Consultée 10475 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Le 25 Avril 2001 à 13h40, le funiculaire de Montmartre transporte son 1832ème voyageur de l’année vers le Sacré Cœur. Pendant ce temps, avenue de l’Opéra, un rayon de soleil vient frapper le paratonnerre donnant ainsi l’illusion que la statue d’Apollon brandit une flamme sans que personne ne s’en aperçoive. Au même moment, à quelques pas de là, les quelques personnes tranquillement installées dans les sièges douillets des nombreux cinémas du quartier se préparent à découvrir avant tout le monde Le fabuleux destin d’Amélie Poulain et, par la même occasion, sa musique, composée et interprétée par Yann TIERSEN.

La bande originale du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain n’a pas eu ce que l’on peut appeler une naissance classique, si la plupart des musiques de films sont le résultat d’une création dont l’inspiration est puisée à travers les images muettes de l’œuvre cinématographique en préparation, celle-ci résulte pour un certain nombre de ses titres d’un piochage minutieux destiné, à l’inverse du procédé habituel, à dénicher parmi des morceaux antérieurs ceux qui collent le mieux à l’atmosphère du film.

Le père de cette musique qui sied tant à l’image du Paris de carte postale n’est autre qu’un… Breton, dont l’œuvre musicale évoque avec autant de justesse l’univers marin en général, et en particulier la nostalgie qui peut se dégager d’un port de pêche paisible ou la violence des vagues qui frappent les berges des criques près de Brest.
Yann TIERSEN aime l’accordéon, le piano mais aussi le rock et la mélancolie d’une roue de vélo tournant dans le vide. Yann TIERSEN n’aime pas le conformisme et la stagnation artistique.

Parmi les titres résidant dans ce building musical figurent bien sûr des créations originales inspirées de l’ambiance nostalgique et rêveuse du film concerné. On retrouve ainsi "La Valse d’Amélie", devenue l’égérie à l’accordéon, l’hymne et la représentation musicale par excellence du destin unique de mademoiselle Poulain. Même si "J’y suis jamais allé" est une sérieuse concurrente et s’avère être une concierge à la personnalité affirmée et marquante, qui accueille de manière particulièrement bienveillante et enjouée l’auditeur.
Les fausses sœurs triplées de "La Valse d’Amélie", "La Valse d’Amélie (version orchestrale)" et "La Valse d’Amélie (version piano)" apportent ce qu’il faut de variations à ce thème principal. La première est une incorrigible nostalgique, avec ses sons de xylophone qui évoqueraient presque une vieille boîte à musique, ses staccatos guillerets et ses violons doux et subtils, renforcés par un violoncelle discret mais indispensable. La seconde, qui baigne plus facilement dans la mélancolie où elle semble d’ailleurs se complaire, sied à merveille au désarroi du personnage au moment où tout semble échapper à son contrôle. Ces trois-là ont en tout cas en commun leur puissante propension à s’adonner à la douce rêverie !

"Comptine d’un autre été" et "La Noyée", sur le même palier, sont inséparables malgré leurs caractères fortement opposés. La première distille ses notes de piano avec douceur voire tristesse tandis que la seconde tend à faire taper du pied avec son rythme enjoué et porteur d’espoir, mais les deux s’apprécient et se complètent voire se subliment lorsqu’elles sont rencontrées à la suite. Même si la deuxième met un terme de manière très abrupte et sèche à la conversation.
"Pas Si Simple", vissée sur sa machine à écrire, dévoile quant à elle un enthousiasme communicatif et une personnalité enjouée qui tranche avec le caractère plaintif du "Moulin" dont le piano traduit le côté lunaire avec infiniment de grâce et de sensibilité pour une résultat particulièrement émouvant.
"L’autre valse d’Amélie", petite dernière du clan des valses d’Amélie également constitué des triplées précédemment évoquées, s’avère également joyeuse mais possède une personnalité plus complexe et moins directe, tout en ne se déparant pas de l’inévitable gêne de la nostalgie qui coule dans les veines de la famille.
Justement, pour ce qui est des sonorités nostalgiques, "La Valse Des Vieux Os" fait figure d’experte. Ce qu’elle aime avant tout, ce sont les saltimbanques de rue accompagnés de leurs singes qui font tourner des boîtes à musique pour amuser les passants. (Une passion qu’elle partage sûrement avec "Les Jours Tristes", visiblement très influencée par les ambiances de rue typiquement montmartroises qui renvoient à l'âge d'or des impressionnistes).

On ne peut pas en dire autant de sa voisine du dessous, la grave et résignée "La Dispute", inconsolable et abattue, celle-ci semblant s’enfermer dans ses vieux souvenirs pour oublier le présent. Avec néanmoins un léger soupçon d’espoir apporté par la partie de son compagnon de piano, même si celui-ci ne semble pas vraiment y croire lui même. Paradoxalement, cette tristesse éveille en elle des émotions particulièrement agréables qui irradient ceux qui la côtoient et subliment les sentiments de nostalgie qu’ils peuvent éprouver. Jusqu’à ce que cette roue de vélo qui tourne dans le vide ne vienne annihiler ses espoirs, imitant la chute d’une pellicule de cinéma tombant de l’appareil.
Un qui reste toujours battant ou du moins tente de le faire croire c’est "Soir de Fête", il tape avec puissance et détermination dans ses mains tout en sifflant. Mais cet apparent optimisme dissimule, comme pour tous ses colocataires, un profond sentiment d’amertume et de nostalgie. Ce mélange est décidément la marque de fabrique de la maison TIERSEN. La boîte à musique, réelle cette fois, vient confirmer ce caractère si paradoxal qui confère la magie caractéristique à l’œuvre de son architecte, et le mène tout droit vers "La Redécouverte", très discrète et peu bavarde, mais qui dévoile néanmoins son lot de sensations d’une merveilleuse naïveté, avant de rapidement s’en retourner chez elle en poussant doucement la porte.
Si tous ces morceaux sont complexes dans leurs sentiments, "Sur Le Fil", simple et dépouillé, est clairement dépressif, mais ses émotions n’en sont pas moins touchantes. Malgré ses apparences plus timides, il se tend à merveille pour se lier à ses voisins s’agissant de la nostalgie, maître-mot de cette bande originale. Et, après des débuts réservés, il laisse éclater sa fragilité émotionnelle dans un final magnifique qui le voit alors définitivement replonger dans ses rêves.

Mais quelqu’un peut contrebalancer ce caractère triste et résigné, c’est "Le Banquet" : sa douce folie apporte une dose de joie et d’énergie revigorante, même si celle-ci s’avère brève. On l’entend arriver de loin avec ses accordéons enjoués et sa volonté de puiser dans une expérience musicale d’un autre temps pour partager son enthousiasme. Un cousin éloigné de "La Valse des Monstres", qui réside au dernier étage de cet impressionnant immeuble musical, et dont les murmures résonnent aux oreilles comme un agréable frémissement. La force de ces deux titres est de procurer des mélodies particulièrement optimistes et confiantes sans jamais verser dans la mièvrerie et en conservant la caractéristique qui semble indispensable pour résider dans la maison TIERSEN : la Nostalgie.
Enfin, au milieu de tout ce petit monde, on retrouve deux morceaux qui à première vue font figure d’intrus : "Guilty" et "Si Tu N’étais Pas Là", ces deux locataires ne sont en effet pas nés dans l’immeuble et sont bien plus âgés que leurs voisins. Ils se mêlent pourtant à merveille à ceux-ci, qui puisent d’ailleurs indubitablement la force de leur caractère sur le modèle de leurs aînés en s’inspirant de l’atmosphère de l’époque que ces derniers ont connue et leur racontent avec passion.

Nous sommes le 16 Janvier 2009, il est 23h51, la température est de 6 degrés celsius, la vitesse du vent de 5 km/h et l’humidité de 84%, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain est devenu un classique du cinéma français et Yann TIERSEN a retrouvé sa guitare électrique pour remonter un groupe de rock, après avoir changé la vie de nombreux amateurs de musiques de films nostalgiques en leur offrant l’une des plus belles bandes originales de l’histoire, à la manière d’une certaine Amélie, qu’il a d’ailleurs à n’en pas douter plus que bien aidée dans sa tâche.

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   (2 chroniques)



- Yann Tiersen (accordéon,piano, violon,xylophone,boîte à musique.)
- Guilty:g. Khan/ R.a Whiting - H. Akst
- Si Tu N'etais Pas Là: Fréhel


1. J'y Suis Jamais Allé
2. Les Jours Tristes
3. La Valse D'amélie
4. Comptine D'un Autre Eté: L'après Midi
5. La Noyée
6. L'autre Valse D'amélie
7. Guilty
8. A Quai
9. Le Moulin
10. Pas Si Simple
11. La Valse D'amélie (version Orchestre)
12. La Valse Des Vieux Os
13. La Dispute
14. Si Tu N'etais Pas Là
15. Soir De Fête
16. La Redécouverte
17. Sur Le Fil
18. Le Banquet
19. La Valse D'amélie (version Piano)
20. La Valse Des Monstres



             



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