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- Style : Ayreon
- Membre : Pink Floyd

Roger WATERS - Radio Kaos (1987)
Par SUNTORY TIME le 21 Février 2010          Consultée 7069 fois

- Non, ce n’est pas possible !
- Mais si, c’est bien lui !
- Tu déconnes ! Roger WATERS ? LE Roger WATERS ?
- Oui, c’est lui…
- Le gars de PINK FLOYD ? Celui qui a écrit Dark Side… ? Qui a composé Animals et The Wall ?
- Ben ouais, y a pas de doute possible…
- Putain j’hallucine… qu’est-ce qu’il lui est arrivé ?


Il est fort possible que ce genre de conversation ait réellement eu lieu après l’écoute de Radio KAOS, deuxième album solo de Roger WATERS (si l’on exclue la B.O. du documentaire The Body, composée avec Ron GEESIN en 1970). Et cette question qui taraude toute personne ayant écouté ce disque : comment en est-il arrivé là ?
Comment Roger WATERS, l’ex-leader de l’un des groupes de rock les plus créatifs et les plus légendaires de notre temps et auteur de la majeure partie de son répertoire, a-t-il pu commettre un album de ce genre ?

Disons-le clairement Radio KAOS est une catastrophe, un ratage presque total, écrasé par son ambition là où The Wall s’en sortait à merveille, massacré par la pire des productions que les années 80 aient pu faire.
La première écoute est douloureuse, on a presque pitié pour Roger WATERS, qui est pourtant réputé pour être un type peu sympathique et imbu de lui-même… mais à l’inspiration exceptionnelle. Mais ici point d’inspiration, ou presque.

Radio KAOS est un concept album, comme toutes les œuvres signées WATERS depuis Animals, onze ans plus tôt. L’idée de base est très intéressante : un jeune handicapé gallois, Billy, arrive à communiquer via les ondes radios. Il rentre en contacte avec Jim, animateur d’une radio dissidente rock de Los Angeles : Radio KAOS.
Billy lui raconte les galères de sa famille dans une Angleterre thatchérienne. Son frère Benny est en prison, et Billy est contraint de se rendre chez son oncle à Los Angeles, seul personne de sa famille à pouvoir s’occuper de lui. Par ses pouvoirs surnaturels, Billy va pirater un satellite militaire, avec la complicité de la Radio KAOS, pour faire croire à la Terre entière que des missiles nucléaires sont prêts à être lâchés aux quatre coins du globe. Panique générale, mais le coup de bluff de Billy révélera à l’humanité l’influence néfaste des médias au services des dirigeants du monde (les « pigs » de Animals en quelque sorte…) ainsi que le pouvoir de l’amour qui peut tout changer sur notre belle et fragile planète bleue (snif, snif, que c’est beau…).

Voilà en gros pour le concept, mais celui-ci est trop lourd et bordélique pour être compris uniquement par le biais des huit chansons de l’album. Un texte explicatif est fourni dans le livret pour résumer l’histoire, c’est dire. L’intrigue se déroule comme un film sonore ; les dialogues entre Jim et Billy font transitions entre chaque morceau.

Parlons-en des morceaux ! Dans l’ensemble ils sont médiocres, mais cela tient plus de leur production 80s’ calamiteuse que de leur construction. Ainsi « Radio Waves », « Who Needs Information? » ou « The Powers That Be » auraient pu être d’excellentes chansons si elles avaient sonné plus rock, avec une vraie batterie sans sonorités trafiquées, avec de vrais bons riffs et soli de guitare, dont tout l’album manque cruellement. Les synthés sont trop présents et sonnent terriblement vieillots de nos jours, et les chœurs féminins (que WATERS affectionne) sont à la limite du ringard. Passons sur l’ignoble « Sunset Strip », chanson volontairement pop au refrain affligeant et aux cuivres foireux… une atteinte au bon goût. Honteux, surtout venant de la part d’un ex-PINK FLOYD !

Heureusement tout n’est pas noir sur cet album, et WATERS nous livre quelques coups d’éclat qui sauvent une partie des meubles. Il faut pour cela atteindre les trois derniers titres de l’album. « Home » semble répétitif à la première approche, mais son ambiance dramatique en fait le morceau le plus puissant du disque, surtout au pont de transition où la guitare électrique, le saxo et les chœurs s’enchainent avec énergie. « Four Minutes » nous entraine dans un compte à rebours avant la fausse fin du monde programmée par Billy. Refrain monumental, orchestration lourde et bruitage de guerre nous transportent dans une angoisse palpable, quand, à 4 minutes et 0 seconde, la chanson s’arrête brutalement.
- Ça y est ? Nous sommes tous morts ?
On rouvre les yeux, on se relève, et on comprend que tout ça n’était qu’une incroyable supercherie… Arrivent alors les chœurs et les claviers délicats de « The Tide is Turning », la plus belle chanson du disque. Ici, point de synthés ringards, de chorales gnangnans, tout est calme et élégant, et achève l’album sur une note d’espoir. « Les temps changent » murmure WATERS. Si seulement…

Si le premier album solo de WATERS, The Pros & Cons of Hitch Hicking gardait quelques traces du son de PINK FLOYD (période The Wall et The Final Cut), plus rien ne subsiste sur Radio KAOS, ce qui amplifie la déception liée à son écoute. Trop ambitieux et irréaliste, ce disque est devenu un désastre que même « The Tide is Turning » n’arrive pas à empêcher. Triste constat pour un homme, qui en dépit de son sale caractère, nous a plusieurs fois prouvé son immense talent. C’en est encore plus rageant !

A noter qu’à la même époque, PINK FLOYD, réuni sous la houlette de David GILMOUR, sort le premier album du groupe sans la présence de Roger WATERS, le controversé A Momentary Lapse of Reason. Qui est, de mon point de vue, NETTEMENT supérieur à Radio KAOS. PINK FLOYD va alors éclipser son ancien leader avec une tournée mondiale, alors que celle de WATERS sera un échec (en comparaison avec celle du FLOYD). WATERS, qui dans sa mégalomanie croyait que le groupe ne survivrait pas à son départ, s’est vu pris à son propre piège. Il voulait laisser s’échouer le navire PINK FLOYD, et c’est lui seul qui se noie au final. Et à l’écoute de ce Radio KAOS, on aurait presque envie de se dire : « Bien fait ! »


P.S. : Je précise que trois chansons inédites des sessions de Radio KAOS existent sur les trois singles tirés de l’album, elles content chacune un épisode de l’histoire de Billy et de sa famille. « Going to Live in L.A », « Get Back to Radio » et « Molly’s Song ». Cette dernière est la seule chanson intéressante des trois, on peut en entendre des bribes sur « Four Minutes ».

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   SUNTORY TIME

 
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- Roger Waters (basse, guitare, claviers et chant)
- Andy Fairweather-low (guitare électrique)
- Jay Stapley (guitare électrique)
- Mel Collins (saxophone)
- Ian Ritchie (batterie, piano, claviers)
- Graham Broad (batterie, percussions)
- John Phirkell (trompette)
- Peter Thoms (trombone)
- Suzanne Rhtigan (choeurs principaux)


1. Radio Waves
2. Who Needs Information?
3. Me Or Him
4. The Powers That Be
5. Sunset Strip
6. Home
7. Four Minutes
8. The Tide Is Turning



             



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