Trois longues années se sont écoulées depuis la parution du premier album de Seal. Mais elles n’auront pas été inutiles. Physiquement déjà le jeune homme a bien changé, désormais plus sûr de lui, il a rasé ses dreadlocks et se présente a nous dans le plus simple appareil pour la cover de son deuxième album, toujours produit par Trevor Horn. Nombreux sont les artistes à avoir tenté le coup, rares sont ceux qui l’ont réussi. Imposer un physique dans le paysage musical de manière aussi absolue n’est jamais arrivé. Il faut dire qu’il peut se le permettre le veinard, cela à plus de gueule que Yoko et John, ou que Devin Townsend dans le métal ! Cette photo est aujourd’hui symbolique de Seal. Je n’en dirai pas plus mais j’invite les jeunes filles à laisser des commentaires –avec leur numéro de téléphone- sur ce sujet.

Alors ce deuxième album ? Celui de la consécration ? Eh oui ! Mais les choses ne seront pas aisées. Car les singles ne vont pas aussi bien fonctionner que « Crazy » dans le premier album. Dans un premier, temps c’est le single « Prayer for the dying » qui est sensé paver la voie pour provoquer le succès de l’album. Mais un aspect sans doute trop mainstream empêcha le hit de grimper tout en haut des charts US, il atteignit la 21ème place, pas mal, mais clairement insuffisant. A titre personnel, je le trouve mollasson, sans vibration.
C’est le splendide slow « A kiss from a rose » qui est le suivant dans la liste des singles issus du skeud, mais malgré sa beauté, il est reçu dans l’indifférence générale par le public.
« Newborn friend », titre sympa mais qui manque encore cruellement de couilles, entérinera le manque de succès de Seal en cette année 94.
Pourtant l’album est globalement du même niveau que son prédécesseur, le seul titre à clairement sortir du lot avec « A kiss from a rose » est incontestablement « If I could » splendide morceau emblématique du style de Seal, chanté en duo avec la grande Joni Mitchell.
En termes de qualité on égale donc le premier album… sans toutefois le dépasser. Le canevas est le même : deux chansons se détachent du lot, et pour le reste, nous avons le choix entre quelques moments parfois sympas, parfois carrément faiblards. Ainsi « Dreaming in metaphors » et « Bring it on » ne présentent pas le moindre intérêt. A l’inverse « Fast changes » et « Don’t cry » sont très agréables à l’oreille. Mais rien de suffisamment transcendantal pour transformer le britannique en icône du moment.

Le salut va venir d’ailleurs. C’est ainsi que « A kiss from a rose » après une première carrière médiocre dans les charts, revivra sous les traits de la BO de « Batman forever ». Un véritable élixir de jeunesse qui lui donnera une seconde chance et lui vaudra de dominer les charts mondiaux, dont le billboard US. Enfin la première place pour Seal. Il faut dire que la mélodie est superbe, avec ses « palala-palala-la-la-la-palala ». Un giga hit, qui ouvre à son heureux compositeur /interprète les portes du statut de superstar.
Cet album doit donc tout ou presque au succès « chanceux » de cette chanson.
Les circonstances influencent une chanson au moins autant que sa qualité intrinsèque. On se souviendra ainsi de « Candle in the wind » d’Elton John, qui sortit dans un premier temps dans l’indifférence, et dont on sait ce qu’il est advenu ensuite. La musique n’est pas un art exact !

Un gros de coup de pouce du destin redonne donc à tout l’album une seconde chance, qu’il saisira cette fois-ci, il deviendra son plus gros succès à ce jour. Aujourd’hui le « II » de Seal est symbolique du chanteur, avec sa splendide photo.