Seal a clairement passé un cap avec son quatrième album. Désormais conforté par un statut international reconnu, l’artiste sort en cette année 2007 un nouvel album d’un niveau remarquable. Sa pop teintée de soul et de rock, enrobée dans les arrangements ultimes du producteur Stuart Price, touche maintenant à l’excellence.

Le morceau d’introduction « If It’s In My Mind » en est le parfait archétype : un rythme dance taillé pour les boîtes de nuit, le petit lick inamovible et la rythmique folk de guitare qui servent de base à la chanson sont là, même en sourdine, et la majestueuse voix s’empare de tout l’espace disponible. Le talent est évident, c’est une pure réussite. Pas de temps morts et « Amazing » résonne à présent, titre calibré, extrêmement travaillé, sorti en single avec beaucoup de succès. Tout le monde connaît cette ritournelle, mais je la trouve personnellement d’un niveau légèrement inférieur.

Car les titres clefs de ce skeud se situent ailleurs, ils ne sortiront en outre pas en single, preuve du niveau d’ensemble du disque. Le premier est le titre éponyme « System », où une ambiance dramatique à couper au couteau maintient l’attention de l’auditeur sans relâche, la ligne de guitare et la basse se superposent, les claviers arrivent, la voix de Seal maintenant le tout dans une rare cohésion, un peu « comme d’habitude ». Le refrain libère toute l’énergie sous une forme jubilatoire, alors que les synthés réinvestissent l’espace dans des nappes d’angoisse sourde. Il ne manque pas grand-chose à ce titre pour en faire un chef-d’œuvre. Son côté « course inéluctable » est grandiose. L’autre grand titre de l’album à l’étrange pochette « puzzle » du visage de Seal est « Immaculate ». Là encore, tout est question d’ambiance, la potion magique est utilisée sans vergogne pour le plus grand plaisir de l’auditeur. « If All the World Could See Us Now » résonne, et résonne longtemps après l’extinction de la chanson. On a vraiment envie de hurler “Immaculate » en compagnie de Seal, preuve de son efficacité. Et toujours ses nappes judicieuses de claviers qui font baigner le tout dans un climat irréel.

Signalons le charmant duo qui le lie à Heidi Klum, son épouse, le top modèle allemand, qui fait ici preuve d’une voix pas si fluette que cela, et tous deux y mettent beaucoup de cœur. D’ailleurs, cette chanson n’est-elle pas le symbole d’une époque de tolérance, il n’y a pas plus noir que Henry Seal Samuel, né de père Nigerian et de mère brésillienne, ni plus blanche que Heidi Klum, blonde aux yeux bleus. Si leur amour est à la hauteur de leurs physiques et des sourires qui les connectent lorsqu’on les voit ensemble, le doute n’est pas permis. Vive la mixité ! Leurs enfants, déjà nombreux, portent en eux cette identité métissée qui fera la richesse des générations à venir. Cette identité si riche qu’on retrouve en permanence dans la musique de leur père.

Les qualités de l’album se retrouvent partout. Sur « Just Like Before » les gimmicks sont présents, efficaces mais originaux, titre très dance, on sent à quel point Seal a progressé en terme de confiance en lui. « Loaded » est excellente, un rythme d’enfer qui donne envie de bouger, de la vraie bonne pop actuelle sans tomber aucunement dans la daube calibrée des top 50. Et puis il y a « Rolling » et son aspect folky, traversée par des petits éclairs de génie cristallins, avec un superbe refrain à souligner.

Ce disque peut plaire à tous les amateurs de musique avec un grand M : c’est très bon, très chaud, très bien foutu. Il n’y a pas grand-chose à rajouter, le disque parle de lui-même avec force et conviction. Certainement l’œuvre de la maturité pour Seal, qui estime lui-même qu’il s’agit de son meilleur travail.
Et c’est tant mieux, et c’est Bravo !