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I MUVRINI - Pè L'amore Di Tè... (1988)
Par MARCO STIVELL le 25 Juillet 2010          Consultée 6995 fois

Après une petite pause d'un an comprenant la création de leur maison de distribution AGFB, les frères Bernardini et leurs acolytes reviennent en grandes pompes avec leur première grosse production discographique. Elle marque réellement le début d'une certaine perfection musicale qui ne concernera peut-être pas tous les morceaux, mais bien la majorité de ce que nous proposera I MUVRINI jusqu'au début des années 2000.

Derrière un nom qu'il ne n'est pas nécessaire de traduire et que l'on serait bien injuste de qualifier de nunuche (comme toujours dans ces cas-là), se cache donc le premier album véritablement reconnu par le grand public. Pè l'Amore di tè... a été enregistré aux studios +30 à Paris par le producteur de renom Yves Jaget qui accompagnera le groupe pendant un certain temps. De la première note jusqu'au final du disque, on ne pourra échapper à cet emballage très caractéristique de l'époque, après tout nous sommes en 1988... Au moins treize de ces quatorze chansons présentent tous les éléments sonores susceptibles de faire fuir les plus farouchement opposés à cette décennie : froideur avec de la réverb' à fond, batterie triggée et j'en passe. Dès le premier accord de piano de "More", c'est donc un véritable bonheur, d'autant plus que Pè l'Amore di tè... est pratiquement l'unique album des mouflons à sonner de cette manière. Le contexte (lieu) dans lequel il a été enregistré ainsi que la manière dont ont ressent certaines chansons comme "Caffè di u Liceu" permettent même de dire que c'est vraiment le disque le plus "parisien" (j'assume !) du groupe.

"More" ouvre donc le tout. C'est une courte chanson, reposant sur une partie de piano, des nappes de claviers, des petits coups donnés sur le charleston de la batterie, et les voix donc, celle de Jean-François étant mieux mise en avant que jamais. On peut faire un bond jusqu'à la fin du disque, car "Terra", morceau aux relents plus polyphoniques, plus fidèles à la tradition corse (mis à part le synthé), s'inscrit dans la même veine, et puis ces deux titres représentent des hymnes pour le public fidèle au groupe. De même pour "Rivecu", et il convient de retenir son enchaînement d'accords car il est similaire à celui de "Terra" (à défaut d'être original, le talent de composition de Jean-François repose sur l'efficacité), alors que celui de "More" renvoit à "Un Altra Mamma è Trista" (avec en intro le même type de son de synthé que "Le Coup de Soleil" de Richard Cocciante), ainsi qu'à "Muri", l'un des titres les plus calibrés années 80 avec sa grosse vague de Yamaha DX7 (si mon flair ne me trompe pas) et les plus susceptibles de passer à la radio à l'époque, même si pas mal d'autres titres sont aussi réussis sur le plan efficacité. On pensera en particulier à "Ella", au festif "Apperlamanu" (avec la première partition d'accordéon présente chez I MUVRINI, bien que ce soit plutôt un bandonéon ici), sans oublier le magnifique duo avec Roseline Bartoli, "Ciò che tu Pensi", un genre de slow sans batterie, avec un piano Fender Rhodes gentillet.

Même les titres les moins réussis s'avèrent être plutôt sympathiques, bien que certains peuvent surprendre, comme "Un Volenu Più" (un titre très... rock, avec un piano fou !), le morceau le plus rapide juste après le slow... ou encore "Apperlamanu" (plus appréciable au fil des écoutes) avec ses faux cuivres, pas trop envahissants cependant. Sans oublier le très latino "Sole chi s'Avvicina", seul titre chanté uniquement par Roseline Bartoli, qui aurait quand même mérité mieux que de finir comme ça en fin d'album (elle ne fera plus partie du groupe par la suite), sachant que "Terra" sonnait comme une fin idéale... Ce n'est quand même pas bien grave au final car il y a à côté beaucoup de highlights qui font de ce disque un must-have, ne serait-ce que pour les perles moins connues que sont "A Cursita" (et son cri du coeur), "A Pagina chi Manca" et "Libaru sò" avec une distinction entre les couplets chantés par Jean-François et les refrains placés à la fin, là pour le coup c'est original, interprétés par Alain - c'est le titre où il est le mieux mis en valeur -. Ca sonne peut-être très variété, mais qui peut encore se retenir d'apprécier le jeu aérien de Jean-Bernard Rongiconi (qui monte en grade au niveau des arrangements, et ça s'entend) après avoir écouté ça ?

Alors bon c'est sûr, corse, années 80, ce sont des mots qui prêtent aux plus forts quolibets et anti-passions, surtout quand c'est dans la même phrase, et je ne recommanderai pas cet album à ceux qui restent "bloqués". En revanche, pour quelqu'un qui veut approfondir sa connaissance imuvrinienne sans mauvais a-prioris, il est clair que Pè l'Amore di tè... représente un joli florilège de ce que le groupe avait à proposer à l'époque, tout en prouvant que c'était déjà d'une grande, voire très grande qualité (sans parler de la période Ricordu qui reste moins accessible).

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   MARCO STIVELL

 
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- Jean-françois Bernardini (chant)
- Alain Bernardini (chant)
- Roseline Bartoli (chant)
- Jean-bernard Rongiconi (guitares)
- Eric Ferrari (basse)
- Jean-claude Paolini (batterie)
- Charles Pach (piano, synthétiseurs)
- Hyacinthe Maestracci (synthétiseurs)
- Robert Suhas (synthétiseurs)
- Jean-pierre Lanfranchi (chant)
- G. Courtin (bandonéon)


1. More
2. Muri
3. Libaru Sò
4. Apperlamanu
5. A Cursità
6. Caffè Di U Liceu
7. Ella
8. Un Altra Mamma Hè Trista
9. A Pagina Chì Manca
10. Rivecu
11. Ciò Che Tu Pensi
12. Un Volenu Più
13. Terra
14. Sole Chi S'avvicina



             



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