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I MUVRINI - Più Forti (2022)
Par MARCO STIVELL le 7 Décembre 2022          Consultée 812 fois

Un album d'I MUVRINI a-t-il besoin de durer 1 heure et 15 minutes, à l'heure actuelle ? En théorie non, mais pour les principaux intéressés, si, manifestement. Cela fait déjà trois ans écoulés depuis l'album précédent, Portu in Core, et il y a eu ce qu'il y a eu entretemps. Dès que l'on voit leur nouvel album arriver dans les bacs de disquaires (ceux-ci de plus en plus réduits, hélas), ou seulement quelques mois plus tard comme votre serviteur, on se rend compte à quel point tout a passé si vite.

Et s'il y a un groupe où rien ne change, depuis une douzaine d'années, c'est bien I MUVRINI. L'équipe est demeurée la même, la façon de produire aussi. Certes, les voix de Jean-François 'GF' et Alain Bernardini marquent l'avancée du temps mieux qu'autre chose, les timbres deviennent plus rauques. Une fois de plus, tout est fait pour entretenir la relation avec les fans, même type de mélodies, avec des concessions à l'actualité d'un point de vue sonore (et souvent pour le pire), même type de messages aussi, et dès la pochette (« ensemble, on est plus forts contre le système »).

Avec Più Forti, le groupe corse réaffirme son engagement, se fait plus que jamais l'écho du peuple insulaire, mais aussi de France, d'au-delà. Un titre est particulièrement marquant : "Fin du Monde et Fin de Mois", où l'on voit combien le rap a déteint sur l'inspiration des Mouflons, qui tient ici à exprimer directement la colère de manifestants, gilets jaunes etc, par des samples. Le symbole est ce qu'il est, mais niveau qualité musicale, il y a beaucoup à redire.

De même, le passage voix de GF + Auto-Tune sur "A Sai Tù ?", aussi obligatoire que dégueulasse malgré une ballade pourtant bonne du reste. L'effet rap de "Sò di Vighjaneddu" laisse à son tour cette sensation d'inévitable, de maladroit et pressé tandis que le refrain plus classique chanté par Alain Bernardini rattrape le tout. I MUVRINI s'adapte, avec ses raisons et d'un certain point de vue (le monde musical est aussi un système où les meilleurs se font souvent rattraper, manger), mais c'est ailleurs qu'il faut chercher le mot réussite, là où l'on trouve davantage de subtilité. Pour preuve, "Curà Issa Pena" et ses arrangements modernes plus séduisants.

Et puis, si Più Forti manque à convaincre, c'est aussi pour le versant nostalgie souvent mal exploité. En ligne de mire, la nouvelle version de "Il Voyage en Solitaire", perle parmi les perles de la chanson française, en duo avec Gérard MANSET. La voix de celui-ci, diablement fatiguée, apparaît pour quelques phrases à peine et par-ci par-là, sans doute les meilleures qu'il a pu sortir, mais à l'écoute, l'ensemble dérange, apparaît rude et haché. On retient le choeur gospel, l'effet plus pop et accéléré qui n'est pas un mal de base, mais clairement, les cornemuses de Loïc Taillebrest auraient sonné beaucoup mieux autrement que dans cette production clinique très caractéristique des albums du groupe depuis Alma en 2005, entretenue par Achim Meier et ses sons digitaux.

Pendant tout ce temps, la tradition d'un premier titre fort s'est vue altérer largement. "À Noi Tutti" n'est certes point l'exception, avec sa country exotique facile et sa convivialité médiocre, le seul moment à garder étant le solo vocal de César Anot, de quoi rappeler les années avec Régis Gisavo. Le bassiste, qui embellit également "Di a moi Mamma" (un des rares très bons titres proposés sur un ensemble de seize), aide donc Micky Meinert et Thomas Simmerl à fournir quelques éléments musicaux dignes d'intérêt, mais cela reste trop éparpillé. Réduites au minimum, les cornemuses de Taillebrest s'illustrent de justesse sur "Rime", titre folk léger et lumineux supérieur à ce que l'on pouvait croire dès le départ, quand interviennent les enfants.

Achim Meier lui-même offre quelques belles partitions programmées en matière orchestrale sur le brumeux "L'Omi in Biancu", un des titres à mémoriser par sa qualité globale. Là encore toutefois, c'est bien trop peu, et le dernier élément franchement plaisant se trouve être la paghjella 'à l'ancienne', à savoir ce "Te Deum" mené par Alain Bernardini, sur fond de nappes de synthé comme autrefois mais augmenté de quelques sons orientaux plus ou moins bienvenus, et qui au moins prend son temps comme il le faut. Histoire de justifier un brin la durée, contrairement à la plupart des autres titres. Più Forti se laisse écouter par fanitude ou par obligation, sans surprise aucune.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Alain Bernardini (chant)
- Jean-françois 'gf' Bernardini (chant)
- Stéphane Mangiantini, Jean-françois Luci (chant)
- Achim Meier (piano, claviers, arrangements)
- César Anot (basse, chant)
- Thomas Simmerl (batterie)
- Micky Meinert (guitares, charango)
- Loïc Taillebrest (cornemuses)
- Manuel Lopez (guitares)
- Krischan Freshse (basse)
- Martin Langer (programmations)
- Claire Moutarde (direction voix d'enfants)
- Gérard Manset (chant)


1. À Noi Tutti
2. A Sai Tù ?
3. L'omi In Biancu
4. Mot De Passe
5. Più Forti
6. S'il Te Plaît Papa
7. Rime
8. Il Voyage En Solitaire
9. Face U Pane
10. Sò Di Vighjaneddu
11. Fin Du Monde Et Fin De Mois
12. Aum Gaià
13. Te Deum
14. Di A Mio Mamma
15. Curà Issa Pena
16. U Calateu



             



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