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I MUVRINI - Au Zénith (1994)
Par MARCO STIVELL le 27 Octobre 2010          Consultée 5284 fois

Posséder ce disque relève aujourd'hui d'une grande difficulté, ce n'est pas (ou plus) l'album que l'on trouvera aisément dans les bacs des disquaires Fnac ou de quartier, sauf peut-être chez un vendeur d'occasion... Il vaut mieux essayer de faire son petit marché sur Internet et espérer qu'une âme charitable vende son exemplaire, comme ça a été le cas pour moi. Et bien sûr, même si une version simple existe, c'est la double qui est bel et bien à préférer.

Le disque commence par l'histoire de la Corse racontée par Jean-François Bernardini, en résumé mais de manière précise (surtout à partir de l'arrivée de Pascal Paoli au XVIIème siècle), sur fond de nappes de synthé qui laissent présager que "Anu Lasciatu", première chanson de Noi, ne sera pas loin derrière. Un beau moment de recueillement, qui voit le final mi-glorieux mi-triste réhaussé par la force de la guitare électrique plaintive de Jean-Bernard et la vielle de Gilles. "Anu Lasciatu" gagne encore en profondeur avec cette version live et Alain chante mieux que sur la version studio. Et le concert commence ainsi sous les meilleures auspices, avec le public du Zénith d'entrée on ne peut plus conquis...

La suite sera du même calibre, pratiquement tout le long du double disque. Pratiquement... Mettons de côté peut-être "Pace" qui est une lecture en français du texte de "Anu Tombu" par des écoliers, et même si le texte est beau et les voix des enfants jolies, une seule des deux versions aurait sans doute suffi. Mais sinon, dès le début de "Oghje Si Tù", on se tait, on ne fait plus rien, et on écoute religieusement. La cetera et la basse survolent les nappes, tandis que Moktar Samba et Gérard Carocci font vibrer leurs peaux et multiples percussions. Le meilleur reste toujours évidemment quand Régis et son accordéon font leur entrée et que le refrain et la cornemuse dominent le final. On sent la maîtrise partout dans les arrangements, vocaux et instruments, le problème vient juste du son qui, légèrement trop compressé, étouffe quelque peu le tout... ou du moins ne lui permet pas d'être aussi fort qu'il le devrait. Ce qui ne rend pas justice à la musique, notamment pour un titre aussi chaleureux que "U Sole d'Aprile".

Une musique presque en tout points pareille aux versions de l'album Noi (y a même les p'tits sons de flûte et tout), mais avec l'énergie live. Il y a bien des petits "changements" comme la prolongation du final de "Tu Mi Dai a Manu" où l'on sent Jean-François en totale communion avec le public, bien que le son là encore... La partie centrale de "Quandu" avec son rythme changeant (je préfère Stéphane Vera à Samba qui a un jeu très... prononcé, mais ça fonctionne bien tout ça), et le solo échevelé de Gilles... Le remplacement du choeur gospel sur "Di Biancu e di Moru" par les chanteurs corses, excellent... Pas de changement pour celle-là mais "Amori" est vraiment toujours aussi belle et ça il faut le dire... La présence des percussions, tout comme sur le dernier album studio, est un grand plus pour le spectre sonore (elles sont même plus marquées que sur Noi) et il faut en profiter car cela n'arrivera pas souvent. A l'avenir elles seront placées en overdubs, mais bon on ne peut pas tout avoir : sur la tournée A Voce Rivolta, il y avait un hautbois et pas de cornemuse...

Le concert contient quelques perles rares comme "Cum'elli Sò" qui ne verra jamais le jour en studio, ici dans une version moins froide que celle du précédent live, un peu plus à la sauce Noi et avec vielle à roue, ce qui n'est franchement pas un mal. Parmi les autres surprises, citons "Vince Per un More", plus dynamique et "Cu lu Stessu Destinu", toutes les deux sublimement enrichies de parties de claviers (entre autres). Qu'elle soit variété ou folk, la musique des mouflons a vraiment un côté enchanteur, désarmant (dans tous les sens du terme, à commencer par le pacifique) par sa grande simplicité, et ce concert le transmet à son tour. Et c'est tout le temps comme ça, un peu de recueillement par çi, un peu de fête par là (un peu... Tout n'est pas comme "U Sole d'Aprile" ou "Dumanda", et il n'y a pas "Amareni" pour le coup), beaucoup de contemplation et bien sûr avant tout, du plaisir à chaque nouvelle chanson. Et le concert se termine comme il a commencé, sur fond de nappes de synthés et on constate que c'était encore l'époque où le groupe jouait lui-même ses sorties comme ses entrées...

Un excellent concert, peut-être un peu désservi par le manque de relief dans le son, et pour lequel peu d'absences sont à regretter ("A Mare Bellu", "Un Possu Più"). Espérons que le prochain sera encore mieux !

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Alain Bernardini (chant)
- Jean-françois Bernardini (chant, guitare acoustique)
- Jean-bernard Rongiconi (guitares, cetera)
- Eric Ferrari (basse)
- Moktar Samba (batterie)
- Gérard Carocci (percussions)
- Francis Rezoagli (piano, claviers)
- Olivier Massoni (claviers)
- Régis Gizavo (accordéon)
- Gilles Chabenat (vielle à roue)
- Bruno Le Rouzic (cornemuses)
- Jean-charles Adami (chant)
- Stéphane Mangiantini (chant)
- Martin Vadella (chant)
- A. Agostini, P.a. Bevilacqua, A. Guidice (chant)


1. A Nostra Storia
2. Anu Lasciatu
3. Oghje Sì Tù
4. U Sole D'aprile
5. Cum'elli Sò
6. Anu Tombu
7. Tù Mi Dai A Manu
8. Terzettu
9. Quandu
10. Dì
11. Di Biancu é Di Moru
12. Vince Per Un More
13. Rivecu

1. Amori
2. Paghjella
3. À Té Corsica
4. Dumanda
5. À Voce Rivolta
6. Pace
7. Cu Lu Stessu Destinu
8. Terra



             



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