Certains artistes ont tout pour eux. Dans le cas de Lionel RICHIE, c’est même un réel pléonasme. Né en Alabama dans une famille de la middle class, Lionel aura un cursus scolaire classique et réussi : High school à Chicago puis université à Auburn. Notre brillant garçon finance même ses études grâce à ses talents de tennisman, voila qui n’est guère commun. Il intègre rapidement le groupe des COMMODORES comme chanteur saxophoniste dès 1968. Le succès arrive immédiatement, surfant sur les rails posés précédemment par les JACKSON 5. Et tel n’est pas le dernier parallèle avec Michael JACKSON…

Ah, quelle belle photo de couverture !

Sautons donc une dizaine d’années fructueuses : nous retrouvons Lionel RICHIE pour son premier effort solo avec ce disque éponyme très dans l’air du temps en 1982. Il y a presque trente ans… Pour ceux qui comme moi ont vécu cette époque, nous nous souvenons de l’importance de l’artiste. Artiste que personnellement à l’époque je détestais cordialement. Il faut dire qu’il y a de quoi, imaginez-vous rebelle de 14 ans confronté à cette débauche mainstream, un véritable rouleau compresseur de funk-variété du pire effet, la suite de "La croisière s’amuse" dans le meilleur des cas… En tout cas pour un ado pseudo révolté.

Le premier single "Truly" en est l’archétype même, il atteindra la première place du billboard, inaugurant en cela une longue période de domination pour le grand Lionel à la tête des charts. En pleine logique, "You are" et "My love" trusteront aussi les sommets. Pour un premier album, c’est donc une réussite flambante. De quoi rendre jaloux n’importe quel compositeur. Il faut dire que l’ex-tennisman a un réel talent pour trouver des mélodies mémorisables et faciles, que sa voix les enrobe d’une ambiance toujours assez romantique digne de plaire au plus grand nombre. Pour accompagner le succès de ses singles, l’album aux chaudes couleurs caribéennes atteint lui aussi le top du billboard des 33 tours.

Et dans le genre succès, comment se priver de la remasterisation de 2003, qui inclut la splendide version du "Endless love", gigantissime hit de l’année précédente, superbe chanson de Lionel qui fit de Diana ROSS sa partenaire privilégiée pour un titre, élément qui fut sans doute là encore déterminant pour la suite de la carrière du chanteur des COMMODORES. Bah tout le monde connait cette chanson, un must de la musique populaire. Reprise des centaines de fois en choeur par tous les genres de musicos sur tous les continents.

Pour le reste, nous oscillons entre du slow et du funk aux orchestrations sophistiquées comme sur "Round and round" ou "Serves you right"… C’est le son du moment, je ne peux pas vous dire mieux, je me revoie essayant de me trémousser lamentablement sur ce type de morceaux aux basses synthétisées face aux nanas brushées des boums de l’après midi... Il y a des siècles... Les slows ont toutefois la part belle, comme il sera toujours le cas avec Lionel RICHIE, on retiendra notamment le joli "Just put some love in your heart".

C’est funk, soul ou pop suivant les moment, mais c’est toujours bon. Impossible de dire du mal de ses premières œuvres. RICHIE n’est pas encore à son sommet créatif, mais pour un coup d’essai dans la cour des grands, c’est un drôle de coup de canon. Après, il faut avoir les yeux en face des trous ou les oreilles en face du son comme vous voudrez, et admettre que l’ensemble a tout de même vieilli. Nous sommes tellement loin des sons en carton des eighties, ce dernier me pousse à une certaine sévérité.

Je vous engage néanmoins vivement à tenter l’écoute du premier opus de RICHIE, qui reste l’antichambre de ses futurs moments de gloire.