Après un Circus passablement médiocre, il est temps pour Lenny KRAVITZ de se réveiller et de mettre la tête dans le guidon pour ne pas passer pour le pire fils à papa de la création. Pour cela, notre artiste multi- facettes va devoir s’appuyer sur sa profonde culture musicale ainsi que sur une capacité évidente à trouver des mélodies qui accrochent la caboche et nous font tripper. Son blend de funk et de rock est d’une efficacité sans pareille lorsqu’il trouve les notes justes et les assaisonne à sa manière ! Lenny a 34 ans et tous ses beaux dreadlocks encore en ordre lors de l’enregistrement de ce 5, voyez donc comme il campe la rock star qui se la pète sur la couv', mais oui on t’a tous reconnu, même sans le nom !

Alors, les gars, accrochez-vous à vos téléphones. Nous avons six singles ! Un bip-bip et un petit synthé léger ouvrent "If You Can’t Say No". Lenny y place une gratte funky, une ritournelle qui se grave rapido dans l’esprit des fumeurs de ganja pour sûr. J’aime l’aspect compte à rebours très trip-hop de cette song ainsi que son atmosphère enfiévrée. On passe à une song bien plus classique typée soul avec "Thinking Of You", un titre plus entendu et moins original que le précédent, mais qui ne manque pas d’efficacité. Lenny nous refait le coup de la single note au piano cette fois sur "I Belong To You", la gratte funk rejoint l’ensemble et le refrain va vous sauter à la gorge … Eh oui, les mecs, vous le connaissez tous ! Super cool non ? Ouais c’est du KRAVITZ dans le texte !

Le fantôme convoqué sur "Fly Away" n’est personne d’autre que Jimi HENDRIX. La rythmique sinueuse est évidente, le refrain une merveille du genre. Je la chante d’ailleurs très souvent 'yeah yeah yeah' ! Symbolique et tellement addictive, elle donne envie de s’envoler et de se casser très loin ! D’aillleurs, dans le même genre, la reprise du standard des GUESS WHO "American Woman" se pose carrément en étalon du genre, et Lenny se débrouille à merveille pour lui donner une seconde jeunesse, son précarré nul doute ! Matez-le dans la vidéo flying V en bandoulière, il y est parfait ! "Black Velveteen" clôt cette immense ronde de singles. Ses sequencers intenses nous font pénétrer une nouvelle dimension. Un sacré caméléon musical, notre Lenny ! Nul n’a oublié le magnifique refrain qui sort de cette belle mélodie, un must absolu !

C’est funky en diable sur l’introductive "Live" où les fantômes de SLY et de PARLIAMENT viennent toquer à la porte 20 ans plus tard. La basse tressaute comme après une nuit de beuverie et la batterie respire à mort, et toujours ces petits groove polissons dont Lenny a le secret ! Il y a de la rébellion et du James BROWN dans les vibrations monochromes de "Take Time", la filiation est évidente malgré l’orchestration moderniste, planant et martial à la fois ! Rythmique funky à la EARTH WIND AND FIRE sur "It’s Your Life", tout le talent de Lenny, insolent mais évident ! Dommage que le refrain soit moins réussi. Un instrumental qui porte le sceau des ténors de la funky music des 70’s de HAYES à Hazel en passant par KOOL ? C’est "Straight Cold Player".

Beaucoup de substances illicites et une ambiance résolument psychédélique, "Super soulfighter" se présente comme un exemple parfait de l’art de Lenny, oscillant en permanence entre identité soul funk agrémenté d’un esprit hard-rock et de mélodies pop, le tout saupoudré d’un nuage de beuh plutôt efficace si l’on en juge par le résultat. Le bridge nous ramène au début des seventies, soit la tarte à la crème façon KRAVITZ. Nous nageons en plein psychédélisme sur "Can We Find A Reason", de la reverb' à donf, un son crépusculaire. Fais tourner le oinj, man ! Le refrain de "You’re My Flavor" se pose en bonne place, même si les couplets n’ont rien de transcendant, un titre aux couleurs rock. "Without You" est un slow un brin plaintif qui manque de couilles à mon sens, face B de "American Woman". Encore un grand écart avec les synthés puissants de "Little Girls’s Eyes", en mode slow face à des choeurs très soul.

Le cinquième opus de Lenny KRAVITZ va truster le billboard ricain pendant la bagatelle de 3 ans. Une sacrée performance qui impose l’artiste comme un phénomène majeur de la musique populaire de la fin du 20ème siècle. La présence de "American Woman" dans la B.O du giga succès Austin Powers parachève tout ceci avec conviction. Impossible de dénier la belle note de 4 à cet album, probablement mon préféré de notre pistonné préféré.