Et la tendresse, bordel ? Une maison de disques aux dents longues met son grain de sel, et voici qu'un jeune groupe d'AOR se transforme en une meute de loups assoiffés de hard rock mordant et de grosses guitares. Trois ans après un Out of the Silence introductif fort réussi, voici que Darren Wharton change de cap pour évoluer vers une sphère toujours très mélodique, mais nettement moins axée sur les claviers et les arrangements.

Sur Blood From Stone, un album tantôt adoré, tantôt honni, et depuis renié par l'ex-membre de Thin Lizzy, les changements de line-up (Nigel Clutterbuck et Greg Morgan s'emparent de la basse et de la batterie) ne cachent pas le changement de style. Les claviers de Brian Cox sont loin, très loin derrière, et sont la plupart du temps absents ou inaudibles. Darren Wharton a pour sa part choisi de délaisser ce même instrument pour se concentrer sur ses parties de chant, bien plus rugueuses et énergiques que sur le précédent album du groupe. C'est bien ici Vinny Burns qui tient les clés de l'album, tant ses parties de guitare sont mises en avant. On redécouvre alors un guitariste capable de proposer des soli techniquement impeccables, mais surtout dotés d'un feeling à dégonder les portes. Ce solo celtisant de l'imparable tube « We don't need a reason » illustre tout le talent du guitariste qui tire tout naturellement la couverture vers lui.

L'album décevra, à cause de ce changement de cap brutal, et condamnera DARE au silence durant sept longues années. Reste qu'il renferme quelques perles hard US qui ont, pour leur part, séduit un public qui ne retiendra du groupe que cet album (malgré tout) de grande classe. « Surrender » et ses choeurs gonflés à bloc, « Chains » et ses intonations country, « Cry Wolf », dont la rugosité du riff tranche avec la douceur trompeuse de l'introduction, sont autant de titres résolument surprenants mais d'une efficacité remarquable. Rien de révolutionnaire, mais un hard rock tellement accompli que Blood From Stone aurait pu devenir un album-étalon du genre. Reste cette petite ballade sympathique, « Lies », qui fera nourri quelques regrets chez les amateurs d'Out of The Silence, et constitue un pause bienvenue dans ce déferlement de tubes.

Malgré tout, et connaissant la carrière de DARE, nous ne pouvons que nous réjouir que le groupe ait, après moult difficultés et un abandon de son public, choisi une voie plus personnelle et collant bien mieux aux aspirations réelles du talentueux Darren Wharton. Les amateurs de hard rock 80's seront aux anges. Les autres aussi, malgré tout. Du beau boulot.