Le rock est, dit-on, une musique de l'instant. Nombre d'artistes majeurs du style expliquent, à grands renforts de métaphores bien souvent ubuesques, qu'il suffit de quelques minutes à peine pour composer un tube, que le rock est par essence une musique de l'urgence, intense et éphémère, qui se doit d'être rapidement mise en boîte pour tenter de garder quelque peu son âme. Après avoir pratiqué ce rock « de l'instant » au sein de THIN LIZZY (groupe du regretté Phil Lynott) durant quelques temps au début des années 80 (avec lequel il enregistra 3 albums), Darren Wharton a décidé de prendre son temps, et d'accorder à sa musique le temps de mûrir, avant de la laisser prendre son envol. Ainsi, durant deux années complètes, Darren passa du temps dans son propre studio à composer et enregistrer ce qui allait s'avérer être ce Belief, quatrième album de son projet DARE.

Pour beaucoup, Belief est « l'album celtique » de DARE. Il est vrai que si la musique du groupe évolue toujours dans des sphères rock mélodique/AOR, cet album est marqué par la présence imposante d'instruments à connotation celtique (violon, flûte) et de chœurs féminins qui apportent une couleur verte (comme l'Irlande) à l'ensemble. Une nouvelle fois, Darren nous invite à un voyage dont on ne ressortira pas indemne. De par sa voix chaude et touchante, le bonhomme prend le temps d'instiller des émotions, d'évoquer des paysages, qui forcent inconsciemment l'auditeur à s'embarquer dans une délectable épopée païenne. Très ambiancée, la musique du combo britannique donne en effet une impression de proximité, de communion avec les éléments. Belief, c'est l'évocation d'un ciel bleu, des plaines vertes de l'Irlande, du ressac de la mer du Nord sur les côtés écossaises... D'une durée assez longue pour le style pratiqué, les 11 compositions de cet album prennent en effet le temps d'installer leurs ambiances et de laisser l'auditeur s'imprégner complètement de celles-ci. Faisant mouche dès la première écoute, les « Silent Thunder », « Dreams on Fire », « We Were Friends » (et ses sept minutes au garrot) s'imposent comme autant de pépites dont on se délecte inlassablement sans jamais ressentir une quelconque lassitude. Les ambiances éthérées y sont pour quelque chose bien entendu, mais ce serait minimiser le rôle de la guitare électrique de Richard Dews, partenaire de longue date de Wharton, qui ponctue chacune des compositions d'un solo aérien et rempli de feeling, quasiment atmosphérique, dont l'impact sur l'efficacité des titres est loin d'être négligeable.

Et même si l'album tend à s'essouffler quelque peu sur la fin, la faute notamment à un « Phoenix » un peu redondant, Belief constitue néanmoins un pur moment de bonheur. Épuré au maximum de sa substance rock pour laisser la place aux instruments acoustiques et celtiques ainsi qu'aux ambiances mélancoliques et doucereuses, l'AOR de DARE se transforme en une musique organique et universelle. Bien loin des préoccupations de ses contemporains, Darren Wharton prend le temps de convaincre, et il le fait bien! Beneath the Shining Water, l'album suivant, ne fera que confirmer la donne.