Les anges sont-ils sensibles à la musique ? Peut-on imaginer Cupidon, entre deux flèches décochées à la volée, s'éclater le bourrichon sur du Slayer ? Peu de chances. Au Paradis, DARE est la musique céleste. « Fournisseur officiel de vie éternelle », devrait-on apposer sur la pochette de ce troisième album du groupe britannique. Et pourtant, l'histoire de cet opus est loin d'être limpide comme l'eau des fleuves du royaume des cieux. En effet, après un album hard FM mordant et peu naturel, le départ de Vinnie Burns (parti former Ten en compagnie de Gary Hughes) semble sceller le destin du groupe de Darren Wharton. Il faudra attendre sept ans, et le coup de pouce d'un grand barbu bien connu, pour que la machine ne se remette en route et n'accouche de ce Walk On Water aux allures de nouveau testament.

Walk On Water pose les bases du nouveau son du groupe de Darren Wharton. Paradoxalement, c'est aussi l'album le moins convaincant du DARE Mark II, dépassé de la tête et des épaules par les trois sorties suivantes. Reste que les sept commandements sont ici respectés, et permettent de découvrir un visage bien plus mélodique, méditatif, presque spirituel, du groupe britannique :
1.De longs titres aux mélodies flamboyantes tu composeras. De proposer de nombreuses harmonies de guitares tu n'hésiteras pas.
2. D'une voix chaude et remplie d'émotion tu chanteras.
3. D'ambiances celtiques et organiques tes compositions tu agrémenteras.
4. Mélancolie, prédominance de la Nature et amour éternel pour ton prochain tes thèmes de prédilection seront.
5. De touches AOR discrètes tes compositions tu doteras.
6. De refrains riches en émotions à tes morceaux tu associeras.
7. A rassurer tes fans tu t'emploieras.

Osannah ! C'est avec conviction et talent que Darren Wharton s'emploie à respecter ces préceptes, proposant au passage quelques titres tout bonnement magnifiques : « Walk on water », titre introductif fédérateur, dont la discrète guitare acoustique et le break mordant constituent l'intérêt majeur, « Calm before the storm », agrémenté de splendides mélodies, et surtout la ballade « Silence of your head », doté d'une magnifique introduction mêlant piano et guitare électrique avec une réussite certaine.

Pour le reste, DARE a tendance à tomber dans la redite et à se faire répétitif dans les ambiances distillées ainsi que dans la construction de ses morceaux, tant et si bien que la longue durée de l'album (plus d'une heure) nuit à son impact. Reste que, pour accéder au Paradis, direction que semble prendre la jeune femme de dos sur la pochette de l'album, Walk on Water reste un album fort recommandable. Mais pour découvrir le royaume des cieux de fond en comble, c'est vers les albums suivants qu'il faudra vous tourner.