Vu ce que j'ai envie de dire sur ce "Kettle of Fish", je vous entends déjà dire à la fin de cette chronique : "Ça y est, Ludo a encore déversé tout son fiel sur les maisons de disques, il doit être content...". En effet, d'une part, j'adore chouchouter mes petits labels, et d'autre part, un de mes sports favoris est de cracher sur les grosses majors. Mais avec cette compil, ça bat presque tous les records !!

Un petit flash-back va peut-être me calmer : 1995 voit la sortie d'une première compilation en deux parties "Yin" et "Yang". Mis à part l'originalité des titres, pourquoi ne pas avoir sorti une compilation double plutôt que deux disques séparés ? Et qu'on ne vienne pas me dire un double CD c'est pas vendeur, quand il s'agit d'un best of il n'y a pas trop de problèmes... Enfin bref, "Yin" et "Yang" tenaient la route, Fish avait alors à son actif quatre albums, une petite rétrospective ne pouvait pas faire de mal. D'autant plus que ces deux disques renferment une quantité non négligeable de réenregistrements de titres de l'époque "MARILLION", plutôt pas mal, ce qui aura ravi les connaisseurs et aura fait, j'espère, de nouveaux adeptes par ailleurs.
1997, enregistrement du merveilleux "Sunsets on Empire", Fish sort un peu la tête de l'eau et voit la possibilité par l'intermédiaire de ROADRUNNER Records de rééditer l'intégralité de son back-catalogue. Tant mieux pour lui !

Et c'est donc en 1998 qu'une idée merveilleuse à germer dans la tête de je ne sais qui : "Et si on sortait une compil de Fish ?" Quelle idée de génie !! Non seulement Fish n'a sorti qu'un seul album entre-temps mais comble de l'horreur, hormis deux titres extraits de "Sunsets on Empire" et deux inédits (j'y reviendrai...), TOUS les titres de "Kettle of Fish" sont présents sur "Yin" et "Yang" !

Bon, passons au contenu maintenant. Certes, FISH s'est éloigné de plus en plus de ses premiers amours progressifs pour quelque chose de plus "abordable", rock limite pop... Et là, la ménagère peut sortir ses mouchoirs, on a droit à une bonne dose de guimauve, plus ou moins bonne : "A Gentleman's Excuse Me" (attention les violons sont de sortie), "Lady Let It Lie", "Just Good Friends" qui est malgré tout très bon en duo avec Sam BROWN.
Les tubes "à la FISH" sont également présents, toujours assez joyeux, rythmés, taillés pour le live tels "Lucky", le groovy "Brother 52" ou encore "Internal Exile" et ses sonorités écossaises si chères à notre géant. Et également, je vous le disais, deux inédits : "Chasing Miss Pretty", très classique, et "Mr Buttons", un peu plus rock. En gros, ça ne relève pas le niveau. Le rock de FISH distillé à travers ces 13 morceaux est toujours aussi agréable et facile d'écoute mais ne révèle que la partie visible du glaçon sur le whisky.

Quelques titres "moins faciles d'accès" auraient été les bienvenus, par exemple plus progressifs comme "Vigil" et "The Perception Of Johnny Punter" ou alors on aurait pu développer davantage les différentes atmosphères qui se dégagent de chacun des albums (orientales pour "Sunsets on Empire" en 1997, plus tribales sur "Suits" paru en 1994, etc...). En tout cas une représentation un peu plus large du panel musical du poisson aurait été la bienvenue, afin ne pas se limiter à la facilité.

Tous mes commentaires n'enlèvent rien de la qualité des compositions et Fish reste toujours un très bon chanteur, je critique seulement le procédé. Vous l'aurez compris, mieux vaut faire l'impasse sur le présent CD pour se concentrer plutôt sur "Yin" et "Yang", ou mieux, sur l'ensemble de la discographie de FISH. Pardon si j'ai offensé la ménagère, c'était sous le coup de l'émotion. Pour me faire pardonner je chroniquerai un album de Michel SARDOU...