Donc, ça y est. MERZHIN, le petit groupe qui monte, a maintenant 15 ans de carrière au cul. Du statut d'espoir de la musique bretonne, faisant « jumper » les festivaliers au son des « Nains de jardin » au début des années 2000, le groupe de rock celtique est devenu une valeur sûre de la musique francophone, intègre et fidèle à ses valeurs comme à son line-up, étonnamment stable depuis ses débuts. Qui dit anniversaire dit album commémoratif, le sextet n'échappe pas à la tradition. 15 nous propose donc 15 titres, parfaitement mis en valeur dans un digibook riche en photos. Plus qu'une simple compilation, le groupe prend néanmoins le pari d'offrir une véritable rétrospective, composée de titres live, inédits, remixés, ou issus des projets annexes du combo (l'opéra-rock Excalibur, le Merzhin Moon Orchestra). De quoi satisfaire l'appétit des curieux comme des amateurs éclairés des Bretons.

C'est un fait, MERZHIN ne se fout pas de notre gueule, et met en avant ses qualités de création et d'interprétation sur ses 15 morceaux : « L'histoire », inédit issu des sessions de l'album Plus Loin Vers l'Ouest, témoigne de cette volonté de faire la part belle à la mélodie du son et des mots. Les titres inédits constituent d'ailleurs un intérêt majeur de cet opus : « Contre-courant », sa trompette hispanisante et sa guitare sautillante, aurait tout à fait mérité sa place sur l'excellent album Pieds Nus Sur la Braise. Plus sombre « Je ne rêve plus » fait la part belle à la guitare acoustique et au chant habité de Pierre Le Bourdonnec, tandis que « La fuite en avant » met en avant la facette la plus mordante du groupe ainsi que la bombarde, élément caractéristique de la musique de MERZHIN s'il en est un.

Si le reste de l'album nous ramène en des terres plus familières, il n'en est pas pour autant dénué d'intérêt, bien au contraire : « L'étincelle » et « Conscience », remixés, nous offrent une facette plus mûre et posée du groupe. La version actualisée des « Nains de jardin » remet au goût du jour ce titre emblématique du combo, alors que la version en public de « Train de nuit », enregistrée lors de l'émission radio Fou du Roi (France Inter) témoigne d'un MERZHIN apaisé et sûr de son fait. Les morceaux issus de l'album Moon Orchestra (2009), trouvent parfaitement leur place sur cet opus, en témoigne le délicat « Nu et noir de pied » ou l'excellent « Au bout de la scène », titre de clôture parfait. Enfin, comment ne pas se délecter de ces versions live de « Betti » et « Maximum », qui montrent un groupe à même de faire parler la poudre lorsque le besoin s'en fait sentir ? Du bonheur en barre.

MERZHIN ne commet aucun faux pas sur cet album qui, s'il reste d'un intérêt plus limité qu'un album studio, a le mérite de faire un bilan exhaustif et extrêmement positif de la première partie de carrière de l'atypique groupe breton, qui voit sa persévérance et son indépendance payer. Un album très chaudement recommandable, pour découvrir le groupe ou fêter avec lui sa survie à une époque où les longues carrières se font de plus en plus difficiles à mener. Le témoignage indispensable d'un parcours musical dense et varié.