Nous voici confrontés aux derniers moments de gloire du Rock’n’roll des origines. Vous me direz : "ce n’est pas une raison pour essayer d’assassiner notre sens de l’esthétique en nous imposant cet ignoble fond vert sur cet album". Je l’admets bien volontiers, Rick a l’air plus nunuche que jamais sur cette tof, on ressent même comme une once de tristesse… Comme s’il disait adieu à toutes ses groupies… Pour la Ganja, le jeune gendre parfait va rester un très très gros consommateur, tout comme son rythme de dépense qui ne va pas changer d’un iota malgré la baisse drastique de ses ventes d’album, ce qui va l’obliger à une vie incessante de tournées pour assumer son fabuleux train de vie. Pour l’instant, nous sommes confrontés au dernier de ses albums pour Imperial records, catalogué comme son dernier classique Rock avant le début d’une carrière de crooner vaguement countrysant.

La version de "Summertime" qui ouvre l’opus doit beaucoup à celle de Gene VINCENT, rapide mais aussi plus hachée, ce qui la rend moins agréable à l’écoute, un certain Ritchie BLACKMORE s'en inspirera plus tard... Cela reste toutefois une curiosité. "Congratulations" est un rock sympa très enlevé, je ne m’en souvenais pas, il eut mérité une plus jolie place dans les classiques de notre coquinou préféré. "Baby you don’t know" ressemble trait pour trait aux compos de son collègue Teenage idol Frankie AVALON – dont vous pourrez lire les aventures de faux surfeur dans ces pages un de ces quatre- ; cette chouette compo bénéficie du remarquable boulot de James BURTON à la gratte. Cette constante présence sera pour le jeune homme un allié de choix, et certainement une des raisons majeures de son succès. "Excuse me baby" dépote bien. On retrouve le rythme de "Hello Mary Lou" sur la "Today’s teardrops" plutôt réussie. On constate, décidément, qu’aucun faux pas n’a jamais eut lieu au cours de toutes ces années de stardom. Un fait bien rare.

Sur "I can’t stop loving you", les trademarks sont plus country pop, déjà. Et, alors que "History of love" est moins mémorable, "Mad mad world" sonne plus moderne, et préfigure les harmonies qui vont devenir les standards des sixties après la British invasion qui va laisser les pionniers du Rockabilly sur le carreau, dont le mignon Ricky. Cependant, la fin de l’album vert avec "Stop sneakin around" et "There’s not a minute" est tout à fait recommandable. Je suis tenté de mettre une bonne note, mais l’époque ne s’y prête guère, et cette photo ridicule me hante, je resterai donc sur un trois étoiles assez fort.

Ricky va signer un deal avec Decca, cet album est le dernier qui le dépeint en Teenage Idol / Rock star. On ne peut que regretter cette transition, car malgré sa douce voix et sa jolie bouille, le Rock va y perdre. Ricky embraye sur une nouvelle trajectoire qui va le voir devenir un précurseur du California sound, un nouveau style de musique qui verra naître quelques dinosaures tels les EAGLES ou Jackson BROWNE. Ricky, lui, ne connaîtra pas la gloire pendant une dizaine d’années avant de retrouver inexplicablement le Billboard au cours des seventies, mais c’est là une toute autre histoire,