Plus propret que jamais, nous reconnaissons sur la pochette de son cinquième opus le futur gendre parfait, le chevaleresque pourfendeur de groupies et romantique coupeur de joint made in US, j’ai nommé le roi des coquins Ricky NELSON, à peine agé de 20 ans en cette année charnière qu’est 1960... On ne le sait pas encore, mais le Rock’n’roll vit ses derniers soubresauts.

C’est frappant camarades, faites donc un tour sur les nombreuses videos du web pour découvrir notre Teenage idol parfaite. Les ambiances sont sentimentales et correctes à donf, pas un black sur les images, pas une mèche qui ne dépasse de la coiffure, et cet air angélique… C’est à mourir de rire quand on connait la vie pour le moins dissolue de l’artiste. Il en est ainsi du slow sirupeux qui ouvre le skeud "I’m not afraid" et sa ritournelle "boum des sixties" avec que de la high society upper class dans le champ de la caméra en ouverture de l’opus ce qui a le mérite de positionner l’esprit du skeud… On est loin du Rock’n’roll !
La Croony "Baby won’t you please come home" est en revanche un véritable régal pour les oreilles. Ricky s’y positionne en émule de Dean MARTIN et de Franck SINATRA, une chanson super sympa que personne ne connait, à découvrir.

"Here I go again" est un joli doowop que l’on rapprochera aisément des performances de ses collègues Teen idol telles Frankie AVALON, Pat BOONE ou Paul ANKA, pour ne citer que les plus grands. Et grand il est, notre Rockeur, tant qu’il a positionné son nom sur sa gratte, vous remarquerez la filiation ici revendiqué par le surfeur Chris ISAAK, lui aussi aurait fait partie des Teenage idol… Toujours dans cette veine, "Again" est absolument superbe, le titre de bravoure de l’album, assurément, j’y retiens le petit lick de guitare de James Burton, qui fait toute la différence. Plusieurs morceaux sont en revanche bien mollasons et propices à l’endormissement, tels "I’d climb the highest mountain" ou "When your lover has gone".

Le moins que l’on puisse dire est que ce nouvel opus manqué clairement de testostérone, ce qui dans le cas de Ricky est bien dommage, car le jeune artiste est un véritable amateur de Rock. Cet album est beaucoup plus smooth que ses prédécesseurs, et en termes de rock'n'roll, nous n’avons guère que "Ain’t nothin but love" avec son tempo enlevé, la version assez réussi du standard de "Make believe" à nous mettre sous la dent. Mais n’oublions pas la très chouette "Hey pretty baby" et ses chœurs doowop, pour finir avec la rythmée "I’m all through with you", 4 titres Rock ce n'est pas si mal après tout.

Nous entrons incontestablement dans une ère nouvelle, les sixties ont débarqué, et malgré son très jeune âge, il devient urgent pour NELSON de se réaffirmer comme un des leaders de cette décennie qui s’amorce. D'où cette tendance à entrer dans un standard "variété"… Le Rock agonise, Buddy HOLLY est mort, Eddie COCHRAN va le suivre, Elvis fait des comédies nunuches, Jerry lee LEWIS et Little RICHARD sont condamnés par le système, Chuck BERRY est en prison… Comme les autres le beau Ricky va devoir se battre pour survivre, condamné à trouver l’argent de son invraisemblable lifestyle fait de fêtes, de voyages et tournées incessantes, de femmes –il annonce un score de plusieurs milliers de groupies à son tableau de chasse- , tout ceci assorti d’une consommation effrénée de Ganja, ça ne s’annonce pas easy…