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FUNKADELIC - America Eats Its Young (1972)
Par TOMTOM le 2 Avril 2014          Consultée 3074 fois

Quand America Eats Its Young sort dans les bacs en 1972, Funkadelic n'est plus un groupe. Ses trois premiers albums, le gang les avait enregistrés sous haute influence acide, à grand renfort de « Maggot Brain ». Mais immanquablement, fin 1971, la machine se grippe. Le batteur Tiki FULWOOD, accro à l'héroïne, est le premier à craquer. Tawl ROSS le suit de prés et part en vrille après un concours de gobe d'acide et de speed. A la basse, Billy NELSON se taille aussi, excédé par les retards sur salaire qu'accumule son boss George CLINTON. Un temps rescapé avec son pote Bernie WORRELL, Eddie HAZEL finit lui aussi par quitter le navire et part en congé sabbatique.

Une bien sale histoire.

Voyant que sa formation part en quenouille, George CLINTON rentre dans une drôle de phase. Un brin mégalo, le bonhomme avait un petit côté de gourou depuis le début (le sermon "Free Your Mind…"). Mais avec America Eats Its Young, il franchit une nouvelle étape et dédie carrément son album aux prêches de l'Eglise du jugement dernier, secte déviante de la scientologie et dont l'idéologie se fonde sur la réunification de Jésus et Satan, du bien et du mal, des rebus de la société et des gens sympas...
"L'Amérique bouffe ses gamins" nous disent les notes de pochettes (une pub d'époque montre le double vinyle/billet de banque sur le point de gober un enfant noir), "mais l'état de l'Amérique représente l'état de la société (...) Le futur nous appartient."

Paradoxalement, si America Eats Its Young présente à première vue toutes les caractéristiques d'un concept album cohérent (un message politique en phase avec une pochette incroyable), le contenu du disque est un foutoir quasi impossible à décrire. C’est d’autant plus frappant que, depuis le début de son aventure, Funkadelic avait toujours réussi à conférer à ses albums une ambiance particulière. En effet, Funkadelic, Free Your Mind… et Maggot Brain avait cela de génial que même leurs titres les plus faibles participaient systématiquement d’une ambiance générale fascinante, d’une vision déglinguée et toujours intrinsèquement violente de la musique. La perte de cette vision, telle est la plus grosse déception d’America Eats Its Young.

Quatorze titres, une quarantaine de musiciens mercenaires (impossible de tous les citer) piochés un peu partout, cet album est le plus dispersé de la discographie du groupe. En termes de qualité, il en est un des plus faibles. Car pour la première fois de son histoire (décidément), Funkadelic fournit ici une grosse poignée de chansons vraiment difficile sinon à écouter, du moins à aimer.

Commençons la liste : pas du tout pertinent en ouverture, le schizophrène « You Hit The Nail On The Head » alterne free jazz ultra rapide et temps mous. Bien que servi par une instrumentation parfaite (sur tout l’album, le jeu est irréprochable), « If You Don’t Like… », est dans le même registre : poussif et sans grande saveur. Le single « Loose Booty », resucée des Parliaments, le premier groupe de CLINTON, est horriblement répétitif, « America Eats Its Young » est abusivement contemplative, « We Hurt Too » inutilement larmoyante, « Wake Up » pas entraînante pour deux sous, etc.

Sans plus rentrer dans les détails, la moitié de l’album est décevante, jamais vraiment assumée, toujours en comparaison de ce qui a été fait avant. Pour le tiers qui reste en revanche, les mercenaires de CLINTON rehaussent sacrément le niveau. « That Was My Girl », servie par le chant chevrotant de Gary SHIDER, est incroyable, vicieuse à souhait. Du même niveau, « Balance » est une bombe hard funk dans la veine de ce qui se faisait sur Maggot Brain. Au chant : Bootsy COLLINS, viré des J. B. ‘s pour abus de substances qui rendent dingue. Avec son frère « Catfish » COLLINS à la guitare, le bassiste frapadingue fournit par ailleurs avec « Philmore », une autre petite pépite à l’album. Quasi-pastiche de James BROWN, la chanson introduit dans le « son » Funkadelic le « One », une note exagérément appuyée autour de laquelle virevolte le riff de basse, quasiment toujours mis en valeur par une cymbale qui pète. Bientôt, cette formule que Bootsy COLLINS avait expérimentée chez James BROWN (« Sex Machine ») allait faire les beaux jours de Parliament.

Outre ces trois réussites immédiatement identifiables, deux titres posent problème. « I Call My Baby Pussycat » est a priori sans grand intérêt : intro horripilante, ambiance un peu raplala malgré une basse en plomb. On a affaire à un jam léthargique. Puis c’est toujours la même chose : à trois minutes trente Eddie HAZEL (il passait par là) empoigne sa guitare et balance ce qui pourrait être l’illustration de la fureur faite solo de guitare. Les cuivres font monter la mayonnaise puis George CLINTON reprend la main avec sa voix de fou : « Pussycat, Pussycat… ».

Bonne chanson ou pas ? Difficile à dire… Idem pour « A Joyful Process », bébé de Bernie WORRELL (claviers). D’un côté, on a l’impression d’une BO moyenne de film de Blaxploitation, d’une incursion ratée sur les terres d’Isaac HAYES. Mais de l’autre, comment ne pas rester pantois devant de telles orchestrations ?

En définitive, « America Eats Its Young » reste un album raté. On peut y trouver de très bonnes choses ici ou là, dans quasiment tous les titres, mais le tout est trop alambiqué, trop bigarré pour être réellement convaincant. Dommage, je suis sûr que CLINTON voulait faire quelque chose de grand avec cet album, ou en tout cas s’éloigner de l’aspect un peu brut de décoffrage de ses premiers albums. Mais ne bâtit pas un « Electric Ladyland » qui veut.

Note : 2,5/5

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1. You Hit The Nail On The Head
2. If You Don't Like The Effects, Don't Produce The C
3. Everybody Is Going To Make It This Time
4. A Joyful Process
5. We Hurt Too
6. Loose Booty
7. Philmore
8. I Call My Baby Pussycat
9. America Eats Its Young
10. Biological Speculation
11. That Was My Girl
12. Balance
13. Miss Lucifer's Love
14. Wake Up



             



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