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- Membre : Porcupine Tree, David Sylvian

JAPAN - Gentlemen Take Polaroids (1980)
Par ARP2600 le 21 Avril 2014          Consultée 4833 fois

Au sein de la très intéressante discographie de JAPAN, un album brille comme un éclair dans la nuit, le doux et crépusculaire Gentlemen Take Polaroids. D'un style romantique fort comparable à celui de Quiet Life, il représente une amélioration en tous points par rapport à celui-ci, que ce soit au niveau du son ou de la composition. Peu d'albums méritent vraiment ce titre en new wave, mais ceci est un véritable chef-d’œuvre.

Voyons ce qu'il en est de l'histoire du groupe en 1980. Ayant publié leurs trois premiers albums chez Hansa-Ariola, ils ont déménagé chez l'inévitable Virgin. Question succès commercial, il faut bien avouer que cela n'a jamais été mirobolant pour eux, mais bon, avec la popularité croissante de la new wave en 79/80, chacun de leurs albums marchait mieux que le précédent et leurs singles ont fini par faire leur chemin, ce qui, pour un groupe aussi artistique, n'était pas gagné d'avance mais semble être une juste récompense pour leur travail. Question singles, ceci dit, Gentlemen Take Polaroids n'est pas très bien doté, seule la chanson-titre ayant été publiée en 80. C'est étrange, surtout quand on voit qu'il y en a eu quatre sur Tin Drum... C'est une des causes de la faible présence de cet album sur les compilations (on ne pourra que recommander «The Very Best of Japan»).

Le contenu, ensuite. La musique de JAPAN n'a jamais été surexcitée, et Gentlemen Take Polaroids est sans doute celui dont la moyenne des tempos est la plus basse. Toujours très basée sur les synthés de Richard Barbieri, avec des sons de guitares et batterie lisses, la voix de David SYLVIAN encore un peu plus grave que sur Quiet Life, et divers autres instruments pour agrémenter la recette et lui donner un côté world (majoritairement asiatique, logiquement), cette musique qu'on peut qualifier de néo-romantique est particulièrement séduisante. Notons que la faible présence de la guitare de Rob Dean (qui utilise d'ailleurs souvent un ebow) n'est certainement pas sans rapport avec son prochain départ du groupe.

L'ambiance générale est donc plus sombre que sur Quiet Life, mais pas de la même manière que sur Obscure Alternatives. La nuit n'est pas forcément quelque chose d'effrayant, elle ne cause pas forcément de malaise. Gentlemen Take Polaroids est plutôt un beau rêve. Évidemment, quand on voit la pochette, sans doute ce qu'il y a de moins réussi dans cet album, on peut penser qu'ils ont voulu également une bonne dose de mélancolie mais on n'est pas obligé de le ressentir ainsi. En ce qui me concerne, il n'y a ici que des sensations positives, avec juste un peu de mystère, sauf peut-être sur le lugubre et atmosphérique «Burning Bridges».

Autre qualité par rapport à Quiet Life, il n'y a aucun déchet ici, les huit chansons sont à retenir, avec certes une qualité variable mais toujours un niveau élevé. Le titre majeur de ce disque, et sans doute de leur carrière toute entière, est à mon avis le splendide «Methods of Dance». Il semble répondre aux Systems of Romance d'ULTRAVOX, pour affirmer quelque chose de théorique au sujet de la new wave. La musique de cette chanson est simplement brillante et irrésistible. Ensuite, la chanson-titre et «Swing» ne sont pas en reste et fournissent une introduction très solide.

Autre titre important, le final «Taking Islands in Africa», un numéro plus rythmique, un peu world et très technologique, il n'a de nouveau pas grand chose à envier aux grands musiciens électroniques, mais peut-être est-ce grâce à la collaboration avec Ryuichi SAKAMOTO d'YMO. L'adaptation de «Ain't that Peculiar» de Marvin GAYE ne brille pas par sa mélodie mais le très beau mélange sonore à la ENO/BYRNE sauve le titre. Notons encore le piano sur «Nightporter», manifestement inspiré des Gymnopédies d'Eric SATIE, pour un résultat une fois de plus épatant. Enfin, comment ne pas mentionner le chant très travaillé de SYLVIAN sur «My new career» ?

Répétons-le une dernière fois, Gentlemen Take Polaroids est un sommet. Un album «facile à écouter», certes, comme le sont de nombreux disques commerciaux de new wave, mais il y a en plus ici une très grande finesse. Bien que très électronique, leur musique échappe au kitsch que n'ont pas pu éviter des groupes comme ULTRAVOX ou DURAN DURAN. Nul besoin d'être indulgent et de se remettre dans le contexte de l'époque, ceci semble avoir fort bien résisté à l'épreuve du temps. Le terme de chef-d’œuvre n'est pas galvaudé. Peu de critiques semblent favoriser cet album en particulier, la tendance générale étant de l'inféoder à Quiet Life mais il ne faut pas les écouter, c'est bel et bien celui-ci qui est le disque à retenir. Après une telle réussite artistique dans ce style, il n'est d'ailleurs pas étonnant qu'ils aient achevé leur carrière l'année suivante avec quelque chose de sensiblement différent, le déconcertant Tin Drum.

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- Richard Barbieri (synthétiseurs, piano)
- Rob Dean (guitare, ebow)
- Steve Jansen (batterie, percussions)
- Mick Karn (basse, hautbois, saxophone)
- David Sylvian (chant, synthétiseurs)
- Simon House (violon sur 4)
- Cyo (chant féminin sur 5)
- Barry Guy (contrebasse sur 6)
- Andrew Cothery (hautbois sur 6)
- Ryuichi Sakamoto (synthétiseurs sur 8)


1. Gentlemen Take Polaroids
2. Swing
3. Burning Bridges
4. My New Career
5. Methods Of Dance
6. Ain't That Peculiar
7. Nightporter
8. Taking Islands In Africa



             



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