Le marketing a quelque-chose de formidable. Mais à trop en abuser, on finit par dévoiler la combine.
Après The Whirlwind : The Whirlwind – Special Edition, The Whirlwind – Deluxe Edition, The Whirl Tour et More is Never Enough (on ne l’aurait pas mieux dit), TRANSATLANTIC s’est décidé à proposer autre chose que des ré-éditions ou des Lives et à se concentrer – enfin – sur du neuf.

Kaleidoscope, dernier album du super-ultra-méga-groupe, porte rien qu’en son titre (très joli au demeurant) plein de promesses. La pochette un brin kitch fait partie du jeu et les amateurs de la formation fantasmaient déjà sur un concept-album fumeux dont TRANSATLANTIC est devenu spécialiste depuis le Tourbillion.

Première surprise, le groupe a repris le format de ses premiers albums, à savoir deux grands titres ouvrant et clôturant l’album, accompagnés de morceaux plus courts. Comme ses prédécesseurs, Kaleidoscope est organisé en dents de scie, les titres "Shine" et "Beyond the Sun" sont deux ballades offrant des atmosphères moins intellectuelles et énergiques que les trois autres.

Avant d’aborder le vif du sujet, mettons-nous d’accord sur le principal trait de caractère de TRANSATLANTIC. Le groupe, ne possédant que des têtes pensantes, produit une musique extrêmement écrite et propre. Peu enclins aux folies de l’expérimentation ou aux joies de l’improvisation, c’est dans la composition pure qu’excellent les quatre compères. Ainsi, et sans remettre en cause leurs talents de musiciens, il subsiste tout de même une certaine limite dans leur démarche. Et à l’écoute de Kaleidoscope, force est de constater que ladite limite a déjà été franchie.

Par conséquent, le présent album n’apporte en somme rien de révolutionnaire et, osons le dire, semble ne proposer qu’un nouveau remaniement de leurs productions passées, une nouvelle preuve de leur savoir-faire. Certes, mais encore ?

La facette rock (dans le sens binaire du terme) de l’album, c’est "Black as the Sky", chevauchée ininterrompue, course explosive menée tambours battants et agrémentée d’éclairs de synthés et de guitares saturées. Avouons que ce ne sont pas les plus longues six minutes de la galette. Là où le bât blesse, c’est sur "Shine" et "Beyond the Sun", copies conformes de "We All Need Some Light" (SMPTe) et "Bridge Across Forever" (de l'album éponyme), les ressemblances étant à la limite du choquant sur la seconde. Un parfum de 'meublage' plane sur ces trois morceaux, mais ne faisons pas nos fines bouches.

Il y a tout de même les deux poids-lourds "Into The Blue" et "Kaleidoscope". Ecriture à rebonds, ruptures, changements d’atmosphères, de rythmes, dans tous les sens. Pour sûr, tout y est, et le groupe est encore en grande forme. La musique possède incontestablement un côté jouissif car inattendue. Voyez plutôt : dès l’intro de "Kaleidoscope", six thèmes nous passent sous le nez en à peine une minute. Alors oui, c’est prenant, c’est grandiose, mais mettez-les en parallèle avec "All of The Above" ou "Stranger In Your Soul", des compositions somme toute très similaires, vous constaterez le malaise.

Tout le paradoxe de ce groupe est là. C’est du bon, incontestablement, mais TRANSATLANTIC fait du TRANSATLANTIC comme AC/DC fait du AC/DC et, à mon sens, il n’y a, pour le moment, que The Whirlwind qui tire son épingle du jeu dans la discographie du super-combo.