Stevie est au plus mal au début des nineties. Sa dépendance au Klonazepam est totale et la fait vivre dans un éther permanent. Pour une nana qui a déjà un coté mystique exubérant, vous imaginez ! Il lui est donc particulièrement complexe de composer et même juste faire de la musique. Ses deux derniers albums ont certes dépassé le cap du million d'exemplaires vendus, mais comparé aux performances des deux premiers à 8 et 4 respectivement, la banqueroute guette. Une grotesque dispute avec Mick Fleetwood sur la chanson "Silver spring" et ses droits provoque la rupture avec le MAC. Stevie est désormais seule. Elle prend la décision de rentrer à nouveau en clinique pendant une cinquantaine de jours, c'est très dur, elle prend du poids, le controle sur sa musique lui échappe... Hélas, lors des sessions d'enregistrement du nouvel album, les rapports avec le producteur Glys John sont détestables, et Stevie est absente lors de la phase de mixage. Elle n'en sera jamais satisfaite et considère que l'album s'en ressent énormément, même si elle essayera jusqu'au bout de retravailler chaque titre. Rien ne va mais il faut se lancer, la gloire et les fans n'attendent pas.

Seuls deux singles seront tirés de cet opus, le premier est "Maybe love will change tour mind", à la petite mandoline sympa. Chanson correcte, qui intégrera de justesse le billboard. Le second en revanche,est bien meilleur, il s'agit de "Blue denim" ou les fans reconnaîtront la guitare rugueuse de Mike Campbell, le guitariste de Tom PETTY, qu'on retrouve sur tous les albums de Stevie pour le meilleur. Un titre dynamique fort réussi, dans la droite lignée de ses classiques. Etonnant de constater qu'il ne rentrera même pas dans le billboard. Certaines choses sont incompréhensibles...

Stevie remet la main sur de vieux titres, pas les meilleurs de cette livraison. Parmi ces titres, on citera le très rock "Listen to the rain", puis "Looking for the river" rappellera John Cougar MELLENCAMP dans le ton. "Destiny" un titre datant du début des seventies mais jamais enregistré est un quasi morceau de country. Je n'avais pas une fière opinion de ces titres qui me semblaient très faibles à l'époque de la sortie de album... Est-ce moi qui me ramollit ou mon goût qui évolue, en tout cas, je ne les trouve plus si nazes que cela ! La guitare funky de Campbell sur "Greta", en hommage à la divine Garbo, nous rapproche à nouveau du félin rebelle de l'Indiana, avec pas mal de plaisir, un des sommets de l'ange de la rue. On en termine avec une des plus vieilles chansons de la petite blonde, datant de ses 17 ans, il s'agit de "Rose garden", la plus chouette de cette livraison. Stevie a de jolis fonds de tiroir !

A nouveau mes souvenirs me trompent sur le reste de l'album : "Street angel" dont j'avais gardé une impression bien moche se révèle très potable. Pareil pour "Docklands", qui dépote super bien et me donnerait presque envie de danser sur place... Reste à signaler la guitare Knopflerienne sur "Kick it", avec la même analyse, écoutez donc ce beau refrain et ce super solo de Mike ! Même l'atmosphérique mainstream de "Jane" est cool. Ah ouais, il y a aussi la reprise de Bob DYLAN ! Ouais vous avez bien lu, en plus il s'agit de "Just like a woman", bien sur les voix ne sont guère comparables, du coup la version de Stevie nous charme aisément par sa gaieté.

Me voila bien attrapé, moi qui croyait descendre avec fracas cet album dont je me souvenais comme le pire de la carrière de miss NICKS, enfoncé qu'elle était dans ses soucis de dépendance et ses rapports impossibles avec le producteur... Bref, je dois reconnaître que réécouté vingt ans plus tard, l'impression est radicalement différente. Du coup, ce sera un 3 solide ! Conclusion, droguez-vous, ça marche !