Une fille avec des longs cheveux noirs qui rend hommage à des hommes aux longs cheveux noirs, ou presque... Reprendre BLACK SABBATH n'est pas une sinécure, d'abord parce que l'univers de leurs débuts est une clef de voûte dans le monument rock (délaissez-la, ignorez-la, et tout un bâtiment s'effondre), ensuite parce que celui-ci est quand même sacré : on n'y touche pas comme ça, simplement parce qu'on le veut.

Il y a d'abord une série de rites à suivre, d'épreuves à passer, évidemment pas d'un niveau pour chochottes. Ensuite, une fois qu'on est mort (oui c'est obligatoire, demandez à METALLICA), on doit attendre que Lucifer en personne veuille bien donner sa permission - ou pas, c'est selon son humeur. Il est donc plutôt avantageux d'être une jeune femme séduisante et un brin sorcière. Ce soir, elle est triste, un chagrin d'amour pèse sur son coeur fragile. Elle s'avance donc l'air maussade, use indifféremment de ses charmes avec efficacité en plongeant les démons-gardiens du temple dans un sommeil de bébé. Puis elle se faufile tout en haut du donjon et chante son désespoir à la lune...

De la part d'une artiste telle que Marissa NADLER, reprendre "Solitude" apparaît comme quelque chose d'évident pour l'auditeur. En tout cas, bien plus que "Sabbra Cadabra", "Iron Man", ou "Children of the Grave" pour rester dans l'ambiance de ce chef-d'oeuvre que constitue Master of Reality. On l'explique tout simplement parce qu'il est simple de retenir l'essence folk de cette ballade noire et d'en changer le traitement sans rompre avec l'esprit initial.

L'univers de la belle Marissa n'étant pas franchement joyeux à la base, cet exercice lui permet de dépasser le cadre épuré de son propre univers et de rendre celui-ci plus glauque, malsain. On peut même dire qu'elle parvient à faire mieux que BLACK SABBATH dans ce domaine et pour ce titre, ralentissant le tempo quitte à le rendre complètement boiteux, suspendu. L'original en viendrait presque à sonner comme une ballade folk... traditionnelle - à ce stade du blasphème, je constate que les flammes de l'enfer ne m'ont pas dévoré les jambes, alors je continue !

Bien sûr, le but n'est pas de faire oublier l'original, et en tant qu'amateur des deux artistes, on n'a même pas envie de comparer la qualité globale. Les effets vocaux posés sur la voix de la belle et jamais utilisés à un tel stade auparavant, donnent froid dans le dos. Ça sonne un peu comme un croisement entre Burton et Lynch, un dessin animé à l'ambiance féérique et dépressive, où la pureté de la complainte et du chant de la demoiselle est contrebalancée par le visage effrayant de la bête qui rôde alentour... Sur fond de claviers funèbres qu'elle joue elle-même, elle pose quelques mélodies plaintives de guitare électrique saturée, elle qu'on avait plutôt connue en arpèges acoustiques... Belle ambiance !

Satan approves this.

Lien pour l'écoute : https://soundcloud.com/marissanadler/solitude
Page Facebook de Marissa NADLER : https://www.facebook.com/MarissaNadlerMusic?fref=ts