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Marissa NADLER - Little Hells (2009)
Par AIGLE BLANC le 11 Août 2015          Consultée 1475 fois

Marissa NADLER affiche déjà mine de rien sept albums au compteur. Lequel conseiller au néophyte qui voudrait prendre le train en marche ? La question est d'autant plus pertinente que la jeune Américaine à la chevelure d'ébène et au visage de porcelaine est de ces rares artistes qui creusent inlassablement le même sillon avec une obsession maniaque qui se préoccupe comme d'une guigne des critiques. Elle fait bien d'ailleurs, car certains journalistes de la presse spécialisée ne se privent pas de lui reprocher bien entendu de refaire toujours et toujours le même album sans aucun souci d'évolution. Reproche qui ne tient bien évidemment pas la route une seconde, quand on sait qu'il s'en trouve parmi eux qui applaudissent sans sourciller l'énième opus d'AC/DC, le groupe le plus conservateur de la planète.

Si dame NADLER explore comme une sorcière doucereuse les sortilèges de sa mélancolie sans dévier de sa trajectoire depuis 2004, année de son remarquable premier album Ballads of Living and Dying, c'est qu'elle n'a toujours pas épuisé les méandres de sa vie intérieure, elle cherche encore à comprendre le chemin qui pourrait la mener vers la lumière. Pourquoi changerait-elle de registre ou de style de musique alors qu'elle demeure toujours pour elle-même un mystère ?

Mais revenons à la question initiale. Et pourquoi Little Hells ne serait-il pas l'album par lequel il conviendrait de débuter avec Marissa ? Pour la raison d'abord que j'en ai fait l'expérience moi-même. Ensuite, son 4ème opus présente des atours plus enjoliveurs, du moins plus consensuels, que ses précédents efforts. En effet, c'est à partir de Little Hells que la néo-folkeuse s'est ouverte à des instruments absents ou presque de ses premières œuvres. C'est ainsi que la batterie et les percussions prennent une place inédite dans son univers. Tandis que l'orgue et le Wurlitzer confèrent à certaines chansons un visage psychédélique bienvenu. Des programmations bien senties finissent d'offrir à ses compositions minimalistes une parure moderne qui ne dénature en rien un univers fort singulier. Pour tous ces ajouts en définitive bien modestes, Marissa NADLER offre un opus susceptible d'élargir quelque peu son auditoire.

Musicalement, la chanteuse avec sa voix enfantine légèrement acidulée évoque une lointaine cousine de la grande Kate BUSH, elle-même mère de toutes les Tori AMOS et Emilie SIMON réunies. Marissa joue les fées Mélusine en fusionnant des éléments de comptines éthérées que vient pervertir un penchant sinistre pour les climats obsessionnellement mélancoliques.
L'Angleterre des années 60 et 70 fut le berceau de ces comptines perverses que chantait, rappelez-vous, le regretté Syd Barret, tradition littéraire que reprit le chanteur Peter GABRIEL dans la période classique de GENESIS avant que Kate BUSH ne vienne reprendre le flambeau en le féminisant d'une façon troublante. Il est évident que l'écrivain britannique Lewis CARROLL, le père d'une certaine Alice égarée dans ses rêves cauchemardesquement absurdes, se fût senti fort honoré s'il avait pu vivre en direct ces hommages que lui rendent de tels artistes.

Litle Hells présente dix titres selon une tradition qui s'est perdue avec l'arrivée du format CD lorsque les artistes, grisés par la contenance de la galette laser, ont commencé à délayer leur discours, allongeant inutilement souvent leurs opus respectifs.
L'enrobage globalement plus électrique de cet album (Attention, cela reste relatif tout de même) l'éloigne un peu du registre folk auquel la dame nous avait habitués jusqu'ici pour tendre à pas feutrés vers une pop éthérée empreinte de psychédélisme.

L'ambiance n'est pour autant pas à la danse. Le chant de la ténébreuse et livide Marissa s'y montre plaintif comme dans "Ghosts & Lovers", au mieux détaché comme si la partie était déjà jouée comme dans "Rosary" et "River of Dirt". Ce détachement qu'un écho amplifie confère à sa voix un aspect fantomatique particulièrement prégnant dans "Loner". Dans le titre éponyme, son chant devient même celui d'une fillette boudeuse.

Les arrangements restent pour la plupart minimaux, en particulier la guitare qu'elle soit électrique ou acoustique, qui se contente d'un accord unique ("Little Hells" et "Loner") répété jusqu'au vertige ou bien d'arpèges langoureux ("Rosary", "Brittle, Crushed & Torn"). Le piano, qui se fait plus rare et souvent en retrait, subit le même traitement minimaliste. Dans "The Whole is Wide", ses touches sont tapées les unes après les autres pour éviter semble-t-il la grandiloquence de certains accords qui prendraient trop de place dans l'espace sonore.

Avec une telle économie de moyens, les chansons de Marissa pourraient aisément devenir ennuyeuses voire soporifiques. Or, il n'en est rien car elle déploie un atout exceptionnel qui illumine ses albums : un sens mélodique affûté qui cache sous une apparence dépouillée des trésors d'ingéniosité : un véritable onguent ensorceleur.
A ce titre, "Little Hells" et "Loner" qui usent de la même recette et des mêmes instruments raréfiés (une guitare acoustique, un orgue et le chant de la fée) subjuguent par l'originalité autant que la délicatesse de leur mélodie. Marissa y pousse l'envoûtement à un degré irrésistible. Pourtant, tout semble naïf et simple, peu élaboré. C'est en faisant le moins qu'elle donne à entendre le plus. Magique.

L'album se clôt par le titre idéal, "Mistress On a Sunny Day", dans lequel la lap steel guitar caresse l'arrière-plan, soutenue par une guitare électrique en guise d'assise rythmique. Le tissu sonore ainsi tissé dégage une émotion particulière : celle de devoir partir après avoir partagé un beau moment hors du temps. La voix délicieuse de la chanteuse semble nous dire au-revoir en nous souhaitant des lendemains meilleurs. La beauté subtilement entraînante d'une mélodie douce comme un adieu perce alors le cœur d'"une langueur monotone". Ah, pourquoi n'existe-t-il pas plus de chansons comme celle-ci dont la tendresse n'a d'égale que sa sobriété, modèle d'équilibre et d'harmonie, cet espace de paix auquel nous aspirons tous secrètement ?

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   AIGLE BLANC

 
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- Marissa Nadler (chant, guitares électrique et acoustique)
- Myles Baer (wurlitzer, theremin, guitares électrique et acoust)
- Simone Pace (batterie, percussions)
- Dave Scher (lap steel, piano, synthétiseur, orgue)
- Chris Coady (programmations)


1. Heart Paper Lover
2. Rosary
3. Mary Come Alive
4. Little Hells
5. Ghosts & Lovers
6. Brittle, Crushed & Torn
7. The Whole Is Wide
8. River Of Dirt
9. Loner
10. Mistress



             



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