Avec son cinquième album studio, Whitney HOUSTON signe un véritable tournant dans sa carrière. Pour la première fois, la diva adorée des Américains déçoit lourdement son public, pourtant fidèle depuis deux décennies. L’image de Whitney se dégrade énormément en ce début de 00’s. Les rumeurs de drogue n’en sont plus. Tout le monde sait que la chanteuse est en pleine descente aux enfers, sa santé se dégrade, et celle-ci admet même à la télévision américaine avoir un lourd problème d’addiction et prendre du crack. Un choc pour l’Amérique puritaine et aussi la fin d’une époque. Whitney ne règne plus sur les hits parades, et cet album passe complètement inaperçu, les médias préférant clairement s’axer sur les dérapages et les problèmes conjugaux de la chanteuse.

Ce serait pourtant dommage de faire totalement l’impasse sur ce disque qui mérite? malgré tout? qu’on s’y arrête. Son principal bémol est de succéder à My love Is Your Love auquel il tente d’arriver à la cheville à de nombreuses reprises, sans véritable succès. En premier single, la chanteuse fait l’erreur d’envoyer sa chanson la plus faible avec "Try It On My Own". C’est une ballade tout ce qu’il y a de plus générique du style HOUSTON, que l’on aurait pu retrouver dans ses deux premiers albums, sans vraie plus-value. Et vocalement, avec une telle chanson, on sent déjà que la chanteuse a perdu son éclat, sa voix, quoique fluide, commençant à peiner. Et vu sa consommation intense de drogue, ce sera un problème récurrent dans ses futurs projets.

En dehors de ce mauvais choix, cet opus contient de très bonnes choses, à commencer par l’ouverture "One of Those Days". Sur ce slow rythmé, Whitney convainc clairement avec un groove particulièrement sympa. Assurément, le titre le plus solide du disque. Jolie réussite aussi pour "Tell Me No", ballade poignante avec un joli solo de guitare électrique sur la fin du titre. Pour "Things You Say", on sent les réminiscences du dernier opus de Whitney. Le titre fonctionne à la perfection, même si cette soul vibrante n’est pas très surprenante. Du HOUSTON classique, mais toujours efficace. On a aussi droit à un duo bien hypocrite avec Bobby Brown, où les deux amants terribles clament leur amour éternel, à vomir vu les circonstances. J’aurais tellement aimé détester ce morceau, mais il n’en est rien. "My Love" est un titre ultra sympa, old-school, du bon r'n'b assurément.

Dans un registre tout aussi dansant, on retrouve "Love That Man", pas désagréable mais sans éclat, comme le peu convaincant "Dear John Letter". Deux titres clairement inférieurs à ceux de la première partie du disque. La fin de l’album renoue avec de meilleures intentions, notamment grâce à "Unashamed", seule ballade vraiment réussie du disque, il en fallait bien une. La diva retrouve toute son aura avec ce morceau très agréable où l’interprétation fait mouche, comme au bon vieux temps. On aurait pu néanmoins s’abstenir de "You Light Up My Life", à l’opposé un slow sans le moindre intérêt. Pour la première fois, on sent que Whitney en fait trop pour tirer l’émotion, ça ne marche pas du tout. La conclusion est plus heureuse, avec le très dansant "Whatchulookinat", vraiment sympa. La chanteuse gère toujours ce genre de morceau, très punchy. Jolie clôture d'opus.

Si Just Whitney est souvent un album ignoré dE la discographie de Whitney Houston, il serait dommage de le jeter au feu. Sans apporter grand chose de plus à ses précédents projets, c’est un album de qualité contenant certaines petites perles, malgré des défauts, il est vrai.