Après des années de déboires dans sa vie personnelle, la grande Whitney HOUSTON entreprend un come-back, sept ans après son dernier opus déjà tièdement accueilli. La légende de la soul a vécu de sombres années, avec une descente aux enfers - assez vertigineuse - relayée en direct dans les médias du monde entier. Drogue, violence, divorce, la liste de ses excès est longue. Elle a même enfoncé le clou en participant à une télé-réalité bidon la mettant pathétiquement en scène avec Bobby Brown, encore son mari à l’époque. Souhaitant oublier les dernières années difficiles, Whitney revient à la musique avec I Look To You, son sixième album qu’elle espère celui de la renaissance. Mais tout ne se passe pas vraiment comme prévu. Succès commercial, cet opus sera malgré tout le chant du cygne de Whitney, et entraînera sa malheureuse perte.

La première chose qui interpelle quand on écoute l'album, c’est la voix de HOUSTON. La drogue est passée par là, et des années de défonce, ça marque. La voix de Whitney, reconnaissable entre mille, a clairement morflé. La prononciation de certains mots est difficile et le manque de souffle est évident à de nombreuses reprises, bien que la puissance soit toujours là. Mais ce n’est plus comme avant. Et encore, ce problème vocal est plus ou moins masqué par les progrès techniques du studio, car en live, c'est une autre histoire. Simplement tragique pour une si grande interprète.

L’émotion, elle, est toujours là, plus que jamais. Whitney puise dans ses souffrances pour en extirper le meilleur. Le frisson est là quand elle entonne le vibrant "I Didn’t Know My Own Strength". C’est la chanson où elle se livre sur sa descente aux enfers, sur ses erreurs et sur sa force de vivre. Un autre très beau morceau avec le titre éponyme "I Look To You", assez classique mais forcément très émouvant. Ce titre - produit par le légendaire R. Kelly - sonne comme un énième classique et une déclaration très touchante à la foi de Whitney.

Le reste de l’opus est nettement plus festif. En premier single, la chanteuse a choisi un titre écrit par Alicia Keys. "Million Dollar Bill" est dansant, rétro et hyper efficace. Une chanson pop parfaite pour un retour, il aurait d’ailleurs été judicieux que tout le reste de l’album soit dans cette ambiance. "Call You Tonight" est du même acabit bien qu’un peu moins efficace, tout comme "Nothin’ but love" à la production assez moderne. Quant au duo avec Akon, ce n’est pas mauvais, mais sans grande saveur, oubliable très rapidement. Et que dire de la platitude de "Song For You" ? Le titre commence comme une belle ballade au piano avant de sombrer dans la dance bas de gamme. C’est pour le coup très ringard. Un hommage à la Whitney des années 80 certes, mais vingt ans plus tard, ça ne fonctionne plus.

L’opus se referme avec de bonnes chansons. "Worth It" est une petite pépite r’n’b, un peu old school. Whitney est toujours très à l’aise sur ce type de morceaux. Elle s’y ballade tranquillement. Légèrement en-dessous, "For the Lovers" n’a pas à rougir non plus. C’est avec la ballade soul "Salute" que l’album se referme. Un titre plutôt joli, qui aurait néanmoins mérité d’être un poil plus travaillé.

Avec I Look To You, Whitney HOUSTON signe un ultime album honnête ET de bonne facture. Et c’est aussi son plus grand défaut. C’est du r’n’b classique, sympa mais oubliable. A des kilomètres de l’immense artiste qu’elle a été. Cet opus qui aurait dû sonner comme une renaissance signe finalement les adieux d’une diva à son public, nous laissant le sentiment d’un immense gâchis.