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- Membre : Naked City
- Style + Membre : John Zorn
 

 Masada World (442)

MASADA - Alef (1994)
Par TEEMO le 25 Avril 2016          Consultée 2310 fois

Masada est l'une des pierres angulaires de la vaste carrière de John Zorn, tout comme le sont le projet de hardcore expérimental Naked City ou la série d'albums Filmworks. C'est à partir de 1992 que tout débute quand le saxophoniste, très attaché à la religion juive, enregistre l'album Kristallnacht dont la musique illustre sa perception de la Nuit de Cristal. Voilà chose faite : l'idée de rendre hommage à cette culture a germé dans l'esprit fécond de Zorn. C'est à l'occasion de l'écriture de la BO de Quartet Thieves en 1993 qu'est réuni pour la première fois le quartet Zorn/Baron/Douglas/Cohen. Cela donnera par la suite naissance au projet Masada dont le nom est tiré de la célèbre forteresse Massada située en Israël.

La musique traditionnelle juive est évidemment la source d'inspiration principale qui nourrit la création de Masada. Cependant, la formation est largement inspirée d'Ornette Coleman, précurseur du free jazz à la fin des années 50, à qui Zorn a déjà eu l'occasion de rendre hommage en 1989 avec l'album « Spy vs Spy ». Ce projet ambivalent voit le jour sous le label japonais DIW en 1994 avec la sortie d'« Alef », premier d'une série de 10 albums studio formant le Masada Book I. Ces albums sont intitulés d'après les 10 premières lettres de l'alphabet hébreu. Pour créer « Alef » Zorn s'inspire du suicide de masse des juifs rebelles lors du siège de Massada en 73 par l'Empire romain.

Tout le charme de ce quartet repose sur un équilibre remarquable entre les quatre piliers : John Zorn et Dave Douglas, deux tireurs d'élite dont les mélopées s'entrelacent, se complètent et se répondent, tandis que la contrebasse de Greg Cohen et la batterie de Joey Baron s'imposent comme un support rythmique solide. Le tout forme une entité qui dégage une énergie incroyable, et où chacun est mis à l'épreuve tout en jouissant d'une indépendance certaine. Effectivement, bien que Zorn s'appuie sur ses propres compositions qui impliquent un thème et une structure prédéfinis, il semble régner une confiance mutuelle libératrice. La spontanéité est donc au cœur de la formation, ce qui a le don de nous faire oublier qu'il s'agit d'une prestation studio !

Ce premier chapitre est d'une incroyable homogénéité et les musiciens semblent jouer ensemble depuis des lustres tant l'aisance qui se fait ressentir est évidente. Certains thèmes typiques du klezmer ressortent régulièrement, citons par exemple le festif « Tahah » avec son ambiance presque carnavalesque qui appelle à la danse. Mais l'album regorge de ressources et l'on n'est pas au bout des ses surprises. Impossible de passer à côté de « Bith Aneth » où les deux souffleurs se lancent dans des improvisations lancinantes qui se mêlent sur un mid tempo tendu, soutenu par un duo basse/batterie imperturbable. Le tempo s'échauffe avec « Tzofeh », Joey Baron derrière les fûts surélève les envolées capiteuses et exubérantes des deux chiens fous en imposant une rythmique effrontée.

L'improvisation simultanée est l'une des principales composantes du free jazz et elle est l'un des fils conducteurs que suivent Zorn et Douglas. La fusion de la trompette et du saxophone est ici d'une maîtrise incroyable. Les deux musiciens manient cet art délicat avec brio et incorporent avec justesse une touche d'avant-gardisme sur des morceaux comme « Zebdi », titre court, intense et délirant. Citons également « Jair », morceau qui ouvre les hostilités sans prendre de pincette avec l'auditeur : ligne de contrebasse survoltée, batterie malmenée et cuivres dégénérés. Ce chaos musical qui reste tout de même mesuré transcende les genres et donne une excitation équivalente à celle ressentie dans la fosse d'un concert de metal ou de punk. On transpire presque à l'écoute de ce morceau un peu trash et c'est ça qui est fantastique !

Masada place la barre très haut avec « Alef ». Nous sommes vraiment en face d'un album d'une grande richesse qui, par bien des aspects, tâchera de convaincre les amateurs de jazz et de musique un peu marginale. L'univers de Shlomo Carlebach côtoie le free jazz d'Ornette Coleman en empruntant au monde tortueux de la musique extrême. Le résultat est du plus bel effet !

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- John Zorn (saxophone)
- Dave Douglas (trompette)
- Greg Cohen (contrebasse)
- Joey Baron (batterie)


1. Jair
2. Bith Aneth
3. Tzofeh
4. Ashnah
5. Tahah
6. Kanah
7. Delin
8. Janohah
9. Zebdi
10. Idalah-abad
11. Kelah



             



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